À vos maillots de bain


Je vous ai fait faux bond samedi dernier pour la simple raison que j’étais prise aux pièges des eaux d’Ankorondrano le vendredi soir. Ma volonté de m’en sortir était vaine par rapport aux flux et reflux des eaux de la mer qui s’est formée en quelques minutes du côté du rond point devant La City. En une phrase, j’étais au mauvais endroit au mauvais moment. Quand la pluie a commencé à tomber, j’étais encore en train de faire mes courses. Et puis, voulant faire le malin, j’ai pris le « raccourci » derrière le centre commercial pour sortir face à l'entrée de Novotel. Là, il m’a semblé que le temps s’est juste arrêté. La sortie est pourtant presque en face du lieu où je voulais aller. Mais il m’a fallu près d’une heure trente pour y arriver. Pour cause ? Je n’avais pas mon maillot de bain. Alors, sans pouvoir rien faire d’autre que de parler toute seule, je regardais avec stupéfaction ce qu'il se passait en dehors de la voiture. Très rapidement, l’eau s’est accumulée, s’est transformée en rivière, en mer et finalement en Tsunami. Je voyais les policiers du petit rond-point faire les canards (excusez le terme mais c’était le sentiment que j’ai eu) en tentant avec beaucoup de mal de faire avancer les véhicules. Ils pataugeaient dans cette eau boueuse qui arrivait jusqu’au niveau des genoux. Face à moi, côté Novotel, les rares voitures qui ont pu se frayer un chemin créaient des vagues immenses. Sans le faire exprès ou dans la hâte de sortir de là au plus vite, ils arrosaient littéralement de la tête jusqu’au pied ces malheureux passants à la queuleuleu pour ne pas tomber dans un trou caché sous les eaux. Les pauvres scooters nageaient carrément à contre-courant ou au gré de l’eau. Tout aussi bien arrosés par les tsunamis des voitures et l’eau jusqu’aux cuisses. À la fois effrayée, subjuguée, étonnée et dépassée, je regardais ce seau d’eau rose emporté par le courant. J’entendais les clapotis de l’eau sur ma voiture. Je sors la tête et je me rends compte que c’était presque à la moitié de la portière. Se posent alors les questions urbaines. Cette zone est un point noir en tous lieux : les embouteillages, les eaux pluviales, l’exposition de la grande dichotomie misère versus richesse affriolante. Un bassin tampon qui est devenu un grand remblai à outrance sans aucune mesure sérieuse pour le déversement des eaux de pluie. Alors, chers lecteurs, chères lectrices, si vous êtes en mal de sensations fortes, pour mettre un peu de piment dans votre vie, je vous y donne rendez-vous à la prochaine grosse pluie. Maillots de bain, tuba et kit de plongée autorisés.
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