Filière Cacao - Les petits producteurs négligés


La culture du cacao reste le fait de petites exploitations familiales. Des familles qui perçoivent pourtant une maigre part sur la totalité du chiffre d’affaires mondial. Infime. Plus de 90% de la production de cacao mondiale proviennent de cinq millions de petites exploitations. Ces quelques millions de petits exploitants ne reçoivent pourtant qu’un peu moins de 6% de la valeur globale du secteur. Une situation dénoncée lors de la tenue de la centième session du conseil international du cacao (ICCO) qui s’est déroulée récemment à Abidjan au Côte d’ Ivoire. Présidé pour la première fois par un représentant de la Grande île, ce fut l’occasion pour les producteurs malgaches de faire entendre leur voix par rapport à la répartition équitable de la valeur ajoutée du secteur cacao. « De l’amont à l’aval, des producteurs aux consommateurs, de nos champs aux supermarchés notre filière implique un nombre très important d’acteur. Une juste répartition des revenus mais aussi des charges est un défi que notre organisation se doit de relever et ce, de toute urgence. D’un coté, des millions de petits producteurs, des milliers d’exportateurs, des centaines de transformateurs, des dizaines de grands distributeurs, trois ou quatre amis pour partager une tablette ou un gâteau au chocolat et, de l’autre, tout au bout de la chaine un état percepteur de TVA, qui tout seul croque la plus grosse part du gâteau », déplore Phillipe Fontayne, président du conseil ICCO et producteur dans la région de la SAVA. Minimum En moyenne, un petit paysan producteur consacre un hectare de terrain pour exploiter entre 600 et 700 cacaoyers. Ces plants de cacao produisent environ 400 kg de cabosse annuel qui rapport en moyenne 2.500.000 ariary à l’exploitant. Un revenu réparti sur un an représente 200.000 ariary mensuel. « C’est à peine le salaire minimum », avoue un président de l’ICCO révolté pour qui l’objectif est la mise en place d’un plan national cacao visant à la revalorisation de la part du Producteur bien au-delà de ceux que certains appellent un « Revenu décent ». Ainsi, il est urgent de développer d’une part une politique de relèvement des prix mais également une politique d’appui à la diversification des revenus agricoles. En général, l’exploitation du cacao ne nécessite que 20% du temps du paysan. « À Ambanja, un paysan sur cinquante dépend exclusivement du cacao. Les quarante neuf autres commencent à se tourner vers d’autres plantations. Ce qui est une bonne chose mais qui, sans maîtrise, est susceptible de nuire à notre filière principale. Si la volonté et les initiatives des pays producteurs rejoignent la prise de conscience que les pays consommateurs sont en train d’opérer, alors s’il s’agit là d’un début d’alignement des planètes », explique-t-il. Le prochain conseil ICCO se déroulera l’année prochaine en Indonésie où la thématique sera l’assurance que les démarches sont bien inclusives et qu’elles prennent bien en compte l’ensemble des membres exportateurs, consommateurs et surtout les petits producteurs. « Beaucoup de consommateurs sont prêts à payer des prix plus élevés s’il leur est démontré que le prix du cacao ou du chocolat qu’ils consomment comprennent l’ensemble des coûts directs et indirects des producteurs mais également l’ensemble des coûts économiques, sociaux et environnementaux liés à la production, et à la transformation du cacao », conclut le président de l’ICCO.  
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