Une heure pour la Terre 2018 – place à la jeunesse !


Samedi dernier, le 24 mars, Madagascar a rejoint quelque 180 autres pays dans la célébration de l’évènement international « Une heure pour la Terre », comme cela a été le cas depuis 2010. Au-delà du geste d’éteindre les lumières pendant une heure, ce qui à Madagascar suscite toujours un sourire moqueur – le délestage étant passé par là ! – c’est avant tout l’occasion de sensibiliser le public sur les effets du changement climatique et de mobiliser l’action individuelle ou collective pour y faire face. Cette édition 2018, avec le slogan « Mitsitsy mba haharitra », a eu pour objectif de sensibiliser les familles malgaches à l’utilisation quotidienne des foyers économes ou autres alternatives de cuisine écologique pour sauver nos forêts. Un fatana mitsitsy ou foyer économe permet de réduire la quantité de charbon de bois utilisé pour la cuisson de 40 à 60%. Pour un ménage de quatre personnes, et au prix actuel du charbon, cela ferait une économie de près de 90,000 ariary par an. Pour la forêt, c’est près de 10 arbres de sauvés par an. 98 malgaches sur 100 utilisent le charbon de bois ou le bois de chauffe (kitay) pour cuisiner… Mais ce qui a rendu la célébration d’Une heure pour la Terre vraiment spéciale cette année, c’est la participation des jeunes dans la conception, l’organisation et la tenue de l’évènement. Rien que pour Antananarivo, plus d’une dizaine d’associations de jeunes se sont regroupées au sein de la plateforme « Namako ny Tany » pour organiser et tenir la célébration d’Une heure pour la Terre dans la capitale. Près de 300 jeunes se sont engagés pour aider sur le terrain. Les jeunes de Toliara, de Morondava, et d’autres villes n’étaient pas en reste. Ils ont offert leur temps, leurs idées, leurs bras ; certains comme ces jeunes photographes, ont mis leur talent au service de la planète, tout cela sans rien demander en retour. Samedi dernier, les jeunes nous ont montré la voie. Ils ont conduit la marche pour la Terre avec leur énergie et leur enthousiasme débordants; ils ont pris le micro pour exprimer leur inquiétude pour leur village, leur ville, leur pays, leur planète, leur avenir. La pollution, les déchets, la nature qui se dégrade, l’indifférence, l’ignorance, voilà ce qu’ils ont dénoncé. Mais ces jeunes ont aussi partagé des solutions concrètes, que ce soit à travers l’utilisation des foyers économes, le recyclage, l’action par le volontariat, l’entrepreneuriat social, l’entraide, l’éducation et la sensibilisation de leurs pairs et des autres. La valeur n’attend pas le nombre d’années, dit-on, et cela a été bien confirmé ce samedi lors d’Une heure pour la Terre ! Selon le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), Madagascar a une population « extrêmement jeune ». Environ deux tiers de notre population a moins de 25 ans (64%) et près de la moitié a moins de 15 ans (47%) (FNUAP, 2017). Les jeunes ne sont donc pas seulement l’avenir du pays comme on aime souvent le dire ; ils sont bel et bien son présent. Réfléchir et agir sans eux aujourd’hui, équivaudrait à réfléchir à moitié et agir avec un seul bras et une seule jambe. Ce n’est pas seulement leur nombre qui fera la force des jeunes, mais surtout leur énergie, leur dynamisme, leur créativité et leur optimisme. Alors donnons à cette jeunesse les moyens de s’exprimer et d’agir, , ouvrons-leur les portes de nos institutions, invitons-les à nos tables de discussions, nos ateliers, écoutons-les non pas de la manière quelque peu condescendante – comme on le fait souvent chez nous entre les « raiamandreny » et les « ankizy », mais d’égal à égal, en reconnaissant avec humilité que nous, les moins jeunes, avons beaucoup à apprendre d’eux. J’espère et je leur demande qu’ils ne se taisent jamais, qu’ils n’aient jamais peur ni honte de leur jeunesse, ni de se mettre en avant, qu’ils remettent sans cesse en question l’ordre établi et le monde autour d’eux. C’est de ces jeunes-là que la planète a besoin, c’est de ces jeunes-là que Madagascar a besoin. par Nanie Ratsifandrihamanana
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