Lettre ouverte aux deux candidats Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana


Chers Présidents, je vous félicite d’être arrivés nettement en tête du premier tour de l’élection présidentielle du 7 novembre 2018. Malgré les hautes fonctions et les valeurs des 34 autres candidats présents à cette compétition électorale, les électeurs ont concentré leur voix sur vous deux, acteurs stratégiques du conflit de 2009. Ils ont voulu, une bonne fois pour toutes, clarifier leur position et tourner définitivement cette page ; ce que l’élection de sortie de crise de 2013 n’a pas pu faire. Je vous rappelle, dans le tableau ci-dessous, les voix que vous avez obtenues dans les 22 Régions à titre provisoire. Au deuxième tour, les mouvements des transferts de soutien n’ont pas modifié dans l’ensemble, la physionomie du paysage électoral. Des Régions restent attachées à Andry Rajoelina, d’autres à Marc Ravalomanana. (Source Ceni). Chers Présidents, vous êtes entourés par d’éminents juristes. Dans ce processus électoral, vous avez constaté des zones d’ombre ,des irrégularités et des points litigieux. Au nom de la transparence et de la vérité, je vous demande de faire la lumière par les voies légales mais jamais plus par la rue. Peut-on espérer que, cette fois-ci, la reconnaissance nationale précède la reconnaissance internationale ? D’ici quelques jours, la HCC va proclamer officiellement les résultats de l’élection présidentielle. L’un de vous sera le nouveau Président de la République, l’autre le leader de l’opposition. C’est une victoire de la démocratie. Quels que soient les résultats de l’élection et tels que je vous connais, je suis persuadé que ce sera le départ d’une grande transformation sociale et économique de Madagascar. Chers Présidents, soyez à la hauteur de l’espérance des Malgaches qui comptent sur vous. Le nouveau Président de la République aura l’obligation de respecter ceux qui n’ont pas voté pour lui. Et les opposants, même s’ils ont les moyens de faire tomber le nouveau régime, auront l’obligation de le maintenir jusqu’à la fin de son mandat. À travers leurs interpellations et leurs critiques, ils contribueront à aider l’État à réaliser les promesses électorales du second tour qui ont emballé le peuple malgache. Vous aurez des rôles importants à jouer pour la refondation de la République et la relance du dévelop­pement économique sur la base solide du vouloir vivre ensemble. Le moment est venu de restructurer le fonctionnement des partis politiques malgaches désordonnés et éparpillés, facteurs de division. Depuis une cinquantaine d’années, avec des amis leaders politiques, acteurs de la société civile, intellectuels, journalistes, artistes, jeunes et femmes, nous avons lutté pour reconstruire la République bâtie sur l’héritage monarchique et colonial. A présent , mes chers Présidents, tous les espoirs sont permis de voir, enfin, Madagascar capable de changer à la racine les systèmes archaïques qui ont bloqué la modernisation de la société malgache. Je vous invite ainsi à avancer sur les deux pieds de la République : l’un au pouvoir, l’autre dans l’opposition. Éviter de pourchasser ceux qui ne pensent pas comme vous. Créer une dynamique de paix et de stabilité des Institutions. Mobiliser ensemble tout le peuple malgache à œuvrer ensemble. Que Dieu vous bénisse, chers Présidents, et protège la Grande Ile.
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