Conjoncture - Opposition cherche patron


La Constitution garantit le droit d’opposition démocratique. En attendant les prochaines législatives, le nouveau régime mis en place dispose d’une large latitude Et la suite ? Le Premier ministre et son gouvernement sont nommés dès la première semaine de la présidence de Andry Rajoelina. Ceux qui ont raté le coche pour intégrer la haute sphère de l’exécutif sont encore en observation. Le mandat des députés prendra fin dans une semaine alors que le décret de convocation des électeurs pour les prochaines élections législatives est hypothétique. Un boulevard s’ouvre ainsi au nouveau président de la République jusqu’à nouvel ordre d’autant que le prochain chef de l’opposition doit être désigné au lendemain des législatives. La Constitution dispose en effet ,dans son article 14, qu’après chaque élection législative, « les groupes politiques d'opposition désignent un chef de l'opposition. À défaut d'accord, le chef du groupe politique d'opposition, ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés lors du vote, est considéré comme chef de l'opposition officiel. » Depuis l’indépendance, Madagascar n’a jamais connu d’une opposition structurée. Dépourvue d’une idéologie claire, elle a toujours été dictée par des alliances de circonstance. Bien que la loi portant statut de l’opposition et des partis d’opposition soit en vigueur depuis 2011, son application n’a jamais été effective. En l’absence d’un cadre clair, la voix des opposants au régime souffre de crédibilité. Un enjeu majeur « Quand je serai élu, je vous laisserai volontiers le poste du chef de l’opposition » annonce Andry Nirina Rajoelina à Marc Ravalomanana lors du dernier débat télévisé entre les deux candidats en décembre. Une déclaration en cohérence avec le document Initiative pour l’émergence de Madagascar (IEM). Dans la partie traitant le plan sectoriel de la réconciliation et de la participation citoyenne, le document IEM évoque « un renforcement de la capacité d'action des acteurs du jeu politique à travers la définition d'un cadre juridique et politique déterminant les droits et devoirs de l'opposition (…) pouvant garantir l'effectivité et la jouissance de ses droits et obligations ». Dans la configuration de l’échiquier politique actuel, l’identité du chef de l’opposition est floue. Marc Ravalomanana est arrivé en seconde position lors du second tour et dispose d’une dizaine de députés jusqu’au 5 février. De son côté, avec ses milliers de maires élus sous les couleurs du parti Hery vaovao ho an’i Madagasikara (HVM) et une majorité incontestée au Sénat, Hery Rajaonarimampianina, est à considérer malgré ses scores lors du premier tour. Toutefois, les deux personnalités semblent accorder une période de grâce au nouveau régime mis en place. Garanti par la Constitution, le droit d’opposition démocratique revêt un enjeu majeur. Par ailleurs, la loi sur le statut de l’opposition prescrit dans son article 16 à 19 de réels pouvoirs. Il s’agit ,entre autres du droit de réplique aux messages et autres interventions médiatisées du président de la République ou du chef du Gouvernement. En attendant, le président de la République convoque les députés pour une session extraordinaire. Une session qui intervient à quelques jours de la fin du mandat des députés. L’ordre du jour étant un projet de loi autorisant le chef d’État à légiférer par ordonnance.
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