Selven Naidu : « Résonances est ma lettre d’amour à la scène musicale malagasy »


Passionné de culture et d’audiovisuel, Selven Naidu dresse le portrait d’une musique malgache riche et éclectique avec une série de mini-documentaires intitulée « Résonances ». Il nous en dit un peu plus. Artisan de l'audiovisuel, mais aussi mélomane émérite : parlez-nous un plus de vous. J’ai toujours été passionné par l’audiovisuel dans sa globalité. Après quatre années d’études en cinéma et télévision à Londres et trois ans de spécialisation à Paris, je suis rentré à Maurice où j’ai dirigé ma propre société de production pendant seize ans. Ensuite, j’ai été le directeur de production de la télévision nationale de Maurice pendant trois ans et quatre ans comme DG de la « Mauritius Film Development Corporation ». Ce n’est que plus tard que j’ai rejoint Madagascar comme DG de la Radio-télévision Analamanga (RTA) durant sept ans. Depuis, je dirige ma propre société de production que j’ai nommé sobrement « Making Movies ». Expliquez-nous ce projet qu'est « Résonance » qui fait écho à votre amour pour la musique. Je garde un merveilleux souvenir de mon passage à la RTA. C’est grâce à elle que je suis tombé amoureux de Madagascar et de son peuple. La RTA étant une plateforme idéale pour la rencontre des artistes malgache, j’en ai profité pour m’instruire sur la culture musicale surtout. Je me suis immédiatement identifié aux différents genres de musique qui existent dans ce pays. À mon retour à Maurice, j’ai songé à faire une série de documentaires qui ferait honneur à la scène musicale malgache et c’est aussi une manière pour moi de retourner l’amitié que m’ont témoigné tous ces artistes. « Résonances » est ainsi ma lettre d’amour à la musique malagasy. Toujours en rapport avec ce projet, quelle est votre vision de la scène artistique et culturelle malgache comparée à celles de Maurice et des îles voisines ? La scène artistique et culturelle de Madagascar regorge de talents. Bien plus que celles de toutes les iles de l’océan Indien confondues. La diversité artistique et culturelle dans ce pays est réellement vivante et n’a rien à envier à aucun pays, quel que soit celui-ci, d’ailleurs. Mais malheureusement, je ne comprends pas pourquoi Madagascar n’a pas une place prépondérante sur le plan mondial, ne serait-ce que dans le domaine de la World Music, sans vouloir ghettoïser la musique malgache. Rajery est probablement le seul artiste malagasy qui a su trouver sa place sur la scène internationale. D’Gary est, à mon sens, un des plus grands guitaristes sur le plan mondial, sa période de gloire n’a malheureusement pas duré. Pour moi Madagascar mérite mieux sur la scène internationale. Comment s'est fait le choix des artistes dont vous valorisez les talents dans « Résonances » ? Ma liste initiale était beaucoup trop longue et la Francophonie et TV5 n’auraient pas forcément accepté que je fasse une collection aussi importante comme je l’aurais souhaité. Mon choix initial s’est porté sur Rajery, car au-delà de son talent, il est un ami de longue date. D’Gary pour son talent et son attachement au Tsapika, Samoëla pour son côté urbain, Jaojoby pour des raisons évidentes, c’est le maitre incontestable du Salegy, et Théo Rakotovao pour son combat en faveur de la protection du peuple Mikea. Mais malheureusement, à part Rajery, nos disponibilités respectives ne coïncidaient pas et le temps pressait. J’ai dû faire d’autres choix. Rolf, Frah Femcee, Naday et Rola Gamana étaient déjà sur ma liste initiale et cela s’est ainsi fait très vite. De plus, j’ai trouvé que ces cinq artistes sont représentatifs de la diversité de la scène malagasy. Quels sont vos perspectives par rapport à cette série ? Il y aura des diffusions sur la chaîne internationale TV5 et j‘ai d’ores et déjà un distributeur à l’international qui la prendra en main, mais il est trop tôt pour se prononcer. Il est évident que, par la suite, mon souhait le plus urgent sera de les diffuser auprès du public malagasy. Quelle est la durée de chaque diffusion? Initialement j’avais suffisamment d’éléments pour monter pour cinquante deux minutes, mais j’ai opté finalement pour vingt six minutes, car c’est plus facilement programmable sur les chaines de télévision. Avez-vous rencontré quelques difficultés dans la réalisation de ce projet? Absolument aucune, car ce sont des artistes qui sont intelligents et ils ont tout de suite compris la portée d’un tel projet. Ensuite, j’ai travaillé pour le tournage avec une équipe entièrement malagasy et la postproduction s’est faite à Maurice par une excellente équipe aussi d’ailleurs. La production exécutive de la série a été entièrement assurée par deux jeunes talentueuses qui sont Tahiana Rasoazananoro et Mireille Andramandroso. Je peux dire que c’est même grâce à leur travail que la série existe. Résonances serait-elle les prémices d'un projet encore plus grand ? Il y aura certainement une deuxième série de Résonances. Je rêve, depuis mon arrivée à Madagascar, d’écrire une anthologie sur la musique malgache. Évidemment, j’adorerais également réaliser un long métrage documentaire. Un mot sur vos futurs projets donc ? Je tournerai une série de documentaire pour une société de production belge sur des thématiques très intéressantes dans cinq pays d’Afrique et aux Etats Unis en début d’année. Par la suite, j’entamerai deux autres projets de long métrage documentaire en Afrique du Sud sur le soulèvement des enfants noirs de Soweto le 16 juin 1976, qui s’était terminé par un carnage et les quatre cent quatre-vingt-onze jours de la fameuse prisonnière numéro 1423/69, qu’était Winnie Mandela.
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