Vaincus à cause d’un canal asséché


Au début, l’Imamo ne fait qu’un, tout entier, sous la domination d’Andriambahoakarainy qui réside alors à Manazary, près du lac Itasy. C’est à ce roi que remontent toutes les généalogies royales du pays. Et selon la tradition orale, reprise par les Tantara ny Andriana eto Madagascar, c’est également ce roi qui fixe la frontière orientale de l’Imamo avec son homologue merina de l’Imerina, Andriamasinavalona. Les deux monarques « s’étaient donné rendez-vous et avaient fixé un vendredi pour se rencontrer. Mais Andriambahoaka, impatient, partit dès le jeudi. C’est pourquoi ils se rencontrèrent au bord d’un cours d’eau, l’Ombifotsy. Un bœuf, ayant une taie sur l’œil, fut abattu au bord de la rivière où ils se rencontrèrent. » Les deux rois concluent un traité d’amitié et se disent : « Quand vous descendrez dans mon pays, vous n’y serez pas étranger. Quand vous monterez chez moi, vous vous considèrerez comme le maitre du pays. » Andriambahoakarainy a un fils, Andriampihovohovo, qui règne aussi à Manazary. Celui-ci a deux épouses. De l’une, il a Andriampivoanandriamanitra auquel échoit tout l’Imamo oriental. L’autre lui donne Rarontany qui reçoit le Valalafotsy et s’installe à Ambohitrana. Un neveu d’Andriampihovohovo, Andriampanarafito, obtient l’Imamo occidental. « Désormais, l’Imamo est coupé en deux : les rois de l’Imamo occidental seront les descendants d’Andriampanarafito, et les rois de l’Imamo oriental seront ceux d’Andriampivoanandriamanitra » (Georges Augustins, assistant de coopération au Musée de l’Université, juin 1971). Plus d’un siècle plus tard, Andrianampoinimerina, selon sa politique d’unification de Madagascar et après avoir rassemblé sous son autorité tout l’Imerina, se tourne vers l’Ouest. Mais bien avant cela, un descendant d’Andriampanarafito de l’Imamo occidental, veut éviter la guerre et lui fait sa soumission. « Andriamary se rendit à Ambohimanga et déclara qu’il ne serait pas le frère d’Andrianampoini­merina, mais son enfant. Andria­nampoinimerina lui adressa alors des paroles d’encouragement : Ne crains rien de moi, tu auras autant de poids que les autres. Et Andrianampoini­merina lui laissa le droit de souveraineté dans son royaume parce qu’il s’était soumis. Et Ambohitrandrano, lieu de résidence d’Andriamary, fut considéré comme l’une des principales montagnes de l’Imamo » (Tantara ny Andriana).   Ainsi, il ne reste plus au roi merina que l’Imamo oriental à gagner, placé sous la domination d’Andriamarobasy. C’est à Sahavondronina qu’a lieu la première et véritable bataille qui est aussi la première défaite de l’Imamo. Situé au Sud-est d’Arivonimamo et à proximité immédiate de l’Ombifotsy, Sahavondronina se présente comme un vaste terreplein ceint d’un dédale de fossés larges et profonds. Un canal souterrain permet d’inonder ceux-ci, rendant le franchissement très périlleux. La population de l’Imamo ne craint donc rien en cas d’invasion de sa forteresse. Le souverain merina campe avec ses soldats, face à la localité, sur l’autre rive de l’Ombifotsy. De là, il peut observer tous les mouvements de l’ennemi et établir sa stratégie en conséquence. Cependant, de son côté, Andriamarobasy dispose d’un millier d’hommes qu’il répartit en deux groupes, l’un dans l’enceinte de son village, l’autre à l ‘extérieur, et « la disposition du site permettant de les dissimuler efficacement, l’estimation de leur valeur défensive devenait ainsi délicate à l’ennemi ». Le siège dure longtemps, six mois d’après les Tantara, car de nombreux assauts ne peuvent venir à bout de cette forteresse presque imprenable. Les défenseurs lancent du sable brûlant et des projectiles divers sur les assaillants qui ne peuvent franchir les fossés malgré l’installation de nombreux ponts. C’est alors qu’Andrianam­poinimerina a l’idée de faire dériver l’eau des fossés vers l’Ombifotsy, grâce à un canal qui devait nécessiter de longs travaux. Les fossés sont donc asséchés. Pressentant la défaite, Andriamarobasy parvient à s’enfuir deux jours avant la fin des travaux et se réfugie dans le Valalafotsy. Mais les soldats « ambaniandro » l’y découvrent et le mettent à mort. Les « Efadreny », les « Quatre Mères », habitants de Sahavondronina, ont la vie sauve. Toutefois, ils doivent s’exiler à Ampahimanga car Andrianampoinimerina interdit à quiconque de vivre dans cette place forte.
Plus récente Plus ancienne