Hôpitaux publics - Christian Ntsay crève l’abcès


Un constat sans appel. Christian Ntsay, Premier ministre, n’y est pas allé de main morte pour dénoncer les défaillances du système de santé. Il a, notamment, évoqué la qualité des soins et l’attitude des acteurs de ce secteur, qui motivent de multiples complaintes et dénonciations de la part du public. « Attitude dédaigneuse, corruption, des services de mauvaise qualité », sont les mots du chef du gouvernement. Des propos durs et sans ambages qui font que « plusieurs choses ne marchent pas comme il se doit », soutient-il. Des déclarations, peu après une levée de bouclier faite par la Conférence des ordres de santé. Durant une réunion avec les responsables du ministère de la Santé, hier, Christian Ntsay a appuyé là où ça fait mal. Le but de la rencontre d’hier est d’améliorer la méthodologie de travail et la qualité des services mis à la disposition des contribuables. « Plusieurs Malgaches ne se rendent plus dans les centres de santé ou les hôpitaux à cause du dédain du personnel et la qualité déplorable des hôpitaux publics », fustige le Premier ministre. Des investigations, témoignages et interpellations publiés dans la presse ou sur les réseaux sociaux rapportent, en effet, que les maux qui gangrènent le système de santé ont des conséquences dramatiques chez le public. Dans le cadre du projet « Tsaboy ny Gasy », Trans­parency internationale – Initiative Madagascar (TI-M), a publié, en septembre dernier, un rapport accablant sur la corruption qui règne dans le système de santé. « Demande irrationnelle d’argent et de surplus », « sans argent, sans soin », « payer pour ce qui est gratuit, paiement illicite », sont parmi les constats rapportés.

Améliorations rapides

À la corruption s’ajoute l’attitude des médecins et du personnel de soin. Comme le souligne le chef du gouvernement, le dédain voire l’indifférence de certains sont affligeants, tragiques tant pour les patients que pour leurs proches. Face à la presse, mardi, le docteur Eric Andrianasolo, président de l’ordre national des médecins a répliqué aux assauts contre les acteurs du système de santé. Une déclaration au nom de la Conférence des ordres de santé, qui rassemble les ordres des professions exerçant dans ce domaine, signée par le docteur Andrianasolo, plaide, « tout le monde jouit des mêmes droits dans l’accès aux soins ». Il y est ajouté que les soins sont prodigués « sans discrimination ». Que les médecins et le personnel de soin « essaient constamment de faire de leur mieux avec les moyens à leur disposition ». La déclaration publiée mardi, défend particulièrement, la compétence des médecins. « Les multiples complaintes face aux dérives dans le système de santé dans tout le pays ne peuvent pas être fortuites, encore moins de simples inventions », réagit pourtant, un éditorialiste. L’état déplorable des infrastructures de santé et la mauvaise gestion du budget mis à disposition du département ministériel y afférent ont, également, été mis à l’index par Christian Ntsay, hier. « La santé fait partie des secteurs qui ont le plus de budget, pourtant, l’argent n’est pas utilisé à bon escient, voire pas utilisé du tout », tance le Premier ministre. Pour redresser la qualité du système de santé public, en particulier, le chef du gouvernement a réaffirmé l’intention de l’État de concrétiser plusieurs projets d’infrastructures. Des unités de cardio­logie, de néphrologie, d’hémodialyse et même un centre de transplantation rénale sont dans les plans. S’agissant des maux soulevés, hier, le communiqué de presse de la primature rapporte que « des améliorations rapides sont attendues après cette réunion, afin de changer le regard de la population sur le système de santé publique ». Il s’agit d’autant plus, de la principale mission confiée par le président de la République, au professeur Ahmad Ahmad, ministre de la Santé publique. Une mission à concrétiser dans les plus brefs délais.  
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