VISITE D’UNE DÉLÉGATION ONUSIENNE - Marquage serré du processus électoral


Une mission électorale, mandatée par le secrétaire général des Nations Unies (ONU), est à Madagascar. Une délégation pour évaluer le contexte électoral et les préparatifs en cours pour l’élection présidentielle. Un marquage à la culotte. Une expression courante dans le foot pour dire à un défenseur qu’il ne doit pas lâcher d’une semelle un joueur clé de l’équipe adverse. Une expression qui permet d’imager les manœuvres de la communauté internationale vis-à-vis du processus électoral. Afin de renforcer les actions du corps diplomatique local, les Nations Unies (ONU), déploient des missionnaires issus de ses instances centrales, plus précisément de son département des affaires politiques et de la paix. À l’issue d’une rencontre avec Yvette Sylla, ministre des Affaires étrangères, hier, à Anosy, il a été précisé que cette “mission électorale”, est mandatée par Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, himself. La délégation qui sera à Madagascar durant une semaine, est composée de Graham Maitland, directeur de la division Afrique de l'Est et de Simon-Pierre Nanitelamio, directeur adjoint de la division assistance électorale de l’ONU. Ce dernier est bien connu des autorités et acteurs politiques malgaches. De 2012 à 2015, il a été le conseiller technique principal du Projet d’appui au cycle électoral à Madagascar (PACEM). Un projet soutenu par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Le PACEM, pour rappel, a été à la base de la mise en place du “basket fund”, pour la participation internationale au financement des processus électoraux de sortie de crise de 2013 à 2014. Cette fois-ci donc, c’est dans le cadre d’une mission d’évaluation du contexte pré-électoral que Simon-Pierre Nanitelamio est à nouveau dépêché dans la Grande île. Le terme de référence de cette mission onusienne indique en effet qu’elle a pour objet “d’évaluer la situation politique et les préparatifs en cours pour l’élection présidentielle”. Garde-fou À l’issue de leur rencontre avec la ministre des Affaires étrangères, hier, Graham Maitland a donné une version officielle et diplomatique du motif de la mission onusienne dans la Grande île. “Il s’agit de voir comment les Nations Unies peuvent accompagner au mieux le gouvernement et Madagascar afin que le processus électoral puisse se dérouler de la meilleure des manières possible”, est la traduction libre de ses propos par Issa Sanogo, coordonnateur résident de l’ONU, à Madagascar. Issa Sanogo ajoute, pour sa part, que cette mission est “un encouragement pour continuer dans cette voie démocratique dans laquelle Madagascar s’est engagé depuis quelques années”. Dans sa brève déclaration en anglais, Graham Maitland parle “de renforcement du processus démocratique, dans un climat de paix”. En réponse, la ministre Sylla a assuré de la volonté de l’État de tenir une présidentielle “dans les meilleures conditions”. Maintenir et renforcer les acquis démocratiques à l’issue des présidentielles de 2013 et 2018 sont ainsi les principaux objectifs de la communauté internationale. À cet effet, les délégations dépêchées par les sièges des instances internationales s’enchaînent. Avant cette mission onusienne, il y a eu la délégation conduite par le secrétaire exécutif de la Communauté de développement des États d’Afrique australe (SADC), qui était à Madagascar, la semaine dernière. Au niveau local, le corps diplomatique est également mobilisé. Au regard d’un communiqué publié samedi, soit au lendemain de la concertation multi-acteurs sur les élections, ils parlent désormais d’une seule voix s’agissant des élections, surtout la présidentielle. Cette missive conjointe est estompée des logos des Nations Unies au sommet, puis de l’Union européenne, de l’Union africaine, du PNUD et de l’Organisation internationale de francophonie (OIF). Dans ce communiqué ces entités internationales “se félicitent”, de la tenue de l’événement organisé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), vendredi. “Ce dialogue vise à créer les conditions les plus favorables à la conduite d’un processus électoral apaisé, à travers des discussions ouvertes sur les différents volets du processus et sur les préoccupations actuelles des acteurs (...) La poursuite du dialogue est importante et contribuera, sans nul doute, à établir un climat de confiance garant de la paix et de la cohésion sociale”, affirment-elles. Outre les actions conjointes et univoques, des diplomates renforcent le marquage serré au sujet de la présidentielle, par des visites aux responsables concernés. C’est le cas, notamment, de Claire A. Pierangelo, ambassadrice des États-Unis. Hier, la diplomate a rencontré Florent Rakotoarisoa, président de la Haute cour constitutionnelle (HCC). Le rôle crucial de la Cour d’Ambohidahy dans la crédibilité et la transparence des élections et l’importance de la confiance de la population ont été soulignés durant l’entretien. Ce branle-bas de combat de la communauté internationale pourrait indiquer une certaine inquiétude face à la conjoncture nationale. Il s’agit aussi d’un triste indicateur du manque de maturité démocratique et républicaine des acteurs politiques, au point qu’à chaque élection présidentielle, un pressing international soit nécessaire pour servir de garde-fou.  
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