«L’intelligence artificielle est un processus d’imitation de l’intelligence humaine, qui repose sur la création et l’application d’algorithmes exécutés dans un environnement informatique dynamique. Son but est de permettre à des ordinateurs de penser et d’agir comme des êtres humains». Mais, voilà-t-il pas que, ce 28 mars 2023, des modernes d’entre les modernes, comme Elon Musk (PDG de Tesla), demandent une «pause» dans le développement de l’IA. Ils craignent que personne, même leurs créateurs, ne puissent plus comprendre, prédire ou contrôler «ces cerveaux numériques toujours plus puissants». Face au vieux fantasme d’une humanité démiurge, la peur atavique tellement plus humaine d’un «grand remplacement» : moins par des hordes d’étrangers ethniquement différents et religieusement rétrogrades, que par les mêmes machines qui, hier encore, se contentaient d’additionner ou soustraire, multiplier et diviser à notre place. Un «grand remplacement» par souci de facilité, désir de confort, posture de modernité. C’était le moment de retrouver cette vieille chronique du 14 juin 1997 : par «Jeter l’ancre», je proposais, déjà, une «pause». (début de citation) Le champion du monde des jeux d’échecs, le Russe Gary Kasparov, vient de se faire battre par un ordinateur du nom de "Deep Blue". Donner un nom à un vulgaire ordinateur, une bête machine, c’est déjà un signe de civilisation. Le premier ordinateur d’IBM s’appelait "Big Blue" et n’a pas tenu la corde face à l’intelligence humaine. Cette fois, les concepteurs de "Deep Blue" lui ont fait ingurgiter les meilleures parties de ces vingt dernières années. Autant demander à Kasparov d’apprendre par cœur l’encyclopédie Universalis. Que voulaient-ils donc prouver les promoteurs de cette confrontation entre l’homme et une machine ? Un "showdown" du genre duel entre Donovan Bailey et Michael Johnson ou entre Greg Norman et Tiger Woods ? Les millions de dollars en jeu, derrière le prestige du géant de l’informatique, ou plus sérieusement, la démonstration que la machine est supérieure à l’homme ? Que saura donc faire cette machine ? Des milliers et des milliers de parties d’échecs ? L’intelligence mécanique remplacera donc à terme aussi bien les ouvriers des chaînes de montage que les cadres supérieurs. Un robot pour conduire la voiture. Un autre pour mitonner un bon plat. Un autre encore pour faire l’amour à votre femme. C’est exactement le scénario des sciences-fictions hollywoodiennes. Un scénario cauchemar. Au stade de développement technologique que l’espèce humaine a atteint actuellement, a-t-on encore besoin de pousser plus loin les limites du doute scientifique ? Les amoureux, comme les banquiers, peuvent s’échanger des nouvelles, de Tokyo à Washington, en passant par Francfort. Les avions nous mènent en quelques heures, en Chine, en Amérique ou à l’autre bout du monde. Les voitures permettent des virées que seule la mer arrête, mais alors les paquebots luxueux peuvent prendre le relais. La technologie nous fait vivre en direct la Coupe du monde de football, qui se déroule aux antipodes de notre téléviseur. Qu’a-t-on besoin de plus ? Aller au-delà de notre galaxie, mais pour quoi faire ? Construire des super centrales nucléaires, pour d’autres Tchernobyl ? Vivre sur la Lune ou sur Mars, emprisonnés dans des scaphandres ? Triompher de la vieillesse et de la mort et se faire Michael-Jacksoniser? Se faire horreur en clonant des monstres génétiques? Fabriquer des avions invisibles à tous les radars, pour une guerre qui risque d’être fatale, même aux survivants? Après un océan des âges de frénésie, l’espèce humaine devrait s’octroyer une PAUSE. Apprécier, par exemple, l’innocence d’un film animalier. Vouer la science à la protection de l’environnement. Jeter l’ancre, même un seul jour. Des détails, des petits riens, bien plus importants que l’explosion atomique de l’infiniment petit. Et vivre, tout simplement.
