Îles Éparses – Rajoelina relance la commission mixte franco-malgache


L’avenir des Îles éparses fera à nouveau l’objet d’une discussion au sein d’une commission mixte. Cette fois-ci, Madagascar et la France se sont donnés jusqu’en juin 2020 pour trouver une « solution commune ». Gestion ou restitution. À s’en tenir aux propos de Andry Rajoe­lina, président de la République, c’est sur ces deux options que devront se baser les négociations concernant les îles éparses. Après une première tentative, en 2016, le dossier sera à nouveau traité au niveau d’une « commission mixte ». Durant la conférence de presse conjointe avec son homologue français, au palais de l’Elysée, mercredi, le chef de l’État a déclaré, « (…) Pour le peuple malgache, l’appartenance des Îles éparses, est une question d’identité nationale. C’est dans ce sens, au nom du peuple malgache, que je vous demande de manière solennelle et officielle, monsieur le Président, de trouver une solution pour la gestion ou la restitution des Îles éparses à Madagascar ». Sur sa lancée, « afin de réparer l’erreur de l’histoire », le locataire d’Iavoloha « propose la mise en place d’une commission mixte afin qu’on puisse en discuter et avoir une issue heureuse à cette problématique ». Comme ils l’ont indiqué à la presse, la souveraineté sur ces terres sises au sein du territoire maritime malgache a été abordée durant la rencontre entre Andry Rajoelina et Emmanuel Macron. Avant 26 juin 2020 « Au sujet des Îles éparses, nous avons eu une discussion très franche et très directe sur la volonté que nous ayons, de manière partenariale, un vrai dialogue et un travail politique pour aboutir à une solution commune », a indiqué le Président français. Ceci pour éviter « les recours juridictionnels, les contentieux et les mauvais débats ». Ramener le sujet devant les Nations Unies semble ne plus être dans les plans. Des discussions sur l’ave­nir des Îles éparses ont, toutefois, déjà été initiées au sein d’une commission mixte, en 2016. « Comme convenu le Président de Madagascar et le président Français, en septembre 2014, des discussions au niveau des fonctionnaires se sont tenus le 17 juin 2016, à Paris », indiquait le ministère des Affaires étrangères françaises, dans une réponse à une question parlementaire, publiée dans le journal officiel de l’hexagone, en janvier 2017. L’ancien président Hery Rajaonarimampianina, a évoqué cette rencontre à la tribune des Nations Unies, le 23 septembre 2016. Après cet épisode, le sujet s’est, visiblement, perdu dans les dédales diplomatiques. Le dossier ne semble pas avoir avancé d’un iota. Dans la publication de janvier 2017, le ministère des Affaires étrangères françaises affirmait encore, que « la France exerce sa souveraineté de façon effective », faisant, notamment, référence à une présence militaire sur les Îles éparses. Il s’agit d’une réponse à un député soulevant « l’urgence de réaffirmer la souveraineté de la France sur les Îles éparses du canal de Mozambique ». Une réaction à l’intervention de l’ancien locataire d’Iavoloha, aux Nations Unies. Contrai­rement à l’épisode de 2016, cependant, Andry Rajoelina et Emmanuel Macron ont fixé un deadline aux échanges au sein de la nouvelle commission mixte. Les deux chefs d’État s’accordent sur le fait qu’une « solution commune », soit trouvée avant la célébration du 60e anniversaire du retour à l’indépendance, soit avant le 26 juin 2016. La partie n’est pas, pour autant, gagnée pour la Grande île. Un accord de cogestion de l’île Tromelin entre la France et Maurice, a, par deux fois, été rejeté par le Parlement français. Le dernier rejet date de 2017. La demande d’une « restitution », sans plus, est affirmée dans la version écrite du discours présidentiel à l’Elysée. Le fait que dans son allocution, Andry Rajoelina ait dit « gestion ou restitution », indique, néanmoins, une prudence dans la démarche diplomatique malgache. L’idée d’une « cogestion », évoquée en septembre 2014, a été vilipendée par l’opinion nationaliste malgache. Elle réclame une restitution pure et simple et mise sur la résolution des Nations Unies qui date de 1979, demandant à la France de rétrocéder les Îles éparses, à Madagascar. « (…) nous allons lancer un travail conjoint entre nos deux pays pour aller vers une solution de développement commune, ouvrir des perspectives communes de développement dans la zone économique actuelle », a soutenu Emmanuel Macron, mercredi. La restitution ne semble pas dans les têtes françaises. Une âpre bataille diplomatique s’annonce.
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