Explosion à Mahamasina - Le gouvernement parle d'acte « prémédité »


L'Exécutif roule pour la thèse d'un acte prémédité à Mahamasina. Le gou­vernement qualifie, du reste, l'acte de « criminel » et non plus de « terroriste ». Prémédité. Telle est la piste retenue par le gouvernement sur l'explosion durant le spectacle marquant la célébration de la journée de fête nationale, à Mahamasina, dimanche. Un acte « criminel, organisé dans un objectif politique en vue de déstabiliser et de discréditer le régime », soutient l'équipe de Solo­nandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre. Suite à l'attentat de dimanche, un conseil du gouvernement extraordinaire s'est tenu, hier, au palais d'État de Mahazoarivo. Une réunion impromptue qui, à la lecture du communiqué rapportant les discussions, a servi à l'équipe gouvernementale de définir sa position sur le dossier. « La préméditation », est ainsi, retenue. La missive remise à la presse, hier, affirme, dès son entrée en matière, « Le gouvernement condamne fermement cet acte odieux et criminel à visée politique ». Le communiqué rapporte ainsi que, pour le gouvernement, il s'agit d'un acte « criminel », un mot qui atténue le qualificatif utilisé par Hery Rajaonarimampianina, président de la République. Lors de sa visite aux victimes du drame de Maha­masina, au Centre hospitalier universitaire Ravoahangy Andrianavalona (CHU-HJRA), dimanche, le Chef de l'Etat a, pourtant, défini les faits « d'acte terroriste ». Des observateurs estiment que cette atténuation pourrait être une manière d'éviter une certaine psychose, notamment, sur le fait que la folie du terrorisme gagne également la Grande île. Le qualificatif de criminel pourrait alors être une manière de rassurer l'opinion nationale et internationale. Enquête Reconnaître que Mada­gascar abrite des terroristes « actifs », viendrait s'ajouter aux mauvais signaux à l'endroit des investisseurs que l'atmosphère d'instabilité politique ambiante peine à rassurer. A la lecture du communiqué d'hier, il semble que le gouvernement souhaite affirmer sa détermination à suivre l'évolution de l'enquête et d'appréhender les responsables. Une autre option de rassurer l'opinion. Dans la presse et les réseaux sociaux, le fait que l'issue des investigations menées par les autorités suite à un autre attentat, tout aussi meurtrier que celui de dimanche, survenu le 25 janvier 2014, est toujours sans suite, jusqu'à présent. La missive gouvernementale retient, par ailleurs, la thèse d'un acte « à visée politique », dans l'optique d'ébranler le pouvoir. Une ligne déjà soutenue par le président de la République et le Premier ministre, lors de leur visite aux victimes au CHU-HJRA, dimanche. Devant la presse, dimanche toujours, Solonandrasana Olivier Mahafaly a même, clairement soulevé l'éventualité d'une implication des « adversaires » politiques du pouvoir, en écartant l'hypothèse d'un acte machiavélique de la part du régime. Dans une déclaration lu, hier, au CHU-HJRA, le gouvernement parle aussi de « com­manditaire » et affirme « Qu'ils soient auteur ou commanditaires, ceux qui sont impliqués dans ce drame seront identifiés, appréhendés et remis à la justice. Les peines les plus lourdes seront appliquées contre eux ». Dans une opinion publiée en commentaire sur facebook, un magistrat avance qu'il faudrait connaître l'issue de l'enquête avant d'imputer à quiconque les responsabilités des faits. Cette prise de position affirmée du gouvernement pourrait restreindre les pistes d'investigations, au risque de tronquer l'enquête. Garry Fabrice Ranaivoson
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