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La deuxième vague de propagation du coronavirus fait des ravages. Si beaucoup suggèrent un retour au confinement, prendre la décision n’est, visiblement, pas évident. Dos au mur. Andry Rajoelina, président de la République, l’a reconnu lors de la réunion avec le bureau de l’Académie nationale de médecine de Madagascar (Anamem). Cette deuxième vague de propagation de la Covid-19 est particulièrement virulente. Selon la thèse étatique, l’invasion du variant sud-africain du virus en serait la cause principale. De plus en plus de voix au sein du corps médical estiment que la situation actuelle impose un confinement, « au moins de quinze jours ». L’État est peu enthousiaste face à cette idée. Christian Ntsay, Premier ministre, l’a affirmé il y a une quinzaine de jours. Un reconfinement n’est pas dans les plans. Entre-temps, toutefois, la situation s’est dangereusement compliquée. Les chiffres officiels affichent un taux de positivité de 30%. Le nombre de décès est aussi en hausse. Les hôpitaux et centres de santé, autant publics que privés, sont surchargés. Faute de place, des malades se soignent à domicile. L’accès à l’oxygène pour les particuliers qui se soignent à domicile et depuis peu, pour les établissements privés, est devenu problématique. Dans ce contexte, l’inconscience d’une partie de la population est effrayante. Le conseil des ministres de la semaine dernière a décidé de rouvrir les Centres de traitement Covid19 (CTC) d’Ivato et Mahamasina pour augmenter la capacité d’accueil des malades. En marge d’une visite des installations du CTC Mahamasina, hier, le chef du gouvernement a requis des entreprises fournisseurs d’oxygène à s’organiser pour augmenter leur capacité de production. Le cas échéant, il évoque l’éventualité d’une « réquisition ». Le terme réquisition ramène à l’idée d’un nouvel état d’urgence sanitaire. Ce qui n’est pas le cas, jusqu’à l’heure actuelle. Dilemme L’État préconise, aussi, le respect des gestes barrières. Il impose ainsi, le port du masque à n’importe quelle circonstance et l’interdiction de réunion de plus de deux cents personnes. Des décisions qui ne devraient être prises que dans le cadre légal d’une situation d’exception, également. Le président de la République a rencontré les chefs des Églises au sein du Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), hier à Ambohitsorohitra, pour leur requérir l’effectivité des mesures sanitaires durant les cultes, notamment, en cette semaine sainte. À peu près à la même période l’année dernière, le Président a déjà rencontré les chefs des Églises du FFKM. Il a alors été décidé que les édifices religieux allaient fermer leurs portes durant le confinement. Le fait que Andry Rajoelina n’a fait que demander au FFKM de s’assurer du respect des dispositifs sanitaires, hier, pourrait indiquer que l’État hésite toujours sur l’opportunité d’un confinement. L’état d’urgence sanitaire donne un cadre légal à une décision de confinement. Cependant, le décret y afférent ne peut pas être pris, sans que le président de la République ne demande l’avis des chefs d’institution. Les complications de la pandémie mettent de nouveau l’État face à un dilemme. Le confinement est motivé par la nécessité de briser la chaîne de contamination. Pour alléger la surpopulation au sein des hôpitaux. Pour faciliter la traçabilité des porteurs du virus, et la circulation des médecins pour le suivi des patients à domicile. Seulement, ses conséquences socioéconomiques sont dramatiques. De surcroît, l’État pourra-t-il imposer un vrai confinement pour briser la chaîne de contamination ? Lors des précédentes périodes de confinement, le constat est que la mesure n’a pas été respectée. Le déploiement massif des Forces de défense et de sécurité (FDS) n’a pas suffi. Les distributions d’aide sociale n’ont pas pu annihiler le risque d’explosion sociale dans certaines villes. Bien que les annonces de nouveaux décès s’enchaînent chaque jour, une partie de la population semble encore plus que jamais débridée. Les lieux de fête et de beuverie, par exemple, sont toujours bondés. S’il y a une hésitation sur le confinement, décréter un état d’urgence permettra à l’État de mobiliser les moyens à disposition plus rapidement. Il ne sera, en effet, pas tenu par l’orthodoxie financière. Seulement, les doutes suscités par la gestion des fonds alloués à la première bataille contre la Covid-19 ont fait que les gendarmes financiers internationaux seront plus regardants.