Une croissance négative


Les contours du projet de loi de finances 2021 restent à dessiner. Les consultations régionales entamées à Morondava n’ont pas été suivies par d’autres sondages d’opinion auprès des principaux concernés que sont lés opérateurs économiques et financiers ainsi que les responsables au niveau des collectivités décentralisées. Il s’agit d’une formalité d’usage pour signifier la matérialisation de la décentrali­sation toujours aussi fictive, sans être effective. Car dans la plupart des cas, le gouvernement a déjà des idées préconçues sur le contenu du Budget à venir. D’autant que le Fonds monétaire international, FMI, par le biais d’Abebe Selassie, le directeur du département Afrique, vient de se prononcer sur le taux de croissance économique en termes réels du Produit Intérieur Brut pour cette année du coronavirus. Il sera de -3,2% pour Madagascar. La prévision de 0,8% a été ainsi revue à la baisse. Le contraire aurait été étonnant dans la mesure où l’état d’urgence sanitaire accompagné par ses mesures restrictives a mis à mal les secteurs nourriciers du PIB. Le tourisme, l’exportation des produits textiles et les grandes mines ont été ruinés par la Covid-19. Cela étant, la marge de manœuvre du gouvernement pour l’exercice à venir serait assez réduite. Supposons une progression de 3,8% de l’économie globale pour 2021, ce serait déjà un exploit. Tout compte fait, ce serait un bond 7,6%, mais l’équivalent d’une avancée de 0%, en valeur absolue, à partir des -3,8% prédits par l’expert du FMI, parlant en parfaite connaissance des causes et des consé­quences. Le gouvernement de Christian Ntsay est alors invité à faire montre de circonspection et de prudence dans ses projections économiques et financières. D’autant que la plupart des pays avec lesquels Madagascar entretiennent ses relations commerciales, sont confrontés à la deuxième vague du coronavirus. Selon toute vraisemblance, le dernier trimestre de cette année et le premier semestre de 2021, seraient encore placés sous la coupe sombre du coronavirus. Ce qui peut anéantir l’espoir d’une relance à peine perceptible. Au final, la lutte contre la pauvreté, la finalité d’une croissance économique soutenue et durable, serait perdue d’avance. Beaucoup ont remarqué dans la capitale un nombre croissant des indigents qui harcèlent les automobilistes coincés dans les embouteillages, pour faire la manche. Un signe extérieur de… misère qui heurte parfois les esprits. La bataille contre le coronavirus débouche sur un autre front. Les considérations macro-économiques où les réalités des chiffres et des statistiques, relevant d’une science exacte, sont indiscutables.
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