FMI - Feu vert pour le décaissement du FEC


Le conseil d'administration du FMI a signé l'octroi de la FEC, mercredi. Le coup d'envoi au décaissement de 310 millions de dollars sur trois ans. Accordé. Après deux ans et demi d'âpres négociations, Mada­gascar obtient enfin, l'autorisation d'avoir accès à la manne du Fonds monétaire international (FMI). Lors d'une réunion, mercredi, le conseil d'administration de l'institution de Bretton Woods a donné son aval pour le décaissement de 310 millions de dollars au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC). Attendue comme graal, la décision du conseil d'administration du FMI est accueillie avec jubilation par Iavoloha. Selon un proche de la présidence, Hery Rajao­narimampianina, président de la République, et ses collaborateurs se félicitent du fait que « c'est un symbole fort de la reprise des relations financières des institutions internationales et un signal fort lancé aux partenaires techniques et financiers pour ouvrir les vannes. C'est, également, une manifestation de la satisfaction des partenaires internationaux concernant la concrétisation des réformes de l'administration et des finances publiques ». Le communiqué rapportant la décision, de mercredi, reçu par la présidence indique effectivement que « l’octroi de ce concours confirme d’une part, que toutes les mesures préalables convenues avec les services du FMI ont été exécutées et que d’autre part, les assurances de financement nécessaires au programme ont été obtenues ». Le programme de référence proposé par Madagascar, en septembre 2015, et sa concrétisation ont donc, été satisfaisantes. Les 310 millions du FEC serviront au renforcement de la balance des paiements et les réserves en devise de la Grande île. Comme l'indique la source auprès de la présidence, ce feu vert est un signal à l'endroit des au­tres bailleurs et investisseurs, indiquant que Madagascar est de nouveau un terrain d'investissement jouable. À deux vitesses Le communiqué parvenu à la présidence souligne, néanmoins, qu'« Il importe maintenant pour le Gouver­nement de réussir la mise en œuvre de tous les engagements de réformes définis dans le programme ». Sont cités en exemple « l’amélioration de la gestion des dépenses publiques, l’accroissement des recettes fiscales, le renforcement de la lutte contre la corruption et le redressement de la Jirama ». En principe, la première tranche de la somme inhérente au FEC, environ 40 millions de dollars devrait être disponible quelques jours après la décision, de mercredi. Au regard du communiqué, toutefois, une concrétisation soutenue des réformes inscrites dans le programme de référence sera suivie de près. Bien qu'étant membre du FMI, la Grande île est en droit d'avoir accès aux aides de l'entité financière, tout relâchement risque d'être sanctionné par une nouvelle fermeture des robinets. L'adoption au Parlement du nouveau statut de la Banque centrale, des textes sur la lutte contre la corruption, ou encore l'augmentation des tarifs de la Jirama et le retour à la vérité des prix à la pompe, entre autres, ont, pour l'heure, suffi à convaincre les décideurs du FMI. Les mesures touchant directement aux portefeuilles pèsent lourdement sur les ménages. Elles risquent, cependant, de s'accentuer. Pour apaiser la grogne des habitants de Tolagnaro quant à l'augmentation du prix du riz et des produits de première nécessité (PPN), lundi, Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, a pesté contre « une tentative de déstabilisation économique ». Un argument recevable. Rado Ratobisaona, enseignant à l'Institut d'étude politique (IEP), explique, néanmoins, que l'inflation des PPN est, aussi, en relation de cause à effet avec le retour à la vérité des prix. Selon les explications de l'enseignant, la politique étatique de relance ne semble pas avoir prévu d'équilibrer l'inflation et l'augmentation des salaires pour anticiper les chocs sur le pouvoir d'achat. Un communiqué du FMI en date du 8 juin 2016 rapporte que « le Programme contribuera à stimuler l’investissement privé et à mobiliser le soutien des partenaires techniques et financiers ». La situation économique indique, cependant, que le secteur privé local rechigne encore à investir. En intensifiant la séduction internationale, l'État a semblé quelque peu négliger les acteurs nationaux. Une démarche à revoir au risque d'un programme à deux vitesses. Garry Fabrice Ranaivoson
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