Législatives - L’abstention gagne la majorité absolue


Un taux d’abstention record se profile. Les élections législatives ont été boudées par une grande majorité des électeurs. Mal élus. Ceux qui composeront l’Assemblée nationale souffriront d’une absence criante de légitimité. La journée de vote pour les élections législatives, s’est soldée par un plébiscite en faveur de l’abstention. « Le premier constat que l’on peut faire est que le taux de participation des électeurs est relativement bas lors de ces élections législatives ». Une phrase dite par maître Hery Rakotomanana, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), à l’issue d’une tournée des bureaux de vote, durant la matinée d’hier. Un constat partagé par les obser­vateurs. Les prévisions selon lesquelles, la députation risquerait de connaître un fort taux d’abstention se sont confirmées. « Certes, on s’attendait à ce que les électeurs traînent les pieds, mais pas à ce point », se désolent certains. Au regard de la situation d’hier, le taux des abstentionnistes, pourrait signer un record. A la mi-journée, le réseau d’obser­vateurs électoraux SAFIDY, faisait état de 23% de taux de participation. La situation ne s’est, pourtant, pas améliorée jusqu’à la clôture du scrutin. Plusieurs bureaux de vote d’Antananarivo et de sa périphérie affichaient poussivement cent-cinquante votants sur un peu plus de six-cents électeurs inscrits. Il y en a plusieurs qui comptent moins d’une centaine de participants. D’autres chiffres publiés par l’observatoire SAFIDY, à midi, rapportent un taux de partici­pation oscillant entre 16% à 29%. La région qui a connu le plus d’engouement de votant est l’Androy avec ses 45%. Les zones qui comptent une affluence correcte dans les bureaux de vote sont celles qui comptent les plus faibles concentrations d’électeurs. Désaveu Pour espérer renverser la tendance, les chefs d’institution, les responsables de la CENI et personnalités politiques ont bien tenté de susciter l’enthousiasme de l’électorat, quelques heures après l’ouverture des bureaux de vote. Des appels au vote qui n’ont, vraisemblablement, pas suffi à booster un taux de participation résolument en berne. L’éventualité que le fort taux d’abstention ne soit pas les conséquences des failles organisationnelles ou techniques a été soulevé avec le numéro un de la CENI. « Il faudrait regarder sous un autre angle, puisque cela ne fait pas longtemps que nous avions voté pour la présidentielle, mais le taux de participation n’a pas été aussi bas », a-t-il, cependant, répliqué. Le scrutin s’est tenu un lundi. Il y a donc, eu un long week-end, suivi d’une semaine ponctuée par un autre jour férié, jeudi. Ce qui pouvait amener des personnes en mal d’évasion, de préférer quelques jours de vacances au vote. Comme le laisse entendre le président de la CENI, toutefois, cette énorme abstention pourrait couver un mal plus profond. Un désintérêt populaire vis-à-vis des élections, était palpable dès les premiers jours de campagne. Certains habitants d’Anta­na­narivo, ayant, pourtant, à disposition plusieurs sources d’information, ne connaissaient même pas les candidats de leur circonscription. D’autres ne savaient pas la date du scrutin. Les réactions des citoyens lambda durant la propagande et, hier, aux alentours de quelques bureaux de vote indiquaient qu’ils sont blasés par les pratiques et attitudes blâmables des députés sortants, mais aussi, de l’ensemble de la classe politique. Ce fort taux d’abstention pourrait, en effet, être lu comme un désaveu de la population vis-à-vis de l’ensemble de la classe politique. Poulains de partis et indépendants sont, pourtant, en lice dans la course. Il pourrait, également, s’agir d’une sanction contre les courants politiques menés par Andry Rajoelina et Marc Ravalo­manana. « Les noms » des deux finalistes de la présidentielle ont été les principaux arguments de cam­pagne de leur ouailles. Certains y voient, par ailleurs, un rejet de l’institution parlementaire dont le comportement de ses anciens membres, a fortement plombé l’image. Cette faible participation pourrait, du reste, être un premier rappel à l’ordre du pouvoir. Ses candidats n’ont pas l’adhésion populaire escomptée. Avec une majorité électorale remportée par l’abstention, il pourrait être amené à avancer à pas mesurés n’ayant pas la visibilité politique requise.  
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