Bailleurs de fonds - La Banque mondiale encadre Rajoelina


Madagascar est la première destination étrangère du président de la Banque mondiale, depuis sa prise de fonction. Une opération de charme qui pourrait restreindre certaines marges de manœuvre du pouvoir. Marqua­ge serré. Ayant pris ses fonctions, le 9 avril, David Malpass, président du groupe de la Banque mondiale, a choisi l’Afrique de l’Est pour son premier déplacement à l’étranger, avec comme premier point d’escale, Mada­gascar. Une première tournée qui semble allier opération de charme et réaffirmation du statut de l’institution de Bretton Woods, ainsi que des conditions de coopération. « La Banque mondiale figure parmi les plus grands partenaires historiques du développement de Madagascar et l’a confirmé par ses engagements », a déclaré Andry Rajoelina, président de la République, hier, au palais d’État d’Iavo­loha, lors d’une déclaration à la presse faite avec le président de l’institution financière. Réaffirmer la volonté de la Banque à intensifier la lutte contre la pauvreté sur le continent africain, notamment, les États les plus vulnérables, est le motif affirmé de la tournée de David Malpass. Outre Madagascar, le président de la Banque a choisi le Mozambique et l’Éthio­pie comme autres destinations de son road-show. Le Mozambique, notamment, qui vient d’être ravagé par le cyclone Idai. Au regard de certains observateurs, la visite du boss de la Banque mondiale pourrait, également, revêtir une dimension politique et diplomatique. Il a même laissé à son prédécesseur le soin de prendre part au forum sur les nouvelles routes de la soie, à Beijing, le 26 et 27 avril. Ceci au motif que l’invitation a été envoyée au moment où elle était encore en poste. Le Mozambique et l’Éthio­pie ont un trait commun, celui d’être des États friands d’appuis financiers chinois. Un bailleur particulièrement actif dans le financement des grands projets d’infrastructures, également, privilégié par Mada­gascar, depuis quelques années. Conditionnalités Dans les statistiques de la Banque mondiale, la Grande île figure parmi les vingt-sept pays d’Afrique où l’on constate une hausse relativement forte de la dette, en partie, à cause des créances envers la Chine. Des analystes économiques interna­tionaux craignent que cette dynamique conduise à une insolvabilité de ces États. De crainte de perdre l’argent qu’il a prêté, la Banque pourrait avoir comme objectif de tempérer l’endettement des pays africains dont, Madagascar. David Malpass a évoqué l’amélioration du climat d’investissement, hier, à Iavoloha. Dans un contexte où la géopolitique mondiale tend à être bercée par la lutte de leadership et le bras de fer commercial entre les Etats-Unis et la Chine, l’offensive de charme de la Banque mondiale pourrait, par ailleurs, être une manière d’éviter que la Grande île ne se détourne des bailleurs traditionnels. Une aide budgétaire de cent millions de dollars sera actée par le conseil d’administration de la Banque mondiale, aujourd’hui. Dans sa prise de parole, hier, David Malpass a indiqué qu’une somme 450 millions de dollars est en cours de négociation, pour la seconde moitié de cette année « si le processus de développement de projet constructif avance bien ». Une source avisée chuchote que « La transparence dans l’appel d’offre pour les marchés publics est l’une des conditions à scruter ». Dans la communication annonçant la visite du président de la Banque mondiale, ont été indiquées la promotion de la croissance économique, de la sécurité et la bonne gouvernance de « défis ». Comme le souligne un décryptage du journal Le Monde, le 22 février, les pays africains se tournent vers la Chine car, elle est peu regardante sur les conditionnalités et elle a largement de quoi financer les grands projets d’infrastructures voulues et nécessaires au développement du continent. D’autres États riches font de l’œil aux pays africains en quête d’émergence. Le financement des projets d’infrastructures prévus dans l’IEM nécessite un investissement colossal que ne pourront pas financer les bailleurs traditionnels. La concrétisation rapide voulue par le pouvoir ne coïncidera, également, pas avec les conditions voulues par ces derniers. Les pays d’Asie, d’Emirats et même la Russie cognent à la porte. Reste à voir, comment l’administration Rajoe­lina manœuvrera avec les phares des institutions de Bretton Woods braquées sur elle.  
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