Le nerf sensible


L'artiste est le nerf sensible de la société. il est parmi les éveilleurs de conscience. il critique et parfois caricature le réel dans un but d'éveiller une population hypnotisée écrasée par un quotidien qui la maintient aux limites de la survie. Berlin, Kinshasa, Brazzaville, Kampala, Ouagadougou, Antananarivo, Togo, et un peu partout ailleurs dans le monde, le monde bouge pour Valsero. Quand le monde s’unit dans une campagne toute simple mais efficace pour soutenir cet artiste rappeur et activiste camerounais illégalement emprisonné depuis le 26 janvier. Au Cameroun, Valsero est un artiste hautement subversif qui a endossé le rôle de porte-parole de la jeunesse. Il rappe le mécontentement social et en pimente ses textes sans modération depuis une vingtaine d’années. ses titres « Ce pays tue les jeunes » ou encore sa « Lettre au président » ou plus récemment « Zombie » appellent ses concitoyen(ne)s à se réveiller et à prendre leur avenir en main. Dans ses morceaux, Valsero questionne la gouvernance du Cameroun. Avec son ami et ingénieur du son amente, il fonde en 2009 le collectif enfants de la révolution, en 2015 l’association Jeune et Fort puis en 2016 l'association Our Destiny. ensemble, ils mènent des actions en faveur de l'éducation, de la formation et de la santé des jeunes des quartiers difficiles, potentiels candidats à la migration irrégulière. ils mènent des campagnes de mobilisation et de sensibilisation citoyenne, utilisent l'art et la culture pour le développement durable des quartiers difficiles du Cameroun. En octobre 2018, le président Paul Biya, en place depuis 1982, est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle par le Conseil Constitutionnel. Kamto est officiellement classé en deuxième place. De nombreuses irrégularités sont observées, et l’opposition, contestant la validité des résultats électoraux, appelle à des « marches blanches » pacifiques. Fin 2018, les arrestations commencent. Plusieurs manifestations ont alors lieu dans tout le pays ainsi qu’en europe. au Cameroun, elles sont violemment réprimées. Près de cinq cent personnes sont arrêtées et placées en détention depuis fin janvier. Parmi elles, des opposant(es), manifestant(es), sympathisant(es), artistes, avocat(es), cinéastes… Le jour du 26 janvier, en marge de la manifestation, l'artiste Valsero est arrêté sans mandat par les forces de l’ordre à Yaoundé, alors qu’il était au centre-ville avec sa fille de sept ans. il travaillait à ce moment-là sur sa campagne « Make sense not War » relative au conflit en zone anglophone. Venu récupérer la fille de Valsero laissée seule au centre-ville par les forces de l’ordre après l’arrestation de son père, et remettre ses papiers d’identité à Valsero au commissariat où il était retenu, l’ingénieur du son amente est arrêté à son tour et placé en détention. amente est condamné à 12 mois de prison, pour « manifestation illégale » et « attroupement ». Huit chefs d’accusation pèsent sur cent trente des cinq cent prisonniers politiques : « hostilité à la patrie, incitation à l’insurrection, rébellion en groupe, insurrection, attroupement, trouble à l’ordre public, association de malfaiteurs, complicité ». ils sont en attente de jugement. ils encourent la peine de mort. C’est le cas de Valsero. À l'occasion des six mois d'emprisonnement de Valsero, Madagascar se joint à la mobilisation mondiale pour qu’il retrouve enfin sa liberté et sa famille.
Plus récente Plus ancienne