Monde - Problèmes d’îles et îles à problèmes


Ce ne sont pas seulement les Îles Éparses qui font l’objet de litige entre deux pays. La chronique de Tom Andriamanoro évoque également les Îles Falkland qui ont généré la guerre des Malouines, en avril-juin 1982, ayant opposé l’Argentine au Royaume-Uni, avec la victoire de l’armée britannique. La Russie et le Japon se disputent les Îles Kouriles, sans pour autant aller à l’affrontement militaire, jusqu’ici. La différence, essentielle, entre ces trois différends, est l’appartenance entérinée par l’ONU des Îles Éparses à Madagascar. Dans le même ordre d’idée, fort des prises de position de Donald Trump, Benyamin Netanyahou renforce la mise en place de colonies israéliennes en Cisjordanie. Enfin, notre chroniqueur mentionne la « greffe » réussie du football au Brésil. Juan de Nova, les Glorieuses, Europa, ou encore Bassa de India, voilà des noms qui ne disent sûrement rien aux écoliers français, contrairement à la Corse, à l’Île d’Oléron ou à celle de Ré. Et pourtant la France persiste à vouloir faire dépendre son avenir énergétique de ces confettis perdus à dix mille kilomètres de ses propres côtes. Voilà qui n’est pas très… cartésien. On ne rappellera jamais assez que les « Îles Éparses » faisaient partie de Madagascar et en ont arbitrairement été détachées juste avant l’indépendance. Grâce à ces îles qu’elle s’est appropriées, les eaux territoriales « françaises », guillemets de rigueur, engrangent des réserves évaluées entre six et douze milliards de barils de pétrole, et entre trois et cinq milliards de mètres-cube de gaz. De quoi voir venir, en toute sérénité, de nombreux analystes n’hésitant pas à y trouver l’équivalent de la Mer du Nord pour la Grande-Bretagne. En 2008, deux compagnies pétrolières, l’une nigériane du nom de Sapetra, et l’autre américaine, la Marexa Petroleum, avaient obtenu des permis d’exploitation au large de Juan de Nova, et avaient payé 75 millions d’euros à l’État français. Du temps où elle était à la tête du ministère de l’Énergie et de l’écologie, Ségolène Royal avait tenté d’enterrer cet accord. Mais la Préfecture des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) étant basée à La Réunion, c’est le juge des référés de Saint-Denis qui a eu à se prononcer sur ce dossier. Ségolène Royal dut se plier, sous peine d’une astreinte journalière au bénéfice des deux compagnies. L’actualité mondiale des années 80 fut dominée par la guerre des Malouines que se livrèrent la Grande-Bretagne et l’Argentine. Cet archipel également appelé les Îles Falkland se situe à 480 kilomètres des côtes argentines, et à 940 kilomètres du Nord de l’Antarctique. L’archipel est notamment composé de deux îles principales séparées par un chenal, le détroit des Falklands. Avec la Guyane française, les îles Malouines sont les seule territoires d’Amérique du Sud à appartenir à des puissances européennes. Les Nations unies avaient placé cet archipel, qui comprend aussi les îles Géorgie du Sud et Sandwich, parmi les terres litigieuses. Le conflit dura deux mois, d’avril à juin 1982, se soldant par la mort de 907 militaires argentins et 649 du camp britannique. Souveraineté Les enjeux de la guerre étaient prioritairement l’ouverture vers le continent Antarctique encore inexploité, mais qui recèle de grandes richesses et est considéré comme la plus grande réserve d’eau de la planète. Le conflit se conclut par une victoire britannique qui permit à la Grande-Bretagne d’asseoir sa souveraineté. La cote de Margaret Thatcher s’en trouva revigorée, et elle fut réélue en 1983. Du côté argentin, la défaite précipita la chute du régime militaire, remplacé par un gouvernement démocratiquement élu. Un troisième litige, toujours pas résolu, est celui des îles Kouriles qui forment une ligne discontinue de 1 200 km entre la Russie et le Japon. En japonais, l’archipel est appelé la « Chaîne des mille îles ». La population autochtone est principalement constituée d’Aïnou dont la majorité vit aujourd’hui dans l’île japonaise de Hokkaido. Le Japon avance parmi ses arguments des relations multiséculaires avec les Kouriles, dont trente-neuf îles, grandes et petites, figurent sur une carte japonaise datant de 1644. Quant aux relations commerciales, elles remonteraient à encore plus loin. La Russie, pour sa part, commença à s’intéresser aux îles Kouriles au début du XVIIIè, en y envoyant, notamment, des expéditions pour la chasse aux otaries. Un traité signé le 7 février 1855 délimitait la frontière dans l’archipel entre la Russie et le Japon, reconnaissant la souveraineté nipponne sur les quatre îles les plus méridionales : Kounachi, Itouroup, Chikotan, et l’archipel des Habomaï, qui représentent un tiers de la surface totale des Kouriles. Ce sont ces îles, qu’aujourd’hui encore, le Japon revendique. La Russie, comme avant elle l’URSS, se réfère au contraire aux accords de Yalta signés en 1941 par Staline, Roosevelt, et Churchill. Ces accords cédaient l’archipel à l’URSS en contrepartie de sa participation à la guerre contre le Japon. Le 3 janvier 2009, la Diète japonaise adoptait une loi affirmant la souveraineté du Japon sur les quatre îles, en réitérant sa volonté de déployer tous ses efforts pour obtenir « la restitution au plus tôt, des îles qui font partie intégrante du pays ». Ce à quoi la Russie a rétorqué : « Nous considérons l’adoption de cette revendication territoriale comme infondée, inappropriée, et inacceptable ». Le 1er novembre 2010, Dimitri Medvedev, alors Président de la Fédération de Russie, se rendait sur les îles pour une visite qualifiée par le Premier ministre japonais de « très regrettable ». On ignore si, à cette occasion, Medvedev a prononcé la phrase propre aux grands esprits : « Ici, c’est la Russie ».
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