Janvier sucré amer


Avant dernier jour de ce premier mois de l’année 2019. Un janvier sucré amer comme un gâteau au cyanure qu’on mange sans trop avoir le choix. Trente jours et au moins trois amis proches qui ont perdu un parent tant aimé. On dit souvent que quand les années passent, on a l’impression qu’il y a de plus en plus de morts. Une simple impression ou une réalité ? Ce qui est le plus frappant c’est la nature de la mort de ces personnes. Oui, comme dirait l’autre « ils sont morts de la mort ». Mais force est de constater que de plus en plus de gens meurent de cancers en tous genres et d’accident vasculaire cérébral. Que ce soit des bons vivants qui ont toujours eu des modes de vie presque irréprochables ou des joyeux buveurs et fumeurs ces deux maladies happent petits et grands sans trop de distinction de moyens financiers finalement. La seule différence est peut-être que les plus riches ont un peu plus de chance de s’en sortir car ont les moyens de se soigner. Ce premier mois a été aussi un mois de grosse fatigue. Des petits bobos qui étaient devenus finalement des poids immenses plombant la santé de nombreux d’entre nous. Une épidémie de sale grippe, des bronchiolites qui  ont cloué petits et grands, au lit. Le corps lessivé, le portefeuille troué par les ordonnances des médecins à n’en plus finir, le stress redoublant d’effet avec les nuits blanches. Janvier 2019 a été exceptionnellement douleureux. L’épidémie de la rougeole a continué de faire des ravages en ville comme dans les zones rurales. Les vaccins sont administrés dans des corps qui n’ont pourtant plus presque aucun anticorps car tellement sous-alimentés. Mais janvier a été aussi riche en déception démocratique. L’Afrique qui est entré dans une grande phase de série d’élections depuis décembre 2018 est en feu. Les anciens et aspirants dictateurs fomentent des stratagèmes pour se maintenir, directement ou par le biais de vassaux à leur service, au pouvoir. Ils emprisonnent, enlèvent, tuent tous ceux qui osent chercher justice. Des mascarades de détention, des jugements musèlent de nombreux défenseurs de droits humains. Madagascar a évité le pire ou le pire reste-t-il à venir ? Février nous le dira. Il y a eu toutefois des moments de bonheur et d’espoir. Ces instants inattendus où l’on a remercié le ciel d’avoir toujours un souffle de vie entre les narines car nombreux sont ceux qui avaient un planning bien chargé pour cette nouvelle année mais qui étaient finalement sur la liste d’attente de la faucheuse. Des rencontres imprévues étaient aussi au rendez-vous de janvier. Finalement, janvier a été comme la première page d’un nouveau livre de cinq années pour notre pays. Un ouvrage qui renferme visiblement les aspirations d’un nouveau départ. Les plus farouches soupirent en silence, les plus optimistes soupirent eux aussi. Espérons que février sera plus clément. Avec une note d’humour, on dit que si les hommes font moins de conneries en février, c'est parce qu'ils n'ont que vingt-huit jours.
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