Le président de la République française a effectué un devoir de mémoire à Anosy en rendant hommage aux victimes de 1947.
Une première. François Hollande, président de la République française, l’a souligné lui-même, « c’est la première fois depuis l’accession de Madagascar à l’indépendance qu’un président de la République française et un chef du gouvernement malgache viennent s’incliner ensemble devant le monument aux morts sur le lac Anosy ».
Pour la première fois, un chef d’État français « hommage officiellement aux victimes de la répression de l’insurrection.
« À mon tour, ici même, je rends hommage à toutes les victimes des événements de 1947, aux milliers de morts et à tous les militants de l’indépendance de Madagascar qui ont été alors arrêtés et condamnés pour leurs idées », a déclaré François Hollande.
C’était durant le devoir de mémoire hier, aux côtés du Premier ministre, Solonandrasana Olivier Mahafaly, sur la stèle en mémoire des tirailleurs malgaches morts durant la Grande guerre d’indépendance de 1947.
Durant son allocution, à Anosy, le Président français a rappelé les propos de son prédécesseur Jacques Chirac, lors de sa visite, à Madagascar, en 2005 selon lequel « rien ni personne ne pouvait effacer le souvenir de ceux et celles qui perdirent injustement la vie dans ces circonstances ». Si l’ancien président Chirac avait parlé d’« injustice », François Hollande lui, parle de « répression brutale », comme circonstance.
Il semble, toutefois, que le temps n’est pas encore aux « excuses », officielles, ou du « mea culpa », de la France, sur les événements de 1947, dont la date marquante est le 29 mars. Une date que le locataire de l’Elysée n’a pas évoquée dans son discours. Cela pourrait s’expliquer par le fait que du côté malgache, certains parlent de « crime », en arguant des centaines de milliers de victimes. Les chiffres officiels publiés par la France font, pourtant, état de dizaines de milliers.
Nouveau souffle
Si l’heure n’est, visiblement, pas encore, aux excuses, quelques jours après la commémoration de la signature de l’armistice du 11 novembre 1918, le discours du chef d’État français, hier, laisse entendre que l’Hexagone, à l’instar d’autres pays comme l’Algérie, commence également à reconnaître sa part de responsabilité dans son histoire commune avec Madagascar. François Hollande parle, par exemple, d’« aspiration du peuple », comme motif des élans indépendantistes.
Rappelant le rôle des malgaches pour la France durant les deux Grandes guerres, le locataire de l’Elysée a déclaré : « C’est parce qu’il y a eu cet engagement des malgaches pour la France mais aussi pour la liberté que beaucoup après la 2nde guerre a commencé à songer à l’indépendance, à cette aspiration qui montait du peuple ».
Pour sa première visite à Madagascar, le Président français semble avoir à cœur de redonner un nouveau souffle aux relations franco-malgaches entamées par la crise certes, mais aussi, fortement concurrencées par d’autres grandes nations et chahutées par une frange politique nationaliste.
Une intention qu’il a clairement affichée lors du point de presse aux cotés de Hery Rajaonarimampianina, président de la République, au Centre de conférence internationale (CCI), Ivato, et réitérer dans son discours, à Anosy, soulevant le lien historique et les engagements communs des deux pays. Dans cet optique, visiblement, François Hollande a, voulu afficher un visage progressiste et aborder un des points de débat dans les relations historiques des deux pays.
Reprenant une ligne de la préface d’un poème de Jacques Rabemananjara, signé par François Moriac, le locataire d’Elysée a déclaré que « c’est la liberté et non la répression que les peuples apprennent de nous la France malgré nous. C’est dans la liberté et non la répression qu’ils nous resteront fidèles ». Dans ce sens, la position de François Hollande sur un autre sujet brulant dans les relations historiques des deux pays, les îles éparses, est attendue.
Garry Fabrice Ranaivoson
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