Le jour d’après


De ce jour, ce devait être en 1982, j’ai gardé le souvenir de Marcel Razanamasy, alors membre de la Haute Cour Constitutionnelle, balayant les requêtes sans preuve et les dénonciations mystérieuses en disant que «la HCC n’a pas le pouvoir ésotérique de divination». Un jour, et fasse que ce soit dès 2023 et les prochaines élections présidentielles, j’espère ne plus avoir à rappeler de vieilles Chroniques toujours d’actualité, comme celle-ci, du 06 jancier 2014 : «Dans les pays modernes, où les résultats sont connus à l’instant même de la fermeture des bureaux de vote, tout le monde s’en remet immédiatement aux premières projections de l’administration chargée de l’organisation électorale : le caractère républicain de la démocratie, qu’on pourrait rapprocher de notre volonté de «Fihavanana», réside dans la reconnaissance publique de sa défaite, précédée de félicitations personnelles privées, à l’adresse du vainqueur» (Chronique VANF, «Le decorum est déjà le message»). Grandir en élections, grandir en démocratie, suppose, au-delà de l’informatisation intégrale de tout le processus, une posture encline à l’acceptation du verdict plutôt qu’une attitude volontiers de contestation. Grandir en élections, grandir en démocratie, c’est un jour cesser d’appréhender le jour d’après, le lendemain de la proclamation. Bien évidemment, la confiance en amont dans l’organisation, favorisera la confiance en aval dans les résultats. À l’instar de ce qui se passe dans les «vieilles» démocraties, d’abord et surtout établies dans les moeurs des populations et dans les pratiques de la classe politique, nous aurions aimé que lesdits résultats n’attendent pas J+21 pour leur proclamation. Un résultat idéalement connu en temps réel suppose également de concéder aussitôt dans la foulée sa défaite, pour le camp qui viendrait à perdre. Les trois principaux candidats auraient pu se partager les trois tiers de l’électorat, mais les résultats officieux du premier tour sont trop marqués pour qu’il subsiste un doute quant à l’identité des deux finalistes au second tour. L’élimination du Président sortant est définitivement inédite, mais si cette élimination précoce apparaît comme une sanction à son encontre, elle sonne également comme un avertissement à son successeur et pourrait légitimer l’idée d’un mandat unique, irrévocable et non renouvelable. Avec l’histoire comme seule juge. À ce président sortant, déjà inscrit dans le jour d’après, j’aimerais rappeler à son actif l’acceptation de l’écourtement de son mandat et une démission dans les règles fixées par la Constitution. Cette image de «démocrate» doit être parachevée par l’acceptation digne du verdict des urnes. D’une première malheureuse, il ferait alors un précédent historique.
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