Fibre optique - Telma réplique à l’État


On attendait la réponse de Telma depuis l’annonce faite par le ministre Christian Ramarolahy de libéraliser la fibre optique. C’est fait, et elle a été cinglante. Fausse bonne idée. Accusé d’être le respon­sable de la cherté d’Internet à Madagascar de par sa position de « monopole », Telma a fait fort hier, en promettant au gouvernement de baisser les prix si celui-ci baisse le niveau des droits d’accises. « Internet est aujourd’hui un luxe parce qu’il est taxé comme un produit de luxe », a affirmé un Patrick Pisal incisif devant la presse hier, pour dévoiler les nouveautés de Telma, mais surtout pour apporter le point de vue de l’opérateur quant aux velléités du gouvernement de « libéraliser » la fibre optique. L’administrateur directeur général de la société s’est fendu d’une déclaration lourde de sens en promettant au gouvernement de diminuer le prix de 10% à chaque baisse d’un point des droits d’accises qui s’élèvent actuellement à 8%. Préconisant une baisse de cinq points c’est-à-dire à 3%, il promet ainsi un prix 50% moins cher. La carotte. Multiplier par dix Patrick Pisal a rappelé le cadre règlementaire qui prévaut actuellement, celui mis en place en 2014 qui incite les opérateurs à investir, mais dans les zones où il n’y a pas encore la fibre, le but étant de couvrir tout Madagascar. C’est justement cette non-duplication de l’infrastructure qui est remise en question par la déclaration du mini­stre de tutelle Christian Ramarolahy, une déclaration qu’il qualifie de « fausse bonne idée » dans une optique de baisser les prix. Accusé donc d’avoir le monopole sur la fibre dans le pays, Patrick Pisal préfère utiliser le terme « mutualisation des infrastructures », invitant les autres opérateurs à s’intéresser aux 5 000 km qui restent à couvrir sur l’Ouest de l’île, au lieu de lorgner sur les axes déjà existants. « Oui nous sommes dans une position dominante actuellement, mais c’est parce que nous avions investi pendant que les autres n’ont rien fait », a-t-il asséné en marge de la présentation, sachant que les deux tiers du territoire sont déjà couverts. Il a, par ailleurs, indiqué que les axes les plus intéressants en termes de données sont Antananarivo-Toamasina et Antananarivo-Mahajanga, ce qui représente 80% des ventes vis-à-vis des opérateurs. Pour l’heure, c’est justement uniquement sur l’axe Antananarivo-Toamasina que le concurrent Orange s’est engagé à investir, a déploré Patrick Pisal. « Si nous n’aurions plus à vendre sur ces axes, nous allons devoir augmenter par dix les prix pratiqués dans le Nord et dans le Sud », a-t-il conclu. Le bâton. Patrick Pisal a tenu à indiquer qu’actuellement, l’opérateur backbone, en l’occurrence Telma, est dans l’obligation de vendre aux autres opérateurs à un prix plafonné par l’État. Telma a réuni la presse pour annoncer la signature d’un contrat avec Ericsson qui prévoit un investissement de 100 mil­lions d’euros sur quatre ans pour l’extension de la couverture mobile sur tout le territoire. La mise en service du premier câble sous-marin national reliant Nosy-Be à la Grande terre a également été annoncée.
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