L’impossible aube nouvelle


La voix du sang de notre pays meurtri monte vers les cieux pour leur demander sa part du soleil. Mais les rayons de ce dernier échouent sur des obstacles hermétiques, qui ne se laissent pas facilement éliminer : ce sont les cellules cancéreuses de la misère dont la pourriture s’étend à un rythme incontrôlable et qui installent une longue éclipse qui nous a, depuis des temps immémoriaux, privés de notre portion de lumière que l’indépendance politique, sous le signe de la République, n’a jusqu’ici, pas réussi à nous donner. Le chemin parcouru a toujours été fait par des pas qui n’ont pas pu se défaire de la tache, qui se veut indélébile, de la pauvreté, matérielle mais surtout intellectuelle, qui freine le jaillissement de l’aube nouvelle tant espérée. Six décennies d’indépendance ont fait tomber tant d’orages violents au lieu de la manne céleste, salvatrice, qui pourrait combler nos cœurs et nos âmes endoloris et qui ne fait qu’exister seulement dans nos rêves. Mais une fois qu’on est tirés de cet univers chimérique, on revient dans la prison de la dure réalité dans laquelle la vie quotidienne est perpétuellement hantée par le cauchemar qui nous fait patauger dans une détresse qui nous a abreuvés du poison du malheur qui continue d’intoxiquer notre existence. Cette infection aiguë nous rend alors plus sensibles aux douleurs provoquées par l’augmentation constante du prix coût de la vie. Et en amont, on découvre un grand dénuement intellectuel qui, en aval, se traduit par cette fatalité sur le plan matériel, noyé dans le malheur. Si la roue du destin stagne et nous fait toujours vivre dans l’affliction, c’est parce qu’on ne fait rien pour la faire tourner et ainsi rendre la fortune favorable à notre évasion de ce bagne scellé par le sceau de la misère, et où on nous fait ingurgiter, au lieu des maniocs traditionnels encore comestibles, des gorgées brûlantes d’amertume contaminées par les différentes tribulations. Des fléaux qui ne sont que les traductions physiques d’un dénuement mental qui crache sur l’instruction et l’éducation civique, les premiers remèdes à même de nous donner les ailes de la lucidité perdue et qui pourraient enfin nous faire décoller. Car le crépuscule chassera cette longue et douloureuse nuit quand on aura, tout d’abord, autorisé le soleil de l’éducation à entrer dans notre cerveau assombri par l’absence de la notion du bien commun, déserté par la conscience de l’importance des règles élémentaires d’hygiène, ... Et la lumière ne pourra être que quand elle sera et gouvernera nos esprits à la place des ténèbres qui imposent leur tyrannie qu’il faut renverser.
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