Vaccination - L'insécurité met en péril l'immunité des enfants


Plusieurs enfants ne sont pas vaccinés à Madagascar, à cause de l'insécurité et de l'éloignement des centres de santé. Des actions seront menées pour améliorer la situation. Un taux de couverture vaccinale de 42% à Antsalova, dans la région de Melaky, et de 50% dans toute la région, au mois de juin. 55% des enfants vaccinés à Iakora, un district de la région d'Ihorombe, qui enregistre 67% de taux de couverture vaccinale, au même mois. Inconcevable mais c'est pourtant la réalité dans ces deux régions, qui détiennent les plus faibles couvertures vaccinales dans tout Madagascar. C'était à l'hôtel Ibis Ankoron­drano, hier, dans le cadre de la Revue nationale du Programme élargi de vaccination (PEV) et du lancement du projet STOP-ISDS ou Spécialiste des données sur la vaccination et la surveillance. L'insécurité et l'éloignement des enfants à vacciner par rapport aux formations sanitaires expliquent ce faible taux de couverture vaccinale. Certains villages se trouvent à plus de 100 kilomètres du centre de santé. « Là-bas, les enfants ne sont pas vaccinés. Il est impossible d'y aller. On ne peut pas voyager seul à moto car des malfaiteurs peuvent vous attaquer en chemin. Des agents de santé en sont victimes à plusieurs reprises », explique le Dr Rondro Rasoalimanana, directeur régional de la Santé publique à Melaky. Dans cette région, lors d'une campagne de vaccination en 2017, des « dahalo » se sont emparés de tout ce que les agents de santé avaient sur eux, même la glacière avec laquelle les vaccins ont été conservés. Ce responsable implore l'augmentation des professionnels de santé dans sa région. À Ihorombe, des villageois quittent leur localité pour fuir des actes de banditisme. Ils partent sans traces et privent leurs enfants de vaccin. Même dans les grandes villes, l'immunisation des enfants n'est pas satisfaisante. «La vaccination est un peu difficile dans les villes. Le taux de couverture y stagne », révèle le Dr Bodo Ramamonjisoa, directeur du PEV au sein du ministère de la Santé publique. Objectif Au niveau national, le taux de couverture vaccinale était entre 75% et 80%, au mois de juin, selon les données sorties lors de cette Revue, si la recommandation mondiale est de 90%. Mada­gascar s'engage à atteindre ce taux d'ici 2020. Plusieurs recommandations sont sorties de cette Revue, à savoir l'installation de réfrigérateurs solaires dans les zones sans électricité, le renforcement des vaccinations de routine, le signalement des ruptures de stock et ainsi de suite. Il est urgent d'assurer l'immunisation de tous les enfants. Autrement, Mada­gascar risque le retrait du label « Free polio » obtenu au mois de juin. «Nous avons gagné la bataille mais non la guerre. Retroussons nos manches et continuons à travailler », lance Charlotte Ndiaye, représentante résidente de l'Orga­nisation mondiale de la Santé (OMS) à Madagascar, qui demande à toutes les mamans de faire vacciner leurs enfants. Elle fait aussi appel aux assistants techniques pour que les résultats changent. Elle recommande également une vigilance accrue dans les zones silencieuses. Heureu­sement, le Fonds de l'Alliance GAVI est à nouveau disponible pour appuyer les activités de vaccination. En outre, on constate un écart entre les données administratives et les estimations des partenaires techniques et financiers (PTF) comme l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ou le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF). Des experts des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) vont intervenir à Madagascar pour améliorer la qualité des données liées à la vaccination et à la surveillance des maladies évitables par la vaccination. « Le jour où on aura les qualités de données, on pourra améliorer la performance », conclut Charlotte Ndiaye.  
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