Faim sans fin


Et rebelote. On n’a pas cru si bien faire en consacrant une double page sur la récurrence de la malnutrition dans le Sud il y a quelques semaines. Cela n’a pas suffi pour que les autorités prennent conscience de la gravité de la situation. Depuis le grand Kere de 1992 qui avait suscité un grand élan national pour venir en aide aux compatriotes du Sud, aucune solution sérieuse et pérenne n’a été adoptée. Rien que du tape à l’œil autour d’un geste de charité, d’une action d’assistanat, d’une réponse à la mendicité pour le besoin d’une campagne de communication. Et à chaque changement de régime, les projets en cours tombent à l’eau même s’il n’en coule pas une goutte à Amboasary, Ambovombe ou à Ampanihy. Beaucoup de projets ont été entamés pour mettre fin une bonne fois pour toutes à la malnutrition et à la famine mais le fait est là. L’inanition a encore de belles années devant elle. Pipe-line, camions citernes, forages... on a tout fait dans le Sud mais pas de façon continue et jusqu’au bout. Le dernier projet date d’il y a deux ans avec le Vatsin’ankohonana qui consiste à donner régulièrement une certaine somme d’argent aux habitants pour qu’ils puissent acheter de quoi manger, cultiver ou constituer un fonds de commerce. Un projet soutenu par les bailleurs de fonds qui a été visiblement abandonné depuis. Aujourd’hui l’ampleur du kere touche onze communes sur dix-huit du district d’Ampanihy. Certaines sources évoquent plusieurs morts mais cela n’a pu être confirmé. On a appris que des appels de détresse ont été lancés depuis neuf mois quand la pluie a oublié Amboasary dans son itinéraire. Aucune réaction n’a été notée malgré une alerte des Nations Unies à travers le PAM. Il y vrai que tout le monde livrait un autre combat contre le coronavirus et a oublié que la faim aussi peut tuer à petit feu et toute une communauté. Le Sud est le grand oublié du Tosika Fameno et du Vatsy Tsinjo. La sécheresse a tout anéanti tout comme la Covid-19. Et on continue à se plaire à montrer un patriotisme en se mobilisant pour les habitants du Sud. On fera un appel pour des dons, on organisera un téléthon, on se montrera généreux, les politiques vont donner une partie de ce qu’ils ont volé... Des actions d’urgence suffisantes juste pour l’urgence mais qui ne servent pas à mettre fin à la faim. La population du Sud ne mérite pas de vivre dans cet éternel assistanat. Ils ont beaucoup d’orgueil et de dignité pour être réduits à cette situation pour le moins humiliante. Il est plus que temps de mettre un terme à cette tragédie humaine. Il faut une politique volontariste et déterminée pour venir à bout de ce phénomène kere qui dure depuis trois décennies. Cela doit être inscrit comme un quatorzième velirano. Pourquoi pas?
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