Assainissement d'Antananarivo - Le confinement, une opportunité inexploitée


Avec l’allégement des mesures de confinement, l’anarchie est de nouveau la norme dans plusieurs endroits de la capitale. L’état d’urgence sanitaire est une occasion de remettre de l’ordre dans cette pétaudière. Une occasion à ne pas rater. Face à la conjoncture sanitaire, nul ne sait quand l’état d’urgence sanitaire sera levé. Dans la région Anala­manga, et à Antananarivo, en particulier, cette incertitude prévaut sur la fin du confinement. Cette situation d’exception pourrait cependant être une opportunité pour accélérer l’assainissement de la capitale. La quinzaine de jour de confinement à peine commencée, l’anarchie dans la ville des Mille reprend ses droits. L’Etat a décidé de donner le feu vert pour la reprise de toutes les activités économiques, durant une demi-journée. La capitale paisible où régnait un semblant d’ordre et de discipline semble n’être qu’un lointain souvenir. Ceci, alors que les Taxibe sont toujours aux arrêts. Au début de la crise sanitaire, lorsque la première quinzaine de confinement a été décrétée à Analamanga, Andry Rajoelina, président de la République, a indiqué que ce serait l’occasion d’assainir la ville, en faisant référence à Antananarivo. Le chef de l’Etat a évoqué comme exemple la réhabilitation des rues. Les usagers confinés chez-eux, il aurait, effectivement, été facile de boucler certaines rues de la capitale pour les réhabiliter. Plusieurs axes routiers très fréquentés de la ville des Mille nécessitent une rénovation. Pour ne citer que le tronçon à Ambodivona, celui d’Isotry, ou encore des 67 ha qui sont en piteux état. A cela s’ajoutent les centaines, ou milliers de nids de poule dont les diamètres augmentent de jour en jour. La réhabilitation des rues nécessite cependant, un budget conséquent. L’affectation prioritaire des deniers publics, en cette période de crise sanitaire, est certainement, dans la lutte contre la Covid-19. Contexte idéal Seulement, les choses à faire pour assainir Antana­narivo ne manquent pas. La plupart ne devrait pas nécessiter un budget important, mais juste des actes et des décisions politiques audacieuses. Le maintien au garage des Taxibe, pourrait être l’occasion d’engager des réfle­xions et des discussions sur l’amélioration du système de transport en commun dans la capitale et les communes qui lui sont limitrophes. La conjoncture démon­tre que les Taxibe sont obsolètes. La promiscuité y étant incontournable, impossible de respecter le minimum des règles sanitaires. Les opérateurs de ce secteur n’ont, d’autant plus, aucun sens du service public. L’organisation archaïque au sein des coopératives fait que le nombre pléthorique des Taxibe, ne suffit pas aux besoins des usagers. Les artères de la capitale sont, par ailleurs, saturées et l’absence de discipline des transporteurs en commun n’arrange pas les choses. Il serait, cependant, injuste de ne fustiger que les Taxibe. Ces trois premiers jours de l’allégement du confinement démontrent que les autres usagers des rues que sont les véhicules particuliers, les taxis, les tireurs de charrette à bras et même les piétons sont tout autant responsables du chaos qui règne dans la capitale. Il y a ceux qui vont en sens interdit, d’autres qui stationnent comme bon leur semble. Les garages de scooters qui trustent sans autorisation les chaussées et les trottoirs pullulent, également, à Antananarivo. Un recadrage drastique s’impose. La Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA), pourrait, par ailleurs, profiter du confinement et de l’état d’urgence sanitaire pour trouver la formule afin défaire le nœud gordien qu’est le cas des marchands de rue. Elle a déjà commencé à Mahamasina, pourquoi ne pas poursuivre la dynamique. Pareil pour les constructions illicites. Il y a également l’assainissement et la salubrité publique qu’il faut reprendre en main. L’état d’urgence sanitaire a démontré une chose. Contrairement aux idées reçues chez certains décideurs et observateurs, imposer la discipline aux habitants d’Anta­na­narivo est possible sans forcément user de la brutalité. Une main de fer dans un gant de velours et une présence massive et dissuasive des Forces de défense et de sécurité. Cela semble être la clé pour briser la dynamique anarchique. La situation d’exception propose le contexte juridico-politique idéal pour cela.
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