Attentat de Mahamasina - Les forces de l'ordre s’expriment


72 heures après l'explosion de Mahamasina, les responsables des forces de l'ordre sortent de leur silence. Mais de prime abord, l'enquête piétine. Parler parce qu'il le faut. C'est ce qui a, visiblement, motivé les responsables de l'État-major mixte opérationnel national (EMMO-NAT), en tenant la conférence de presse d'hier. 72 heures après l'explosion de Mahamasina, qui a fait trois morts et quatre-vingt huit blessés, dimanche dernier, la première sortie officielle des forces de l'ordre n'a donné aucun élément d'information concret pouvant permettre de définir une quelconque avancée sur l'enquête. Déjà, le fait que le Com­mandant de la gendarmerie nationale, le Chef d'État major général de l'armée Malagasy (CEMGAM), ainsi que le directeur général de la police nationale, qui composent le triumvirat du commandement de l'EMMO-NAT aient été absents de la conférence de presse d'hier, intrigue. À leurs places, le directeur de la sécurité et des renseignements auprès de la gendarmerie nationale, le chef de service de l'emploi des forces, des opérations et des manœuvres au sein de l'EMGAM et le commissaire central d'Antananarivo, ont été envoyés au front. Juste après les faits et durant les deux jours qui ont suivi, les forces de l'ordre ont gardé le silence sur l'affaire, laissant libre court aux responsables étatiques de claironner l'hypothèse d'« un acte criminel à visée politique », pointant du doigt, sans équivoque, les adversaires politiques du pouvoir. L'EMMO-NAT s'étant enfin exprimé, hier, les journalistes ont eu le droit de poser des questions à leur guise. Seulement, les questions sensibles se sont heurtées à la même réponse : « nous sommes tenus par le secret de l'enquête ». Non-dits Une autre réponse martelée à la presse, hier, comme échappatoire : « Toutes les pistes sont prises en compte ». Mais là encore, aucune information n'a été donnée pour mesurer le sens de l'enquête. Au final, la sortie médiatique d'hier laisse à penser que les investigations piétinent, bien que les enquêteurs bénéficient de l'appui d'une équipe étrangère, selon ce qui a été dit toujours hier. Certaines indiscrétions affirment que ce soutien serait « américain ». Contactée, l'ambassade des États-Unis refuse de commenter le sujet et « n'infirme ni ne confirme l'information ». La conférence de presse d'hier a, néanmoins, clarifié quelques points, comme le fait que l'ogive était une grenade offensive trafiquée et enrobée de ferrailles, ou encore que les perquisitions de ces derniers jours étaient dans l'optique de lever des doutes. La conférence de presse d'hier fait cependant état de quelques non-dits, comme la part de responsabilité des forces de l'ordre. Depuis plusieurs semaines, les renseignements indiquaient qu'un drame se concoctait en vue des festivités de l'indépendance. « Nous reconnaissons nos responsabilités. Mais nous avons  tout fait pour éviter le pire, mis en place le maximum d'éléments et appliqué les mesures de sécurité nécessaires. Il fallait cependant les accorder avec le besoin de la population de se divertir », a défendu le général Anthony Rakoto­arison, directeur de la sécurité et des renseignements à la gendarmerie nationale. Le colonel Yvan Tiana Randriatsivahiny, chef de service de l'emploi des forces à l'EMGAM a, pour sa part, démenti la disparition d'une trentaine de grenades des camps du CAPSAT et de la 1ère RTS. Le responsable au sein de l'État-major confirme, toutefois, que les grenades offensives, tout comme les bombes lacrymogènes, sont dans la classe des armes de guerre et affirme qu'aucun civil « n'a le droit et ne peut en avoir en sa possession ». Outre la grenade trafiquée ayant servi pour l'attentat, des individus munis de bombes lacrymogènes ont été appréhendés à l'entrée du stade de Mahamasina dans la matinée. Les indiscrétions indiquent qu'il a été programmé par le comité d'organisation des festivités d'indépendance que les réjouissances de Mahamasina soient closes à 17 heures. C'était, cependant, sans compter avec les retards de timing et la liesse populaire. Le président de la Répu­blique quant à lui, n'a quitté les lieux que peu avant 19 heures. Au final, le divertissement populaire s'est clos par un deuil. Garry Fabrice Ranaivoson
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