Présidentielle - Une dizaine de candidats mijote un boycott


Coup de théâtre dans l’ambiance électorale. Alors que les candidats recalés déposent une requête en annulation auprès de la Haute Cour Constitutionnelle, certains candidats retenus fomentent un boycott. Rebondis­sement dans l’organisation de l’élec­tion présidentielle. Depuis quelques jours, une dizaine de candidats se réunit en toute discrétion. Ces candidats parfaitement qualifiés par la Haute Cour Constitutionnelle cogitent et songeraient à boycotter l’élection présidentielle du 7 novembre. Pour le moment, aucune décision officielle n’a été prise mais l’idée fait son chemin. Ces candidats seraient unanimes sur certains points. D’abord par l’absence totale de contrôle de la Ceni et de la HCC sur les abus flagrants de certains candidats. Depuis la publication express de la liste des candidats aptes à concourir, on est entré en pleine campagne électorale avec exhibition du numéro du candidat, des discours de propagande et des atta­ques systématiques des adver­saires. Ni le gouvernement, ni la Ceni ni la HCC ne procède à aucune interpellation. « C’est lamentable, c’est l’anar­chie totale. Comment peut-on redresser le pays avec de telles pratiques. » déplore un candidat ébahi par ce qui se passe. Le tout a lieu dans une ambiance délétère qui n’augure aucunement une élection sereine et paisible. « On n’est pas encore dans la campagne électorale et les violences verbales atteignent déjà une ampleur dangereuse », remarque le même candidat. L’agression, le ton incendiaire des discours vont monter inexorablement crescendo au fur et à mesure que l’élection approche. Selon ce candidat, un vrai danger guette le pays. Une inquiétude d’autant plus justifiée quand certains proches du Premier ministre osent affirmer qu’il faudrait organiser une fête nationale le jour de la démission du président de la République. Élection tronquée La tension gagne en intensité quand de l’autre côté, la Ceni affirme que le président de l’Assemble nationale, lui aussi candidat, n’est pas tenu de démissionner. Une différence de traitement flagrante qui ne fait qu’aigui­ser les rivalités. L’autre point soulevé par ces candidats est l’impuissance de l’État à contrôler les moyens financiers et matériels utilisés par les candidats ce qui fait que l’élection est tronquée dès le départ. Ces candidats se demandent pourquoi la HCC a extirpé des lois électorales l’interdiction de financement étranger si ce n’était pour favoriser un candidat précis. Le doute se confirme quand la HCC s’empresse, illico presto, à sortir la liste des candidats après avoir eu vent d’un rapport international sur le trafic de bois de rose dans lequel trois candidats ont été cités. La partialité de la HCC est de plus en plus manifeste depuis qu’elle a donné gain de cause au Mapar dans la nomination du Premier ministre alors que trois ans auparavant, elle avait décidé le contraire. En outre, l’organisation de l’élection elle-même sème le doute au niveau de ces candidats. Le doyen des candidats, Solo Norbert Randria­morasata a demandé le report de l’élection étant donné que le second tour se déroule en pleine période de pluie contrairement à ce que la Constitution stipule et que l’arrêt de la HCC confirme. Et pratiquement, il est impossible de sortir les résultats officiels du premier tour en vingt jours malgré les avancées technologiques et les garanties offertes par la Ceni. Ces candidats craignent des résultats tronqués et manipulés comme c’était le cas lors du référendum constitutionnel de Rajoelina en décembre 2010. Une constitution que son créateur lui-même renie aujourd’hui en annonçant la suppression du Sénat pour que son président n’assume pas l’intérim du Chef de l’État. Une politique de courte vue. L’inquiétude semble avoir atteint le cercle international où on se pose des questions quant aux décisions prises par la Ceni.
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