Le commerce vecteur de croissance inclusive et durable


L'histoire de ces 70 dernières années atteste que croissance et commerce vont de pair. En effet, le commerce permet d’engendrer les conditions propices à plus de création de richesses. Il permet aussi une allocation efficace des capitaux. Des pays tels que le Japon, le Brésil, le Botswana ou encore la Chine, le démontrent amplement. C’est le commerce qui a permis aux populations de passer de l'agriculture de subsistance aux produits agroalimentaires. C’est aussi le commerce qui a permis de transformer l'exportation de produits à faible valeur à celle de biens à plus haute valeur ajoutée désirés par le voisin, voire par le monde entier. C’est enfin, encore le commerce qui engendre productivité accrue et création d’emplois de plus en plus qualifiés. Pour ma première visite officielle à Mada­gascar en qualité de Directrice exécutive du Centre du Commerce International (CCI), le message que je souhaite faire passer est que le commerce peut sans aucun doute être un vecteur de développement pour tous. Les économies en développement qui ont su s’arrimer à l’essor de l'économie mondiale ont ainsi pu échanger technologies et idées nouvelles contre biens à l’exportation. Comme le prouve la toute récente ratification de l'accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la Facilitation des échanges, le gouvernement de Madagascar s'est engagé à soutenir la croissance et le développement par le biais du commerce. Cet accord qui simplifie les procédures transfrontalières et améliore les infrastructures douanières promet une baisse réelle des coûts commerciaux. Les États rendent ce commerce possible grâce à un fin maillage d’accords commerciaux que ce soit dans le cadre multilatéral de l’OMC, au niveau régional via des zones d’échanges privilégiées telles que la zone COMESA ou, encore, grâce à des accords de Partenariat économique avec l’Union européenne. Il appartient donc aux gouvernements de s’entendre pour garder leurs marchés ouverts aux biens et services de leurs partenaires. Mais il ne suffit pas d’ouvrir les marchés. Il faut encore que le commerce ait lieu. Il faut de plus s’assurer que les entreprises locales soient en mesure d’utiliser ces opportunités commerciales. C’est bien le rôle du CCI, l’agence de développement conjointe de l’OMC et des Nations Uniesqui ont pour mission d’aider les pays à transformer le potentiel commercial en retombées pour les entrepreneurs. Pour ce faire, il aide en priorité les petites et moyennes entreprises (PME) à accéder à l’intelligence commerciale, à accroitre leur compétitivité, à améliorer le financement et à se connecter aux marchés. Pourquoi les PME ? Parce qu'elles représentent plus de 90% des entreprises dans tous les pays. De ce fait, elles génèrent la grande majorité des emplois privés en particulier pour les jeunes et particulièrement les femmes qui réinvestissent l’essentiel de leurs revenus au bien-être de leurs familles et communautés.Ce sont les PME qui jouent donc, de facto un rôle clé pourque le commerce soit plus inclusif. Depuis plusieurs années, le CCI et Mada­gascar coopèrent pour atteindre ces objectifs. Nous avons appuyé le Ministère du commerce pour l’élaboration de sa stratégie à l'exportation et travaillons main dans la main avec l’ITBM afin d’offrir de meilleurs services aux entreprises malgaches qui cherchent à développer leurs activités à l'étranger. En outre, le CCI a travaillé directement avec le secteur privé malgache pour développer son intelligence économique, ses capacités d’information aux marchés et ses opportunités à l’export tant au niveau régional qu'à l'international. Le potentiel commercial de Madagascar est riche et divers. Le pays bénéficie d’une biodiversité unique au monde. Elle peut constituer une source de revenus pour des populations rurales pourvu qu’on marie commerce avec durabilité. C’est l’objet de notre soutien aux communautés qui entourent le Parc National de Makira. À cet effet le CCI et des ONGs avec le gouvernement de Madagascar forment des femmes aux méthodes de récolte durables du raphia, à la confection de sacs et de chapeaux à haute valeur ajoutée à l’exportation ainsi qu’à la promotion de l’écotourisme de l’île. Madagascar dispose également d’une agriculture très variée. Elle peut devenir davantage un moteur d’emplois et de croissance pour autant que le commerce des matières premières agricoles devienne de l’agroalimentaire de qualité. Ceci pourrait se faire, en renforçant, d’une part, la capacité des PME à satisfaire les normes et standards de qualité et d'hygiène, ce qui permettrait d’ouvrir la voie vers de nouveaux marchés.Ceci pourrait aussi se faire, d’autre part, par l’allègement desbarrières et procédures administratives qui handicapent particulièrement les petites entreprises. Un tel changement permettrait également à Mada­gascar d’améliorersa compétitivité dans d’autres secteurs tels que, le textile et l'habillement dont elle dispose des avantages comparatifs. Enfin, il faudrait libérer le potentiel du commerce des services, un secteur qui représente plus de la moitié de l’économie malgache. Le tourisme, les services informatiques et de commerce en ligne, la logistique, la distribution ou encore les services environnementaux pourraient devenir une source d’emplois de qualités. Ceci nécessiterait l’investissement dans la formation et l’entreprenariat, combiné à un cadre réglementaire adapté. Pour que cette promesse du commerce devienne réalité, elle requiert une approche concertée et volontariste de l'ensemble des acteurs aux niveaux gouvernemental, entrepreneurial et de la société civile. La compétitivité commerciale doit être le fil conducteur de ce processus. C’est à un commerce à plus forte valeur ajoutée, plus inclusif et écologiquement durable que nous devons aspirer pour Madagascar, qui pourra toujours compter sur le CCI pour l'accompagner. Par Arancha Gonzalez, Directrice Exécutive du Centre de Commerce International (CCI)
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