Nations Unies - De Kofi Annan à Ban Ki Moon


«Quand j’ai commencé à travailler pour les Nations Unies, j’ai pensé rester deux ans. Quarante ans plus tard, je suis encore là, et à un niveau dont je suis tout de même fier, autant pour moi-même que pour l’Afrique. » Ainsi parlait Kofi Annan en faisant la rétrospective d’une carrière couronnée par un Prix Nobel de la Paix en 2001. Les relations de Kofi Annan avec les États-Unis qui ne se privaient pas de peser de tout leur poids sur l’Organisation hébergée sur leur sol, passaient par autant de hauts que de bas, sans que le placide Secrétaire général s’en sente déstabilisé pour autant. Sa plus grande source d’amertume était, au contraire, l’Afrique où certains contradicteurs, pour ne citer que l’ivoirien Laurent Gbagbo, n’ont guère regretté sa fin de mandat. Parmi ses points positifs, on citera le Liberia et la Sierra Leone qui retrouvaient la paix, alors que la République Démocratique du Congo ne parvenait pas à se défaire de ses vieux démons. Les bruits de bottes s’amplifiaient dans la Corne de l’Afrique, tandis que le Soudan et la Côte d’Ivoire s’enfonçaient dans la crise. Laurent Gbagbo jouait la carte de l’intransigeance et était allergique à toute ingérence étrangère dans les affaires de son pays, y compris celle du Groupe International de Travail dont son parti, le Front Populaire Ivoirien, exigeait la dissolution. « Les nations interviennent de partout, même celles qui n’ont rien à voir chez nous. Leur voie n’est pas la voie de la Côte d’Ivoire, pas plus que leur voix n’est notre voix. Moi, par contre, je sais exactement où je vais et où j’emmène la Côte d’Ivoire. Nous ne sommes plus disposés à ce que les autres tiennent à faire la paix pour nous. » Parmi les dossiers chauds que Kofi Annan n’est pas parvenu à régler durant ses deux mandats, on pourrait aussi citer la Somalie, la rébellion ougandaise, le Darfour, et le Sahara Occidental dont la meilleure solution aux yeux de certains était… le pourrissement. On était très loin de l’atmosphère qui a prévalu lors de sa visite à Madagascar, interprétée comme une victoire aussi bien par les gouvernants que par l’opposition qu’il a reçue au Madagascar Hilton. Un interlude qui est resté dans certaines mémoires est sa visite du chantier du Rova pendant laquelle il a eu ce mot : « Ce palais était à l’origine un édifice de bois qu’on a, par la suite, entouré de pierre. Aujourd’hui, les techniciens ont préféré commencer par la pierre. C’est comme l’histoire de la Bible : Les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers. » Des dossiers sensibles Le Rwanda, enfin, est une épine que Kofi Annan s’est retirée du pied avec soulagement en partant. Lui qui avait mandaté trois experts indépendants pour enquêter sur le crash de l’avion du président Juvenal Habyarimana, à l’origine du génocide, a toujours gardé leur rapport dans quelque tiroir. Un dossier trop sensible ? Le ministre sud-coréen des Affaires Etrangères Ban Ki Moon lui succéda le 1er janvier 2007 sur le toit du monde. L’élection de ce dernier ne faisait plus de doute depuis qu’il était parvenu à réunir le soutien des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité. Ses concurrents indien, thaïlandais, letton, jordanien, et afghan s’étaient retirés l’un après l’autre, laissant la place libre à celui qui, une fois élu, s’était déclaré à la fois « ravi et accablé » par le poids de ses futures responsabilités. On disait Ban Ki Moon redoutablement efficace, et tenant tout particulièrement à son image de diplomate solidaire du Tiers Monde. Ses priorités déclarées étaient la lutte contre la pauvreté, le sida, ainsi que la défense des Droits de l’Homme, autant de thèmes théoriquement très proches d’une Afrique qui tirait sa révérence après les quinze ans combinés de Boutros Boutros-Ghali et de Kofi Annan. Mais cela ne pouvait suffire pour que le nouveau Secrétaire général puisse accorder à l’Afrique toute l’attention que le Continent aurait souhaitée. Les situations conflictuelles ne manquaient pas non plus en Asie pour ne citer que l’Afghanistan, le Cachemire, les dernières dictatures militaires comme la Birmanie, et surtout la péninsule coréenne qui concernait le Secrétaire général au plus haut point, et où aucun traité de paix n’a jamais été signé entre le Nord et le Sud.
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