L’Ordre des avocats prêt à jouer les informateurs


Jouer un rôle actif dans la lutte contre la corruption au sein du système judiciaire. Une voie dans laquelle le nouveau bâtonnier de l’Ordre des avocats compte engager ses pairs. Partage d’information. C’est le moyen par lequel l’Ordre des avocats peut jouer un rôle plus actif dans la lutte contre la corruption au sein du système judiciaire, selon maître Alain Raondry, nouveau bâtonnier de cette entité, hier. Le nouveau bâtonnier de l’Ordre des avocats de Mada­gascar a prêté serment, hier, dans la salle numéro 4 du palais du tribunal d’Anosy. Face à la presse, en marge de cet événement, il a mis l’accent sur l’importance de la lutte contre la corruption au sein du système judiciaire. Un défi dans lequel les avocats peuvent jouer un rôle clé, notamment, par le biais «du partage d’information», selon ses dires. Maître Alain Raondry indique que l’Ordre des avocats est prêt à collaborer avec les entités de lutte contre la corruption, surtout, en ce qui concerne l’assainissement du système judiciaire. «Les avocats connaissent l'identité de ceux qui font de la corruption et comment se fait la corruption au sein de la Justice”, affirme le bâtonnier. «Nous savons cela, puisque ce sont les simples citoyens, nos clients qui nous en parlent. Ils nous disent qui ils ont approché, quelle somme ils ont payée, comment cela s’est fait», ajoute-t-il. Réformes structurelles Une des difficultés dans la lutte contre la corruption, surtout, dans la sanction des corrupteurs et corrompus est d’en avoir la preuve. Sauf flagrant délit de transaction, ou des traces accablantes dans des documents administratifs ou financiers, il est pratiquement impossible d’inculper une personne pour des faits de corruption. Sauf si l’individu est happé par des faits connexes tels que les délits financiers. Une situation que reconnaît le bâtonnier de l’Ordre des avocats. «Évidemment, il est possible qu’il n’y ait pas de preuve, mais lorsque des noms reviennent régulièrement, cela suscite des doutes», réplique maître Raondry. Dans sa réponse à la presse, le bâtonnier insiste sur le fait que «lorsque je dis ici régulièrement, c’est vraiment régulièrement». Outre la lutte contre la corruption, le nouveau bâtonnier veut, également, apporte r quel que s ré f o rme s structurelles au sein de l’Ordre des avocats. Il explique que la structure actuelle ne correspond plus à l’effectif des membres. «Actuellement, il y a plus de mille avocats dans tout le pays. Nous ne pouvons plus gérer efficacement les affaires concernant l’Ordre seulement au niveau central», indique-t-il. À l’entendre, il compte opérer une décentralisation de l’Ordre des avocats. Maître Raondry compte, également, encourager ses pairs à travailler dans d’autres juridictions. Selon lui, près de sept-cent avocats officient à Antananarivo. Aux­- quels s’ajoutent ceux qui travaillent dans les autres grandes villes. Une situation qui s’explique par le confort de vie, indique le bâtonnier, ou encore, parce qu’il y a plus d'opportunités d’avoir des affaires à plaider ou à représenter. Seulement, pouvoir être représenté ou défendu par un avocat fait partie du droit à la défense. Un droit dont devraient pouvoir jouir tous les justiciables, sur tout le territoire.
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