Fête du travail - Les syndicalistes se défilent


Le préfet de police d’Antananarivo-ville peut souffler. Le 1er mai se fêtera sans manifestation de rue, Covid-19 oblige. La célébration de la Fête du travail de vendredi aura une allure de cortège funèbre. À cause de l’arrêt ou la suspension des activités économiques, par respect pour les mesures de confinement, afin d’endiguer l’avancée du coronavirus à travers le monde, des millions de salariés ont été mis au repos malgré eux. En congé payé obligatoire ou au chômage technique partiel. Et comme le rassemblement de plus de cinquante personnes est interdit, ici comme ailleurs, qui va encore défiler pour marquer cette journée où les syndicalistes du monde entier dénoncent les multiples violations des droits des travailleurs. Même les conférences-débats à thèmes risquent de ne pas avoir lieu. Du coup, le préfet de police de la capitale, le général Angelo Ravelonarivo va passer une fin de semaine des plus tranquilles. Lui qui a toujours été débordé par des demandes d’autorisation à manifester à l’approche du 1er mai, peut laisser échapper un grand ouf de soulagement. Grâce au Covid-19.

Pratique malsaine

À Madagascar, la lutte syndicale a toujours été noyautée par des visées politiques. Des partis au pouvoir, l’Arema de Didier Ratsiraka et le TIM de Marc Ravalomanana, ont mis des ministères sous la coupe de leurs fervents militants. Ceux de l’Éducation nationale et de la Santé publique, deux départements stratégiques pour orienter le choix des électeurs dans les contrées lointaines. Il aura suffi de dire que des écoles primaires publiques et des centres de santé de base vont être fermés si les résultats des élections dans une commune contredisent les attentes du pouvoir central, pour faire le plein des voix. Un terrorisme psychologique d’une efficacité redoutable dans le subconscient des pauvres paysans, analphabètes de surcroît. Cette pratique malsaine visait aussi des fonctionnaires récalcitrants au diktat des syndicats étatiques. Ils s’exposaient à des affectations abusives, qualifiées de disciplinaires. Une approche qui a dégouté plus d’un. Aussi, différents essais de rameuter les agents de l’État sous la bannière de l’intersyndicale n’ont-ils pas échoué, torpillés par les intérêts politiques défendus par chaque leader. Qui, une fois casé dans un cabinet ministériel, oublie aussitôt la lutte de classes et d’où il venait. Dans le secteur privé, une infime partie des salariés, 10% à peine sont syndiqués. Malgré les interminables explications de l’importance de cette arme redoutable pour défendre leurs situations souvent précaires. Au grand bonheur du patronat. Qui peut mener à sa guise des employés dociles et obéissants.  
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