Antsiranana - Cinq jours pour s’exercer au MASE POLMAR 2019


Pour la première fois, la capitale du Nord a abrité l’exercice international de simulation contre la pollution marine. Une action régionale dirigée par la Commission de l’océan Indien. Sept pays d’Afrique orientale et australe et de l’océan Indien ont participé, pendant cinq jours, à l’exercice international sur la lutte contre le déversement des hydrocarbures en mer, dénommé Mase Polmar 2019 (Maritime Security Pollution Marine ). Les participants se sont donné rendez-vous au sixième étage de l’Hôtel de la Poste pour discuter des mesures à  prendre. Cette action régionale pilote est menée par la Commission de l’océan Indien à travers le programme régional de sécurité maritime, financé par l’Union Européenne, en collaboration avec l’Organe de lutte contre l’évènement de pollution marine (Olep), le ministère de l’Environnement et du développement durable, et la Marine nationale L’exercice a vu la présence d’une soixantaine de participants issus de sept pays d’Afrique orientale et australe et de l’océan Indien (AfOA-OI). Ce sont les Comores, Djibouti, France-Réunion, le Kenya, Madagascar, Maurice, Seychelles et la Somalie. Ces sept pays sont les signataires des accords régionaux Mase, comme étant une réponse pratique à la protection des milieux marins et littoraux. Certes, les attaques des pirates ont diminué grâce aux efforts déployés par l’Unavfor, mais la piraterie maritime dans l’océan Indien occidental n’est pas la seule menace qui pèse sur la région. Les pays côtiers de l’AfOA-OI sont encore confrontés à des faits indéniables. D’autres menaces et crimes maritimes demeurent un enjeu majeur pour ces États et d’autres pays ayant un intérêt commun dans la région. Pour ne citer que la pêche illicite, non déclarée et non règlementée qui, selon la FAO, a causé une perte d’environ 400 millions de dollars par an. Elle atteindra un milliard de dollars si aucune mesure n’est prise. Pourtant, la sécurité maritime constitue un enjeu majeur du développement en Afrique orientale et australe parce qu’elle est directement liée à la croissance économique, à  l’emploi et à la stabilité sociale et économique. Pour les partenaires internationaux, la sécurité maritime dans l’océan Indien est également importante, car les principales routes maritimes commerciales et des hydrocarbures traversent cet océan. Pour garantir ces atouts, l’Union Européenne a créé en collaboration avec quatre organisations régionales, Igad, EAC, Comesa et COI, le programme régional de sécurité maritime, car un État ne peut, à lui seul, lutter efficacement contre les crimes et les menaces maritimes dans ses eaux territoriales et sa vaste Zone économique exclusive. « Cet exercice a permis aux représentants des pays membres de présenter leur plan national de lutte contre les pollutions marines et d’échanger leurs expériences de terrain », explique Raj Mohabeer, chargé de mission de la COI qui a représenté le secrétaire général de la COI à cet exercice. Certes, la pollution des mers et des océans, par les hydrocarbures, représente une menace très sérieuse pour la nature et sa faune qui ne sont pas armées pour lutter. Mais à Madagascar, surtout sur les régions côtières, les techniques de lutte contre le déversement des hydrocarbures en mer sont acquises au bout d’une dizaine d’années de simulation et de pratiques en cas réel. Ce, grâce à l’initiative de l’Olep, en collaboration avec les différents acteurs locaux. Des équipements importants sont disponibles et basés à Antsiranana. Face à ce danger, les sept pays membres de la zone AfOA-OI ont choisi Antsiranana pour peaufiner leur riposte, par le biais de cet exercice commun qui s’y est bien déroulé avec succès. Des rencontres et des échanges en salle ont successivement eu lieu durant l’atelier, car une intervention efficace en cas de déversement dépend d'une bonne compréhension scientifique du comportement des produits pétroliers dans l'environnement. En outre, les participants se sont réunis autour des exposés axés sur le plan et la stratégie de lutte contre le déversement des hydrocarbures et l’utilisation du barrage de récupération. Puis, ils ont embarqué à bord des trois navires de la  marine nationale malagasy Trozona, Tselatra, Mailaka, pour l’exercice pratique en mer. Cet entrainement a eu pour objectifs de tester la capacité de la région AfOA-OI à faire face à une éventuelle pollution marine accidentelle, de renforcer les capacités régionales en la matière et d’évaluer le degré de coordination et l'efficacité des opérations de lutte proprement dite. Scénario réaliste. Axé sur la thématique de la pollution marine causée à la suite d’une collision entre un chalutier malgache et un pétrolier battant pavillon Marshals au large de la baie d’Antsiranana, l’exercice vise à évaluer la capacité de coordonner et de gérer la crise autour d’un scénario réaliste qui a un impact à la fois national et régional. Cette collision qui s’est déroulée à 15 nautiques à l’Est de la baie, a causé une brèche sur les cuves du pétrolier, occasionnant un déversement en mer de 150 m3 de pétrole brut, hautement mortel, cancérigène et inflammable. Il menace les côtes malgaches dans les quinze prochaines heures. En outre, on a aussi constaté la perte du gouvernail du chalutier et son autonomie de manœuvre ainsi qu’un blessé nécessitant une Medevac d’urgence… Face à cette situation, les représentants des centres nationaux et régionaux comme le CRFIM et le CROC sont  pleinement impliqués et appelés à jouer leur rôle respectif au cours de l’exercice. Ce fut également l’opportunité  de prendre connaissance du potentiel des systèmes MASE (Maritime Awareness System) et du Sharepoint. Des systemes qui seront mis à la disposition à la fois dans les centres régionaux et nationaux. À bord des trois bateaux, les marins malgaches ont montré leur savoir-faire en dirigeant l’opération en mer. Ils ont fait semblant de récupérer les nappes versées dans la baie de Diego. La manœuvre consiste à remorquer le barrage avec deux embarcations. Le contre-amiral Vaohavy Andriandasy, commandant des Forces navales, n’a pas su cacher sa fierté pour la marine malagasy. En effet, une démonstration de manipulation des matériels dont les barrages, la crémaillère, motopompe s’est déroulée au large de la baie de Diego-Suarez, et pas comme d’habitude au quai de la capitainerie du port. Tout comme l’exercice Mase table Top, organisé en août à Maurice, l’exercice Mase Polmar 2019 a éprouver le mécanisme régional mis en place à un niveau supérieur. Cela dans le but de mieux coordonner les différentes actions pour répondre efficacement aux défis régionaux liés à la préservation de l’environnement marin et des ressources halieutiques. Devant la difficulté à surveiller 5 000 km de côtes, et face aux mouvements maritimes annuels des pétroliers qui les traversent, l’État devrait  préconiser un plan de lutte basé sur un travail cohérent et structuré, car les potentialités marines malgaches sont menacées en permanence par de dangereuses pollutions.
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