L’Ile des Forbans, au Nord-Est de la Grande Terre


Chaque mois, le Musée de la Photo à Anjohy propose un évènement intitulé Café-histoire, qui s’adresse au grand public, en général, aux passionnés de l’Histoire de Mada­gascar et de la photographie, en particulier. Le Café-histoire mensuel se tient dans la grande salle d’exposition du Musée, en petit comité, expliquent les responsables. « C’est une causerie conviviale et décontractée qui prend la forme d’un exposé suivi de discussions animées par un intervenant. » Il est surtout destiné à apporter un éclairage spécifique sur un thème et privilégie la rencontre avec une personnalité. Toujours selon les responsables, l’initiative renforce le Musée « dans son implication pour la valorisation du patrimoine photographique et l’appropriation de l’Histoire de Madagascar par le grand public ». Et surtout, le rendez-vous mensuel vise à mettre en valeur des interlocuteurs avertis- chercheurs, historiens, collectionneurs…- que l’on a peu d’occasion d’entendre s’exprimer publiquement sur leur domaine de compétences. Le 19 novembre, le Café-histoire reçoit pour la quatrième fois, le collectionneur Luc Monteret. Arrivé dans la Grande île depuis une quarantaine d’années pour des raisons professionnelles, il y trouve l’amour et épouse une Malgache. Résidant en France, il ne manque pas de revenir régulièrement sur la Grande île. Au fil des années, il rassemble une vaste collection de plus de cinq mille photographies, documents, titres de sociétés et cartes postales. Lors de son dernier passage à Anjohy, il présente ses « Notes historiques sur Sainte-Marie, des pirates à l’Indépendance en photos, cartes postales et courriers postaux ». L’Ile aux Pirates, introduit-il, est une petite ile au Nord-Est de Mada­gascar qui prend le nom de Santa Maria en aout 1506, lors du débarquement des Portugais, le jour de l’Assomption. Ce nom, indique Luc Monteret, cohabite un temps avec son appellation ancienne, Nosy Ibrahim, donné par les Juifs présents avant les Portugais. « Aujourd’hui, l’île est appelée Nosy Boraha par les Malgaches».  À la fin du XVIIe siècle, des pirates investissent l’île. Ils se mêlent à la population locale, notamment les Betsimisaraka. Ils y vivent à leur aise, comme en atteste leur nombre assez important, près d’un millier. Le prince Ratsimilaho, « figure quasi légendaire » nait d’une idylle entre une princesse betsimisaraka et un pirate anglais, Thomas White. Il unifie les populations de l’île et même au-delà. Il entretient de bonnes relations avec les Européens. Le cimetière de l’île abrite d’ailleurs, jusqu’à aujourd’hui, de nombreuses tombes de pirates à l’épitaphe parfois dévorée par la mousse. Selon l’auteur, « ces tombes entretiennent la mémoire des pirates de l’île, leurs brigandages et les rêves de trésors qu’ils laissent derrière eux ». Luc Monteret rappelle que les premiers Français s’installent sur Sainte-Marie vers le milieu du XVIIe siècle, après avoir quitté leur premier établissement au Sud de Madagascar, le Fort Dauphin. C’est alors un voyage par cabotage le long de la côte Est, malgré l’hostilité des populations antanosy du Sud-Est. Mais ce n’est que, près d’un siècle plus tard, en 1750, que l’île devient une possession française. Ce serait l’œuvre de la princesse Betia (ou Bety), fille du roi Ratsimilaho qui exauce ainsi les volontés de son père. Les Français délaissent peu à peu Sainte-Marie et ne la réinvestissent qu’après les guerres napoléoniennes. Malgré sa proximité de ses forts défensifs, Radama Ier ne tentera pas d’investir la petite île, bien qu’il ait pourtant soumis les Betsimisaraka de la côte Est, en 1817. Après qu’il a tourné le dos en 1828, le capitaine de vaisseau Gourbeyre est chargé, un an plus tard, de faire valoriser les droits de la France sur Sainte-Marie auprès de Ranavalona Ire. Ce qui entraine des affrontements et l’établissement d’une garnison importante sur Sainte-Marie. Plus tard, les rattachements administratifs et postaux de cette petite île varient au fil des années. « Elle est riche en correspondances, ce qui attestent de son importance bien avant qu’elle ne devienne une destination touristique balnéaire. »
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