Effet de serre - Le crédit carbone, un marché virtuel


Le Prototype Carbon Fund ou PCF est une émanation de la Banque Mondiale. L’enjeu était d’adopter une action internationale contre le réchauffement climatique. Créé le 20 juillet 1999 avec une mise en application en avril 2000, dans le prolongement du Protocole de Kyoto de décembre 1997 par lequel 160 pays s’engageaient à œuvrer pour la diminution des émissions de gaz à effet de serre, le Prototype Carbon Fund ou PCF est une émanation de la Banque Mondiale. Il s’agit d’une action internationale contre le réchauffement climatique. Comme cela était prévisible, seuls les États-Unis s’étaient abstenus d’apposer leur signature, un refus retenu par l’Histoire. Un certain nombre de gaz ait concerné, et converti en équivalent CO2 pour les calculs : -le dioxyde de carbone (CO2) qui augmente rapidement de par les activités humaines de consommation des combustibles fossiles : charbon, pétrole, gaz naturel, -le méthane (CH4) qui possède 21 fois plus de propriétés d’effet de serre que le CO2. Ce gaz se forme quand un composé organique, animal ou plante, se décompose par fermentation ou putréfaction en l’absence d’oxygène. Une grande partie du méthane présent dans l’atmosphère est d’origine naturelle et provient des zones humides comme les marais, marécages et rizières. Mais d’importantes quantités de méthane proviennent aussi des décharges publiques et du bétail. -le protoxyde d’azote (N20) -l’ozone (O3) -les chlorofluorocarbures (CFC11 et CFC12) Les participants s’étaient engagés sur des objectifs chiffrés et contraignants de réduction des émissions. Dans ce cadre donc, le crédit carbone est une unité correspondant à l’émission d’une tonne métrique de CO2. Il est aussi désigné sous d’autres appellations comme Unité de réduction certifiée des émissions (URCE) ou en anglais Certified emission reduction unit (CERU), ou encore Réduction d’émissions certifiées (REC). Il est inscrit au compte des émissions d’une entreprise, d’une institution, ou d’un pays, et est légalement transmissible et négociable. Si une entreprise ayant réduit ses émissions se retrouve excédentaire en crédit carbone, elle peut mettre en vente son excédent, étant entendu qu’une tonne de carbone, ou de son équivalent, non utilisé équivaut à un crédit carbone. De l’autre côté, une entreprise qui n’a pas réussi à réduire suffisamment ses émissions, et se retrouve au-delà de son quota autorisé, peut racheter les crédits carbones d’une entreprise excédentaire. Pour que les ventes puissent s’effectuer d’un pays à un autre, la notion de quota est juridiquement définie, et on parle alors d’Allowance Amount Unit. Les États achètent ou vendent leur AAU en fonction de leurs besoins. Crédit carbone Il existe aussi un procédé de compenser le CO2 qui n’a pu être réduit, qui consiste à financer dans d’autres pays, généralement des pays en développement, un éco-projet qui évite des émissions de CO2, et génère un crédit carbone. Ces projets concernent généralement l’énergie et la reforestation. La compensation carbone obéit néanmoins à des règles très strictes qui sont : - la mesurabilité : les émissions évitées doivent être comptabilisées selon une méthodologie bien définie, - la vérifiabilité : elle est confiée à un auditeur indépendant qui vérifie annuellement les économies réalisées, - la permanence : les émissions de gaz à effet de serre doivent être évitées pendant au moins sept ans, - l’additionnalité : le porteur du projet doit prouver que sans cette transaction son projet n’aurait pu être mis en œuvre. A Madagascar dans les premières années 2000 il a été question de la protection de la forêt de Makira sur une superficie de 350.000 hectares. Le projet a mis face à face Conservation International agissant au nom de la partie malgache, et le Groupe japonais Mitsubishi, lui-même représenté dans le deal par Natsource Japan Ltd. Dans la forme, l’accord visait à protéger cette immense forêt tropicale humide et les espèces de faune et de flore qu’elle renferme, ainsi qu’à offrir à la population locale des solutions pérennes et écologiques d’activités durables. Dans le fond, il a aussi été question du gain réalisé par Mitsubishi en termes d’émission de dioxyde de carbone. En clair, le groupe nippon a décroché le jackpot en finançant ce projet de conservation Des voix ont fini par s’élever pour contester la pertinence du système de crédit carbone pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. En 2018, des observateurs ont fait le constat d’une dérive vers la spéculation et les fraudes diverses. Le Pape François lui-même, dans son encyclique Laudato Si pointe du doigt ces risques de spéculation sur le prix du crédit carbone. Il fait remarquer que « ce système semble être une solution rapide et facile, sous l’apparence d’un certain engagement pour l’environnement, mais qui n’implique en aucune manière de changement radical à la hauteur des circonstances. Au contraire, il peut devenir un expédient qui permet de soutenir la surconsommation de certains pays et secteurs économiques ».
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