Des documents de seconde main pour Grandidier


Alfred Grandidier soutient que, outre la dynastie merina, celle des Maroseranana, est d'origine asiatique. « Dynastie qui règne chez les Mahafaly, les Sakalava, les Antiboina-Tsienimbalala, aux Zafy Manely, dynastie des chefs Bara, et aux Zafy Manara, dynastie des chefs Antandroy, ils descendent tous des chefs Antesaka qui sont probablement des descendants d'Indiens du Goudjerat ou du Malabar. » La revendication qui accorde une origine indienne aux Maroseranana est constamment soutenue par les Grandidier père et fils. Alfred Grandidier qui sillonne le Sud pendant plusieurs mois, écrit dans l'« Ethnographie »: « Certains princes Bara ressemblaient aux Malabar et aux Sinhalese; les Sakalava ressemblaient aux femmes Tamil. » Un révérend LMS remarque également « ces femmes à l'aspect Tamil » et est certain que tous les chefs Sakalava et les grandes familles de l'Ouest de Madagascar sont d'origine indienne. « Néanmoins, Alfred Grandidier est trop attaché à la notion que plusieurs types d'évidence étaient nécessaires pour soutenir sa théorie indienne » (Richard Kent). Dans le nom d'Andriandahi­fotsy, fondateur des Maroseranana, il voit une preuve linguistique d'origines non malgaches. Il est certain qu'Andriandahifotsy ne peut non plus être un Arabe « puisqu'il mangeait du porc », contrairement aux Zafiraminia de l'Anosy et des Antemoro de Matitanana. Alfred Grandidier puise cette information dans le récit de Du Bois sur Madagascar en 1674. « Il doit être souligné que, dans son texte, aucune mention véritable ne peut être relevée du fait qu'Andriandahifotsy (L'Hayfouchy, Lahefouty) mangeait du porc. » Dans un récit sur le voyage d'un certain Desbrosses, marchand de bétail de Fort-Dauphin en 1671, alors que ce dernier remarque qu'il y a beaucoup de cochons sur les terres de ce roi, Du Bois ajoute: « Ce l'Hayfouchy fait nourrir des porcs et en mange à l'encontre de la coutume des gens de ce pays. » Selon Richard Kent, cette dernière affirmation suggère que le roi et la population sont Zafiraminia et Antemoro. En outre, il est certainement « question de sangliers sauvages » puisque le cochon est encore inconnu dans l'île à cette époque. Richard Kent poursuit son étude critique des affirmations de Grandidier. Les éleveurs du Sud-ouest, contrairement aux peuplades essentiellement agricoles antanosy, peuvent tolérer les sangliers puisqu'il n'y a pas de plantations pouvant courir le risque d'être saccagées. De plus, les deux fils d'Andrian­dahifotsy qui règnent sur le Menabe et le Boina, au milieu du XVIIIe siècle, ne sont pas considérés comme de race blanche par les Européens de l'époque, qui visitent leurs capitales. Enfin, d'après les traditions et généalogies, Andriandahifotsy n'est pas le fondateur de la dynastie Maroseranana- c'est plutôt son fils Andriamandisoarivo qui s'installe dans le Boina-, mais du royaume sakalava du Menabe. Pourtant, Alfred Grandidier soutient que « la venue directe d'Indiens n'est pas une hypo­thèse, c'est un fait historiquement prouvé. Vers 1300, des navires envoyés de Cambay, ville située dans le Nord-ouest de l'Inde, à la côte Est d'Afrique et au cap de Bonne-Espérance par le chef musulman du Goudjerat, furent portés par une tempête sur la côte sud de Madagascar ». Il puise cette information des « Comentarios » d'Alfonso da Albuguerque, écrits en 1557 et reproduits dans plusieurs éditions. Mais, précise Richard Kent, le texte original portugais est différent. Il se rapporte aux Maures de l'îlot de Bete, constructeurs de bateaux et négociants qui conduisent leur flotte avec succès jusqu'à Malindi. Plus tard, ils essaient de naviguer vers le cap de Bonne-Espérance. Toutefois, des vents puissants les obligent à chercher refuge dans l'île de Sao Loureço (Madagascar), « mais il n'y est aucunement fait mention du Sud de Madagascar ou d'Indiens ». Ce même problème de sources secondaires se poserait aussi dans ce que Grandidier découvre dans la chronique de Joao de Barros, « Da Asia », écrite entre 1552 et 1563. Elle rapporte le voyage de Diego Lopes de Sasquiera qui contourne Madagascar en 1508. La traduction française de Grandidier dit que « les naturels appellent Turubaya (le Fort Dauphin) du nom du capitaine d'un navire de Goudjerat qui s'y est perdu jadis. Tous les habitants de cette région descendent des matelots de ce navire ». En fait, Diego Lopes arrive à « un grand village » appelé « Turouaya » que gouverne un roi Maure avec lequel vit un autre Portugais, Antoine.
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