Virus du pouvoir


A l’Africaine. Il est rare qu’une élection en Afrique se déroule sans heurts avant, pendant et après. Les campagnes électorales sont souvent accompagnées de violences entre les partisans des candidats. Les résultats sont toujours contestés par les perdants. Bien avant la publication des résultats, des candidats affirment avoir remporté le scrutin avec 1% des bureaux de vote. C’est devenu un standard en Afrique. À preuve trois pays organisent actuellement leur élection présidentielle. En Guinée, l’inamovible Alpha Condé est déclaré vainqueur par la Commission électorale, à 82 ans. Un résultat contesté par l’opposition dont les partisans ont manifesté dans la rue. Les forces de l’ordre ont réprimé sans ménagement. Alpha Condé, élu en 2010, réélu en 2015 a traficoté la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat qui ne serait pas le dernier. Il rêve d’une présidence à vie. Son principal challenger Cellou Dallei Diallo ne lui facilitera pas la tâche. En Côte d’Ivoire, la présidentielle est prévue samedi mais les violences ont émaillé la campagne électorale à Abidjan. Les affrontements entre les partisans d’Alassane Ouattara, 78 ans et ses adversaires ont fait trente-quatre morts. La tension persiste à Abidjan à 48 heures du scrutin et certainement après les premiers résultats. Là aussi, Alassane Ouattara, élu en 2010, réélu en 2015, n’était plus candidat pour un troisième mandat mais comme par miracle, son remplaçant Amadou Gon Coulibaly a décédé au mois de mars. Du coup Alassane Ouattara s’est remis en selle par devoir patriotique. En Tanzanie, la présidentielle et les législatives se sont tenues hier. Le président sortant John Magufuli (60 ans) part favori devant l’avocat Tundu Lissu (52 ans). L’opposition dénonce des irrégularités lors du scrutin. Pendant le dernier quinquennat , Magufuli, a nettement muselé l’opposition. Ainsi va l’Afrique qui est toujours à la recherche d’un président idéal pour entamer un véritable décollage économique. C’est surtout l’Afrique francophone qui traîne les pieds et qui est le théâtre d’élections folkloriques, de manipulations constitutionnelles, de contestations des résultats, d’incrustation au pouvoir. On ne fait pas hélas exception. Le virus du pouvoir gangrène la vie politique depuis 62 ans. On ignore si les huiles essentielles peuvent y faire quelque chose.
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