Loisirs - PHOTOGRAPHIE - Christian Sanna immortalise le « Moraingy »


Une immersion dans les coulisses de ce sport traditionnel typique de la Grande île qu'est le « Moraingy ». Le photographe Christian Sanna nous invite à entreprendre un voyage initiatique à ses côtés, le temps d'une exposition unique. Convier la majorité à découvrir, apprécier et comprendre autrement l'essence même de ce sport traditionnel et intemporel qu'est le « Moraingy ». C'est dans cette optique que le photographe Christian Sanna expose ses clichés, à l'Institut français de Madagascar (IFM) à Analakely, du 3 au 21 juillet. Reconnu de prime abord comme un sport de contact sensationnel, le « Moraingy » est tout autant apprécié pour son folklore que pour les valeurs fraternelles qui le régissent depuis des générations. Apportant un point de vue plus contemporain sur le sujet, Christian Sanna s'est plu à immortaliser, à travers son objectif, un univers exclusif où sport et tradition s'entrechoquent. Surtout en noir et blanc, le photographe présente une série de portraits de lutteurs qui respirent assurance et détermination, avant d'entamer la lutte. De quoi émerveiller, mais surtout susciter la curiosité du public sur l'histoire et les origines de ce sport de combat traditionnel de l'Ouest. Cette exposition qui égaye, l'IFM promet un voyage transcendant, en ode à la force, à la témérité et au courage du malgache. Un sport, une histoireLe Moraingy est un sport de combat traditionnel pratiqué sur la côte Ouest, par les Sakalava. Jadis, on le pratiquait comme un jeu, comme un moyen de se défendre, et comme un entraînement à la guerre. Pendant un combat, l’adversaire n’est pas vu comme un ennemi, mais un moyen de se construire. Voyez le tableau : des spectateurs assis en cercle, un terrain de terre, de la musique saturée et deux adversaires ou les « Fagnorolahy » face à face. À l'origine, le Moraingy était considéré comme un jeu, mais aussi comme un moyen de défense et un entraînement à la guerre. Les combats occupaient surtout les dimanches après-midi et les jours de fête. Il illustre ainsi le fameux Fihavanana , ce concept de solidarité et d'amitié qui régit la culture malgache. [caption id="attachment_65115" align="alignleft" width="288"] Avec ses portraits, Christian Sanna a choisi de documenter son sujet qui témoigne
de l’engouement des jeunes malgaches
de Nosy Be pour une pratique sportive
à caractère traditionnel.[/caption] Des portraits pleins de vivacité « Les moments d’échauffement, d’entraînement ou de solitude évoquent à la fois la préparation à la lutte intérieure et une manière de se reconstruire, pour les jeunes laissés-pour-compte des mutations de l’île », affirme Christian Sanna en évoquant son travail. Pour les scènes de combat, les lutteurs sont saisis dans des poses classiques, suspendues dans le temps. Les corps sont inscrits dans une gestuelle relevant d'une épopée héroïque. Retranscrivant à travers ses clichés l'ambiance chaleureuse et joviale du Moraingy, le photographe aide à la compréhension de cette tradition. Chaque cliché expose alors une personnalité propre à chaque lutteur, dans lequel le dynamisme de ce sport se ressent. [caption id="attachment_65112" align="alignleft" width="253"] Fondée sur des valeurs ancestrales, la pratique
du Moraingy se présente comme un spectacle vivant à part entière. « Un vecteur identitaire fort, mobilisant de manière récurrente la dimension mémorielle
et patrimoniale », explique Christian Sanna.[/caption] Des combattants amicaux Avec le temps, le Moraingy est devenu un spectacle qui génère de l'argent. Certains combattants sont maintenant connus et reconnus, et ils essayent de professionnaliser la pratique. Le Fagnorolahy est un personnage important, il vient et se bat pour sa communauté, mais aussi pour lui. Il représente son village, mais aussi lui-même, et son accomplissement dans le combat. Mais le Fihavanana ne lui permet pas l'arrogance et lui impose l'humilité. Il danse, parade, brandit son poing et reçoit de l'argent des spectateurs lorsqu'il a bien combattu. Un photographe aguerri [caption id="attachment_65113" align="alignright" width="253"] Transmis de génération en génération, le Moraingy exalte
la fierté sinon l’orgueil d’une région, d’un village, d’un quartier, d’où son rôle de ciment de la communauté.[/caption] Né en 1989, originaire de Madagascar où il réside jusqu'à la fin de ses études secondaires, arrivé en France, Christian Sanna entreprend des études à l’École supérieure de photographie et de « game design » (ETPA) de Toulouse pour professionnaliser ses connaissances photographiques durant trois années d'études qu'il termine en 2016. Photographe indépendant, depuis il vit entre l'Hexagone et la Grande île. En août 2017, il lance la série «Moraingy» qui est d'entrée sélectionnée pour la 11e édition des Rencontres de Bamako, pour la « Biennale Africaine de la Photographie ». Avec cette exposition, Christian Sanna présente pour la première fois son travail dans son pays natal.
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