«L’intelligence artificielle est un processus d’imitation de l’intelligence humaine, qui repose sur la création et l’application d’algorithmes exécutés dans un environnement informatique dynamique. Son but est de permettre à des ordinateurs de penser et d’agir comme des êtres humains». Mais, voilà-t-il pas que, ce 28 mars 2023, des modernes d’entre les modernes, comme Elon Musk (PDG de Tesla), demandent une «pause» dans le développement de l’IA. Ils craignent que personne, même leurs créateurs, ne puissent plus comprendre, prédire ou contrôler «ces cerveaux numériques toujours plus puissants». Face au vieux fantasme d’une humanité démiurge, la peur atavique tellement plus humaine d’un «grand remplacement» : moins par des hordes d’étrangers ethniquement différents et religieusement rétrogrades, que par les mêmes machines qui, hier encore, se contentaient d’additionner ou soustraire, multiplier et diviser à notre place. Un «grand remplacement» par souci de facilité, désir de confort, posture de modernité. C’était le moment de retrouver cette vieille chronique du 14 juin 1997 : par «Jeter l’ancre», je proposais, déjà, une «pause». (début de citation) Le champion du monde des jeux d’échecs, le Russe Gary Kasparov, vient de se faire battre par un ordinateur du nom de "Deep Blue". Donner un nom à un vulgaire ordinateur, une bête machine, c’est déjà un signe de civilisation. Le premier ordinateur d’IBM s’appelait "Big Blue" et n’a pas tenu la corde face à l’intelligence humaine. Cette fois, les concepteurs de "Deep Blue" lui ont fait ingurgiter les meilleures parties de ces vingt dernières années. Autant demander à Kasparov d’apprendre par cœur l’encyclopédie Universalis. Que voulaient-ils donc prouver les promoteurs de cette confrontation entre l’homme et une machine ? Un "showdown" du genre duel entre Donovan Bailey et Michael Johnson ou entre Greg Norman et Tiger Woods ? Les millions de dollars en jeu, derrière le prestige du géant de l’informatique, ou plus sérieusement, la démonstration que la machine est supérieure à l’homme ? Que saura donc faire cette machine ? Des milliers et des milliers de parties d’échecs ? L’intelligence mécanique remplacera donc à terme aussi bien les ouvriers des chaînes de montage que les cadres supérieurs. Un robot pour conduire la voiture. Un autre pour mitonner un bon plat. Un autre encore pour faire l’amour à votre femme. C’est exactement le scénario des sciences-fictions hollywoodiennes. Un scénario cauchemar. Au stade de développement technologique que l’espèce humaine a atteint actuellement, a-t-on encore besoin de pousser plus loin les limites du doute scientifique ? Les amoureux, comme les banquiers, peuvent s’échanger des nouvelles, de Tokyo à Washington, en passant par Francfort. Les avions nous mènent en quelques heures, en Chine, en Amérique ou à l’autre bout du monde. Les voitures permettent des virées que seule la mer arrête, mais alors les paquebots luxueux peuvent prendre le relais. La technologie nous fait vivre en direct la Coupe du monde de football, qui se déroule aux antipodes de notre téléviseur. Qu’a-t-on besoin de plus ? Aller au-delà de notre galaxie, mais pour quoi faire ? Construire des super centrales nucléaires, pour d’autres Tchernobyl ? Vivre sur la Lune ou sur Mars, emprisonnés dans des scaphandres ? Triompher de la vieillesse et de la mort et se faire Michael-Jacksoniser? Se faire horreur en clonant des monstres génétiques? Fabriquer des avions invisibles à tous les radars, pour une guerre qui risque d’être fatale, même aux survivants? Après un océan des âges de frénésie, l’espèce humaine devrait s’octroyer une PAUSE. Apprécier, par exemple, l’innocence d’un film animalier. Vouer la science à la protection de l’environnement. Jeter l’ancre, même un seul jour. Des détails, des petits riens, bien plus importants que l’explosion atomique de l’infiniment petit. Et vivre, tout simplement.