Relance aléatoire - Le tourisme en quête d’un bol d’air frais


La réouverture des frontières sur le plan régional et européen a été une condition nécessaire mais pas suffisante pour une vraie relance des activités touristiques. Qui peinent encore à redémarrer. Dans la salle de réanimation. Serait-on tenté de dire. Secteur économique le plus sinistré par la persistance de la crise sanitaire, le tourisme essaie de vivre sous assistance respiratoire. Pourtant, deux bonnes nouvelles ont été enregistrées lors du dernier trimestre. D’abord, la réouverture des frontières au 23 octobre pour les vols régionaux et le 6 novembre entre Paris et Antananarivo, a été souhaitée, exigée même. Des opérateurs touristiques de Nosy-Be ont manifesté à plusieurs reprises pour demander que soit étendue chez eux cette largesse gouvernementale. Puis, il y eut « la mise en service » du Terminal C de l’aéroport d’Ivato sous la bannière de Ravinala Airports. Un « consensus » acquis au prix d’une âpre bataille opposant le régime actuel au Consortium français qui a été « chouchouté » par les ténors du HVM. Quinze points sur les clauses du contrat initial ont été renégociés. Mais ces deux événements, aussi importants soient-ils, ne garantissent en rien les pertes accumulées par le tourisme. Pas moins de 750 millions de dollars de pertes en 2020, 44 000 employés au chômage technique ou contraints de changer de cap, des hôtels et restaurants de haut standing, vendus au rabais sur un site qui en fait sa spécialité. Le tourisme avec les transports aériens, avant la venue du coronavirus, représentait 20% du PIB. Bien au-dessus des recettes fiscales. Alors comment s’en sortir. Des échanges d’idées ont eu lieu le 8 novembre dernier entre le ministre de tutelle et quelques membres influents du milieu au huitième étage de Novotel Alarobia. Morceaux choisis. Deux stratégies Deux conceptions complémentaires pour relancer l’économie touristique. En dépit de quelques nuances dans la manière de développer leurs idées. Celles d’ Aina Raveloson, présidente du Conseil d’administration de la Confédération du tourisme de Madagascar, CTM, qui misent sur le pragmatisme. Alors que Joël Randria­mandranto, ministre de tutelle, se veut optimiste sur la suite du programme. À l’arrivée, la première a présenté un plan consolidé de cinq axes, le contenu de la feuille de route du ministère, associé avec celui de la stratégie de relance élaborée par le secteur privé. Mais les deux s’accordaient à dire que tout a été fait et décidé avec une entente mutuelle, une concertation permanente et une compréhension réciproque. Aina Raveloson a développé les cinq axes stratégiques que sont « la relance de l’économie touristique, le repositionnement de la destination, l’employabilité et la professionnalisation, la modernisation et l’action publique intégrée ». Elle a rappelé « qu’avant la crise sanitaire, le tourisme générait 40 000 emplois directs, 300 000 induits et 1 500 000 postes de travail sur les chaînes de valeurs. À cause de la crise sanitaire, le secteur a perdu 2 000 milliards d’ariary. La moitié des entreprises associées au tourisme ont été contraintes de déposer leurs bilans ». Et encore, révèle-t-elle, « les analyses à l’échelle mondiale ont déduit que le retour à la normalité des voyages n'interviendrait qu’en 2023 ou 2024. Alors que les sociétés qui ont survécu aux vagues du coronavirus doivent repartir non pas à zéro mais en-dessous. Avec des dettes fiscales qui s’accumulent au fil des exercices ». En guise de réponse, Joël Randriamandranto a insisté sur le volet communication. « Le ministère a mené une campagne auprès des professionnels des voyages qui vendent déjà la destination Madagascar pour leur dire que nous sommes désormais ouverts aux visiteurs étrangers. Les médias spécialisés ont été aussi sollicités pour véhiculer ces informations. Enfin, le grand public via les plateformes des réseaux sociaux sont informés de cette nouvelle situation qui prévaut. Si la réouverture des frontières a été une nécessité, maintenant il faudra s’atteler aux diverses actions pour faire venir les touristes, et les accueillir dans les meilleures conditions ». Toujours dans le chapitre communicatif, le ministre en personne organisera des Webinars avec les agences de voyages qui ne con­- naissent pas encore les atouts touristiques de la Grande île. Dans la foulée, il a admis « l’importance de la transformation digitale. À un moment où tout se fait à distance ». Le ministère y attache une attention particulière. Les deux intervenants s’accordent sur l’importance du tourisme national. Aina Raveloson y trouve un coup de pouce inattendu. Joël Randriamandranto ou plutôt son ministère en a fait un vrai cheval de bataille à travers les quatre éditions du « Tsenaben’ny Fizahan-tany », l’édition des catalogues touristiques et l’organisation des événements de proximité comme le « festival Rifatse » à Morondava. Bref, le tourisme peut repartir du bon pied. À moins que le coronavirus ne lui joue un mauvais tour. Ce qui semble être le cas. « Personne ne veut plus entendre parler d’une éventuelle fermeture des frontières. Il est du devoir de tout un chacun de respecter les gestes barrières, de se faire vacciner. Les professionnels du tourisme, 6 000 environ, ont suivi des formations pour suivre et imposer les protocoles sanitaires », conclut Tojo Razafimahefa, vice-président de la CTM dans un appel à la conscience collective.
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