Bailleurs de fonds - La Jirama reste un point noir


Des responsables de la Banque mondiale et du Fmi ont eu une longue entrevue avec le président de la République, hier. Les cadres de coopération entre les institutions de Bretton Woods et l’État, notamment, les réformes à appliquer ont été discutés. Deux heures et demie. Telle est la durée de l’entrevue entre Andry Rajoelina, président de la République, avec une petite délégation de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), hier, au palais d’État d’Iavoloha. La rencontre a été l’occasion de passer en revue les différents champs de coopération entre les institutions de Bretton Woods et Madagascar. À entendre les déclarations de Alphonse Kouagou, directeur exécutif du groupe Afrique II au conseil d’administration du Groupe de la Banque mondiale et Aivo Andrianarivelo, administrateur, représentant de Madagascar auprès du FMI, les réformes nécessaires à appliquer par la Grande île ont, aussi, eu la part belle durant les deux heures et demi d’échange. À l’issue de leur longue entrevue avec le Chef de l’État, les deux personnalités se sont entretenues brièvement avec la presse. S’agissant des points qui sont encore à améliorer au sujet des réformes, les deux hommes ont soulevé la question de la gouvernance énergétique, c’est-à-dire la Jirama. «Nous avons parlé du secteur de l'électricité. Un secteur à améliorer», déclare Alphonse Kouagou. La Banque mondiale est, justement, active dans cette réforme de la gouvernance de la Jirama à travers le Projet d’amélioration de la gouvernance et des opérations dans le secteur de l’électricité (Pagose). La mise en œuvre de ce projet a rencontré quelques péripéties. Il y a eu l’épisode où la Banque a exigé de l’État, le remboursement de «dépenses inéligibles», en novembre et décembre 2021. Un problème résolu, actuellement. Il y a, aussi, la question de l’application du mode tarifaire Optima, en début de l’année dernière. La réticence à appliquer les hausses qu'implique le mode tarifaire Optima a causé une friction entre l’administration Rajoelina et la direction régionale pour l’Afrique de l’Est et du Sud de la Banque mondiale. Actuellement, du reste, la Jirama est retombée dans ses travers avec les délestages infernaux, les énormes gaps à combler dans les comptes et des dépenses outrageuses dans des futilités. Impératif politique Alphonse Kouagou n’en a, cependant, pas dit plus au sujet de l’épineux dossier de l’électricité. Il est probable que le locataire d’Iavoloha s’est évertué à défendre la politique étatique sur ce dossier durant leur entretien. La hausse à 500 milliards d’ariary de la subvention allouée par l’État à la Jirama, inscrite dans la loi de finances rectificative fait, en effet, grincer des dents du côté de Bretton Woods, notamment, dans les hautes sphères du Fmi. Un impératif politique, cependant, étant donné les conséquences crisogènes des coupures d’électricité. Aivo Andrianarivelo, justement, a, quant à lui, été plus parlant sur les enjeux de l’amélioration nécessaire de la gestion de la Jirama sur les dossiers en cours avec le Fmi. Il n’a pas évoqué la hausse de la subvention étatique à allouer à la société énergétique. L’administrateur, représentant de Madagascar auprès du Fmi souligne, toutefois, que «la gouvernance énergétique, la gestion de la Jirama», reste parmi les points à améliorer sur les critères d’évaluation de Madagascar dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (Fec). Outil de soutien financier du Fmi, Madagascar a de nouveau bénéficié de la Fec depuis mars 2021. Le Fonds monétaire international lui accorde ainsi une enveloppe d’un peu plus de 312 millions de dollars dont le décaissement est divisé en sept tranches. La durée de son exécution est de quarante mois. Le feu vert pour la Fec, en mars 2021, a été assorti du décaissement immédiat d’un peu plus de 69 millions de dollars. Après une première revue d’évaluation, en octobre 2021, un second décaissement de 67 millions de dollars a été accordé en mars dernier. Actuellement, Madagascar attend les résultats de la deuxième revue d’évaluation qui a été faite du 18 mai au 1er juin. Selon Aivo Andrianarivelo, le dossier de la Grande île devrait être à l’ordre du jour de la prochaine réunion du conseil d’administration du Fmi, en début septembre. À l’entendre, le décaissement d’une nouvelle tranche de la Fec serait en bonne voie. «Si nous sommes ici, avec un administrateur de la Banque mondiale, c’est pour souligner les efforts positifs faits par Madagascar. Nous sommes optimistes que le conseil d’administration du FMI donnera son accord pour le prochain décaissement», affirme-t-il. S’agissant du prochain décaissement de la Fec, le board du Fmi devrait tolérer les errances dans la gouvernance de la Jirama et la hausse de la subvention étatique pour combler le gouffre, en raison des enjeux socio-économiques. La concession étatique à appliquer la hausse des prix du carburant pourrait équilibrer la balance. L’impérative amélioration nécessaire de la gestion de la Jirama et la réduction conséquente, voire la fin des subventions étatiques restent, néanmoins, d’actualité pour les institutions de Bretton Woods, surtout le Fmi. Ceci dans l’idée de réduire les dépenses providentielles de l’État, pour augmenter les budgets d’investissement. Un des points discutés à Iavoloha, hier, concerne, justement, les prévisions budgétaires pour 2023. Les besoins et les dépenses nécessaires et opportunes pour le développement du pays, auraient ainsi été discutés. Rendez-vous en septembre Un mal nécessaire. Ce sont les mots de Aivo Andrianarivelo, administrateur, représentant de Madagascar auprès du FMI, pour parler des effets des décisions impopulaires prises par l’État pour se conformer aux recommandations de l’institution de Bretton Woods. Il évoque l’exemple de la hausse du prix du carburant. Du fait de ces efforts, le dossier de Madagascar qui sera pris en main par le conseil d’administration du FMI début septembre, devrait déboucher sur le feu vert pour le décaissement d’une nouvelle tranche de la Fec. L’administrateur qui siège au Fmi au nom de Madagascar souligne, cependant, que des efforts restent à faire dans le domaine de la gouvernance énergétique, mais aussi, de la mobilisation des ressources internes.
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