Qu’est-ce que ce bazar (de Noël)?


À Antananarivo, le «Bazar de Noël» est prévu se tenir du 15 décembre 2020 jusqu’au 3 janvier 2021. Mais, qu’est ce qu’un «Bazar de Noël» et qu’est-ce qu’un «tsena» ordinaire? Parce qu’autant le dire tout de suite: rien de transcendant. Les friperies habituelles, la quincaillerie utilitaire de toute l’année. À Mahamasina, les fruits de saison, en abondance: voilà sans doute qui sortait de l’ordinaire. Pas de quoi en faire un label «de Noël». La certaine idée que je me fais d’un «Marché de Noël» n’est déjà pas un «Bazar» qui, selon Le Petit Larousse, est (1) un marché public en Orient, en Afrique du Nord, en Asie du Sud-Est; (2) magasin où l’on vend toutes sortes d’articles; (3) lieu ou règne le désordre; (4) ensemble d’objets hétéroclites de peu de valeur. À force de n’être qu’un prolongement du marché hebdomadaire, le «Bazar de Noël» tananarivien aura réussi à fusionner les quatre définitions de tantôt : orientalisme désordonné de toutes sortes d’articles de peu de valeur. Acculturation manifeste de ma part, sans doute, mais je préfère rêver d’un «Marché de Noël» type Strasbourg. Le Christkindelsmärik (marché de l’enfant Jésus») se tient depuis 1570. Au fil des siècles, le marché de Noël de Strasbourg est devenu le plus grand de France: «une institution en Alsace, dans toute la France et à travers l’Europe» revendique le Journal de Strasbourg. Il s’agit en réalité de onze marchés thématiques en Un: Christkindelsmärik proprement dit (place Broglie), le Marché de Noël (place de la cathédrale), le marché de Noël du pays invité (place Gutenberg), le Marché des délices de Noël d’Alsace (place du Marché-aux-poissons, terrasse du Palais Rohan, rue Rohan), le Marché des irréductibles petits producteurs d’Alsace (place des Meuniers), le comptoir des Rois mages de Strasbourg (place Benjamin-Zix), le Marché du Carré d’or (place du Temple Neuf), le Village du Partage (place Kléber), le Marché de Noël sur la place SaintThomas, le Marché OFF: un marché alternatif qui propose mobilier vintage et aliments bio (place Grimmeissen). Sur la place Kléber, le sapin de 30 mètres de haut avec ses 7 kilomètres de guirlandes lumineuses, attire tous les superlatifs. Mais, tout le monde cherche à sortir de l’ordinaire. Le pays invité, différent chaque année, expose sa gastronomie et ses produits traditionnels. Toute l’Alsace met les particula­rités de la région à l’honneur: bretzel (pâtisserie traditionnelle typique de l’Alsace), flammekueche (tarte flambée alsacienne, garnie de crème fraîche, de bacon et d’oignon), choucroute, etc.. Les objets de l’artisanat d’art offrent des idées cadeaux. Les boutiques de souvenir drainent un énorme flux de visiteurs: 2 millions pour sa période d’ouverture (pour 2020, il était prévu se tenir du 28 novembre au 24 décembre). Une «institution» qui compte pour 10 à 15% du chiffre d’affaires dans l’hôtellerie-restauration et génère 250 millions d’euros de richesse pour la ville. Une vraie originalité par rapport au reste de l’année. Approche différente, marchandises différentes. Et finalement superlatif parce que simplement différent.
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