Je suis malheureux pour Madagascar


Je suis malheureux pour Madagascar. Passons l’histoire d’avant 1896 dont bien peu des principaux acteurs économiques de 2023 peuvent se revendiquer. Expliquant finalement leur absence d’empathie, leur indifférence, sinon leur hostilité. Passons encore la parenthèse, 1896-1960. D’autres histoires avaient pu se bâtir, sur les ruines de l’ancien régime. Avec la complicité sélective de l’administration coloniale. Un marché de dupes, qui aura certes vu une meilleure qualification individuelle mais toujours au service d’ambitions qui, progressivement et inéluctablement, s’affranchiront d’organes, par essence désormais subalternes, et d’abord par eux-mêmes. Je peux également être malheureux pour d’autres pays, vaguement familiers ou indubitablement «étranger intime». Rodomontades et gesticulations, nostalgie d’une grandeur révolue et d’une époque dont personne ne se souvient. Depuis, la Chine a mis en orbite ses taïkonautes, l’Inde a réussi à poser pied sur la Lune, les BRICS se réunissent en se permettant de refuser l’entrée à un membre permanent du Conseil de Sécurité. La station spatiale chinoise «Tiangong» (Palais céleste) est en construction depuis avril 2021. Donnant le nom évocateur de «Longue Marche» à sa fusée, la Chine a pu poser un engin sur la face cachée de la Lune (2019) et un robot sur mars (2021). Il y a dix ans, 2014, l’Inde plaçait un satellite en orbite autour de mars, et ses engins spatiaux fleurent tout aussi bon le sanscrit national : «Chandrayaan» (vaisseau lunaire), «Vikram» (vaillance) pour le module d’atterrissage, «Pragyan» (sagesse) pour le robot solaire d’exploration lunaire. En mai 2022, Israël annonçait vouloir investir 600 millions de shekels sur cinq ans pour devenir l’un des leaders mondiaux de l’industrie spatiale. Mais, dès 2019, «Beresheet» signait la mission d’atterrissage lunaire. Le malgache, langue de la grande famille austronésienne, l’une des aires linguistiques les plus vastes au monde, sera-t-il jamais une langue à destination extraterrestre. Pour le moment, c’est une langue qui continue de conjuguer les petites misères quotidiennes du tiers-monde et du sous-développement. À l’heure où d’autres lancent des fusées dans l’espace, nous réussissons l’exploit de remettre à l’ordre du jour des charrettes à traction humaine.
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