Bilan – « Scène culturelle » : 2021, une année de pertes et de résilience


En cette période de fin d’année, l’heure est au bilan et on peut dire que celui de la scène culturelle reste toujours des plus difficiles depuis le début de la pandémie. L’année 2021 n’y a donc pas fait exception. UNE année en demi-teinte, très particulière qui jusqu’à la fin nous en aura fait voir de toutes les couleurs. Jonglant entre l’optimisme d’un retour à la normale qui profilait à l’hori­zon, mais qui au final s’est vu être de courte durée et le pessimisme de revenir à nouveau à la case départ en faisant à nouveau preuve d’auto-restriction. L’année 2021 s’illustre à la fois comme un verre à moitié vide et un verre à moitié plein pour tous les acteurs culturels et événementiels de la Grande île. Bien plus qu’on ne l’imagine, l’année a été plus que laborieuse pour tous les acteurs culturels nationaux, qu’ils soient artistes, créateurs, organisateurs ou producteurs, toutes disciplines confondues. Si l’année passée, on ressentait déjà le poids des diffi­cultés qu’infligeaient la pan­démie du Covid-19, à cause des diverses restrictions imposées par les autorités pour éviter sa propa­gation, en 2021 son impact sur la scène culturelle et artistique s’est plus fait ressentir. Retour donc sur cette année qui fut à la fois une année de pertes et de consolation, mais également une année de résilience, de persévérance et de renouveau pour les acteurs culturels nationaux. « Ils nous ont quittés… » Dire de l’année 2021 qu’ elle s’est illustrée telle une véritable hécatombe pour la scène culturelle et artistique nationale serait un brin exagéré. Cependant, les pertes sont lourdes cette année et il nous est difficile de ne pas l’affirmer ainsi. Plusieurs grands noms de la scène culturelle nous ont ainsi quittés cette année et c’est toujours avec une tristesse immense que l’on commémore jusqu’à aujourd’hui leur parcours. On se rappelle entre autres au mois de février, le fameux virtuose du Grand Sud Monja Manintsindava qui fut parmi les premiers à nous avoir subitement quittés. Au mois de mars, c’est au tour de la charmante chanteuse de variétés tropicales Taa-Tense de nous quitter également. S’ensuivront au mois d’avril la disparition respective de Zoaharimanga Monique Estelle Raharinirina, dernière du groupe Ny Voanio, et le maestro de la chanson évangélique Ndriana Ramamonjy émeut la commu­nauté des artistes. De même que celle de Jean Baptiste Razafimamonjy, illustre archiviste du groupe Mahaleo. Toujours au mois d’avril, c’est l’imposant Désiré Razafin­drazaka, alors président du comité d’organisation de Madajazzcar de rejoindre le firmament en laissant orphelins toute une génération de jazzmen. En mai, la disparition de la chanteuse Fali Andria­mi­ha­misoa, reconnue pour ses belles collaborations avec Samoëla et Silo émeut également. Au mois d’août, la disparition soudaine de Charles Bert Andrianaivo de Mahaleo laisse à bout de souffle toute la communauté culturelle. Suivie du départ pour un monde meilleur de l’auteur Gaston Andrianony, ainsi que de Sammy Rastafanahy peu de temps après. Enfin, sans doute le coup de grâce en cette fin d’année, la disparition soudaine de Andrianary Zafindrakoto du groupe ‘Zay laisse en émoi toute l’opinion publique. Bien au-delà de ces pertes tragiques, l’année 2021 malgré les difficultés qui se sont imposées aux artistes et acteurs culturels de tous horizons s’est aussi affirmée par l’esprit de résilience et de persévérance de ces derniers. Il est évident que fédérer la masse populaire dans les plus grandes scènes de la capitale reste toujours un défi exceptionnel à relever pour eux, sur­tout durant ces six derniers mois. Nombreux sont donc les défis à avoir été aisément relevés pour certains. Pour preuve, le chanteur Samoëla à travers son label Be Mozika été très actif cette année, sa plus grande scène étant le terrain de l’Esca Antanimena au mois d’octobre. Suivi des retrouvailles entre AmbondronA et ses inconditionnels au Coliseum Antson­jombe. L’année a été parti­cu­lièrement très difficile à vivre pour le groupe Mahaleo composé désormais de Dama et Bekoto uniquement. Ce qui ne les a pas pour autant empêchés de surprendre et de susciter à nouveau une liesse populaire à Antsa­hamanitra au mois de novembre. Entre la Gare Soarano et le palais des Sports et de la Culture, ‘Zay et Ivenco ont aussi marqué les esprits, des succès assombris plus tard par la disparition de Nary. Nombreux ont aussi été les festivals à avoir perdurés malgré les circonstances cette année. Entre les festivals d’art urbain et les divers festivals de danse contemporaine, le public a eu droit à de belles diversités artistiques. On salue cependant la détermination du comité d’organisation du festival Madajazzcar qui pour sa 32ème édition a tenu à rendre un bel hommage à Désiré Razafindrazaka et ce avec les moyens du bord au mois d’octobre. Il en va de même pour les Rencontres du film-court (RFC) qui a bien su mettre à profit le temps en sa disposition pour contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes cette année. De même, les cinéphiles ont aussi été gâtés ces derniers mois grâce au déblocage des diffusions en salle depuis l’étranger, qui a vu une affluence des nouveaux films à voir en salle. Pour la nouvelle année donc, l’espoir d’un jour nouveau loin de cette pandémie reste primordial pour tous les acteurs culturels et artistiques nationaux. Aux côtés des autorités, notamment le ministère de la Commu­ni­cation et de la culture (MCC) dont les actions ont été des plus louables et fructueuses cette année, symbolisées par l’inauguration du Centre culturel Ivokolo à Analakely, ils espèrent encore plus de dialogue, afin de trouver les alternatives aux contraintes imposées par la pandémie. Là où une majorité persévèreront toujours à leur manière pour valoriser leur créativité, dans l’espoir que 2022 soit beaucoup plus tendre avec eux que 2021 ne l’a été.
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