Comportement - Un timide surmonte le trac en public


L’association club Toastmasters voit le jour à Madagascar. Il a pour objectif d’aider ses membres à affronter le trac en public et de pousser le leadership. Un jeune témoigne de son expérience. Confiance en soi. Sitraka Ratsimba, un jeune homme de 27 ans, parle aisément en public. Sur la scène de l’American Center à Tanjombato, devant des invités de marque, comme le ministre de l’Éducation nationale et son staff, un diplomate de l’ambassade des États-Unis, des jeunes comme lui, et des caméras, il fait un discours en anglais, bref et précis, sur le Club Toastmasters, qui capte l’attention de ses auditeurs. C’était mercredi, dans le cadre du lancement officiel de l’association « The first Toastmasters Club of Madagascar ». Ce vice-président du club, chargé de l’éducation, débite quelques phrases qui font rire son public, comme lorsqu’il raconte son premier voyage à l’étranger, plus précisément à Bénin où le français est la langue officielle. « J’avais de la difficulté à discuter, car c’était la première fois que je parle dans une langue étrangère. Je me demandais à l’époque, pourquoi tout le monde ne parle-t-il pas malgache ? ». Il a été fortement applaudi à la fin de son allocution. [caption id="attachment_69751" align="alignright" width="370"] Sitraka Ratsimba a vaincu sa timidité.[/caption] Petite voix S’exprimer en public n’a pas été aussi simple pour Sitraka Ratsimba. Avant, même parler dans un groupe d’amis était un calvaire pour lui. « On devait me prendre pour un gars bizarre. Je ne participais pas aux discussions, je me tenais juste debout avec eux. Je n’osais même pas dire que je m’en allais », lance ce professionnel du marketing digital. Sitraka Ratsimba n’avait pas confiance en lui. « Avant, quand je voulais poser une question, j’entendais une petite voix dans ma tête qui me disait tu ne vas pas y arriver . Du coup, j’oublie la question et je tremble en même temps », témoigne-t-il. « J’ai toujours cru que je ne suis pas quelqu’un d’important. Car lorsque je disais quelque chose de faux, on riait de moi ». Il se faisait alors petit, il n’avait pas beaucoup d’amis. Tout cela est maintenant derrière lui. Depuis qu’il a intégré un Toastmasters à Berlin, en décembre 2017, il a pris confiance en lui. Ce club lui a donné des repères pour lui procurer l’« estime de soi ». « Je suis à l’aise lorsque je parle. Je ne suis plus gêné », affirme-t-il. Sitraka Ratsimba veut inspirer les jeunes comme lui. « Il est préférable que nous n’écoutions pas cette petite voix qui nous dit que l’on n’y arrivera pas. On doit la contrôler. Et intégrer le club Toastmasters car on va pouvoir vous aider à surmonter vos peurs ». Premier club à Madagascar Le premier club Toastmasters à Madagascar a vu le jour en juin 2018 et est lancé officiellement, mercredi dernier. Il est reconnu officiellement par le Toastmasters International dont le siège est aux États-Unis, depuis juillet 2018. « Il s’agit d’un projet élaboré par les techniciens du ministère de l’Éducation nationale. C’est le fruit de sa collaboration avec l’ambassade américaine à Antananarivo », indique le ministre de l’Éducation nationale, Gatien Horace, lequel a honoré de sa présence le lancement du projet. Une trentaine de jeunes ont adhéré à ce club, actuellement. Opportunités pour les jeunes « La création de ce club me touche particulièrement. Je crois en l’avenir de nos jeunes grâce à lui », s’est exprimé le ministre Gatien Horace, dans le cadre de l’événement. Beaucoup de jeunes Malgaches seraient bloqués par le manque de confiance en soi, pour réussir quelque chose. « On pense souvent qu’on n’a pas la capacité de faire telle ou telle chose. On s’arrête avant même de commencer, à cause de ce manque de confiance en soi », avance un éducateur. Comme le dit le ministre, la création de ce club devrait aider nos jeunes à sortir de ce blocage. Et cela présente plusieurs opportunités. « Apprendre la langue anglaise, pousser le leadership, faire naître la confiance en soi. Ceux qui bénéficient du coaching des membres du club auraient la possibilité d’avoir un poste dans un organisme international ». [caption id="attachment_69752" align="alignleft" width="419"] Les membres du club Toastmasters prêts à coacher les jeunes malgaches.[/caption] Historique Le Toastmasters International fêtera dans quelques années son centenaire. Il a vu le jour en 1924, en Californie, et a été enregistré en 1932. Au tout début, c’était une association réservée aux hommes. Plus tard, en 1973, des femmes l’ont intégré. Cette association à but non lucratif a pour principale mission de nourrir la confiance en soi de ses membres. Elle se doit d’aider chacun à améliorer ses compétences en matière de communication et de leadership par la prise de parole en public. « La maîtrise du discours public, au sens large, que ce soit instantané, ou préparé, ainsi de suite », précise une source. Toastmasters International compte, actuellement, cent soixante quatre mille clubs dans cent quarante-et-un pays dans le monde. Coaching et formation La formation se fait par étapes. On apprendra petit à petit chacun à la « brise-glace », au « body language », au « discours humoristique », etc… À chaque discours, il y a des techniques enseignées. L’objectif est d’utiliser tous les moyens possibles pour captiver l’audience. « Il est surtout basé sur le coaching que sur la formation », précise Bertrand Raheriniaina, président du club. The first Toastmasters club à Madagascar est ouvert à tous. Ses membres se réunissent tous les samedis, de 9h30 à 11h30, dans les locaux d’American Center- Galerie Smart à Tanjombato. Pour devenir membre, on paie la somme de vingt dollars. Une cotisation de 45 dollars est également versée tous les six mois. Photos: Tojo Razafindratsimba    
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