Au nom de Mino


Encore mille mercis, mes amis. Votre soutien m’a permis non seulement de faire face à cette douloureuse perte, mais surtout d’avoir la force de soutenir à mon tour les 45 autres filles endeuillées de l’Akany Avoko. Beaucoup d’entre vous m’avez demandé qui est Mino ? Laissez-moi vous parler un peu d’elle (ou plutôt beaucoup). Mino a été abandonnée sans aucune forme d’Etat-Civil vers l’âge de 3 ans. Depuis, elle a été placée de centres en foyers. L’un des centres l’a prénommée Hanta, lui a fait un acte de naissance par jugement supplétif avec le seul nom/prénom « Hanta ». Son dernier foyer depuis presque deux ans, Akany Avoko Faravohitra, a discuté avec elle de ce qu’elle veut, sa foi, ses convictions, ses espoirs, ses craintes, et d’un commun accord, ils ont rajouté le prénom « Mino ». Ces derniers mois, Mino nous a dit qu’elle voulait se créer un « vrai nom »; les démarches auprès du tribunal ont été entamées et l’audience préliminaire est prévue se tenir le 7 décembre prochain. Le tribunal en a informé le centre vendredi matin. Le destin en a décidé autrement. Moi, je suis devenue sa marraine, sa « maman de substitution » depuis qu’elle est arrivée au centre. Plus qu’un simple « sponsor » pour ses études (elle était en classe de 4ème), main dans la main avec les éducateurs du centre, je lui ai ouvert mon foyer, mon cœur. Je jouais le rôle de la maman complice, la maman grondeuse quand elle fait des bêtises, celle qui la guide dans chaque pas de sa vie, celle qui lui parle de tout et de rien, celle qui offre les épaules pour qu’elle puisse y pleurer, celle qui l’écoute quand elle parle de ses projets, de ses craintes, de ses peurs, de ses joies et ses peines. Malgré la profondeur des blessures de son âme, malgré ses crises identitaires et ses crises d’adolescente, Mino est avant tout une jeune fille très intelligente au grand cœur, débordante d’affection et qui en demande autant… d’affection et d’attention. Elle est aussi coquette qu’une ado de 15 ans puisse l’être. Même le Pasteur qui a officié lors de ses funérailles, et qui lui servait de guide spirituel ou de conseiller psychologique de son vivant, en a attesté publiquement… :) Sacrée Mino! Elle voulait devenir détective, dans l’espoir de pouvoir retrouver ses vrais parents un jour. Elle me posait souvent la question de comment en devenir un. Mais, elle voulait également diriger un foyer d’accueil – exactement comme l’Akany Avoko – pour qu’à son tour, elle puisse rendre aux autres enfants dans le besoin ce qu’on lui a offert. Maintenant mon grand cri du cœur… Mino est morte d’une maladie qui aurait pu être évitée -- le palu, devenu neuropalu qui a fini par endommager tous ses organes -- à cause d’une erreur de diagnostic ayant entrainé un retard de la prise en charge. Ne venez pas nous dire, de déposer une plainte. Cela ne fera pas revenir Mino et j’ai suffisamment mal pour l’entendre encore. De plus, l’Akany n’a ni les moyens ni le temps pour cela. Les sponsors que l’Akany trouve sont là soit pour améliorer les infrastructures soit pour des actions ponctuelles, ou pour le parrainage scolaire de certains pension­naires (pas tous). Les 45 autres pensionnaires ont aussi et surtout besoin d’apports nutritifs REGULIERS, de soins décents REGULIERS. Alors, déposer une plainte contre le service médical qui se charge régulièrement des soins des petites… ce n’est peut-être pas une sage décision, non plus. Les filles étant « techniquement des ‘‘cas sociaux’’, » elles reçoivent les soins en tant que telles. Je vous dis que l’attitude du corps médical change quand c’est le personnel de l’Akany qui leur parle – avec cette crainte non-dite que l’Akany ne pourra subvenir aux frais médicaux -, et même quand, j’ai insisté pour dire que je suis en charge de cette petite, même si elle était orpheline, et que je voulais les meilleurs des soins et tous les soins nécessaires pour la sauver. Alors, si l’histoire de Mino vous a touché, si vous voulez faire quelque chose, il y a 45 autres filles qui vous attendent – elles s’appellent Ango­laina, Ravo, Tatamo, Saholy, et bien d’autres encore. Une heure pour les aider à réviser, leur apprendre le français, un peu de temps pour juste jouer avec elles ; si vous avez les moyens, devenez marraine/parrain, contribuez aux frais médicaux, apporter un sac de riz rouge (elles adorent çà pour le « sosoa hariva »). L’une des filles aura besoin d’une opération du tympan, une autre aura besoin d’un appareil auditif, une autre devra accoucher bientôt,… Je vous assure que l’amour qu’elles vous rendront n’a pas de prix ! par Mamy Rabesahala
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