Délestage - Le ministère des Finances accable la Jirama


Dans un communiqué du ministère des Finances, Pierre Jean Feno, directeur général du Trésor, pointe discrètement du doigt le mode de gouvernance au sein de la Jirama. Des factures non recouvrées. Du gasoil ache­té à un coût plus élevé que le prix du marché. Des pertes non techniques de production dues à des branchements illicites. Le ministère des Finances n’hésite plus à « révéler » les dysfonctionnements au sein de la société d’Etat à qui l’État a pourtant injecté jusqu’à 1 500 milliards d’ariary depuis 2012. Sous couvert de « solutions convenues par l’État avec la Jirama » publiées dans un communiqué, le ministère des Finances lance des piques à peine voilées à l’encontre du management de la compagnie. « Cette société d’État ne recouvre que 60% de sa facturation, soit 50 milliards d’ariary par mois sur une facturation de 80 milliards d’ariary », souligne le communiqué. Cité par ledit communiqué, le directeur général du Trésor, Pierre Jean Feno assène que « si le taux de recouvrement passait à 90%, la Jirama ferait une recette additionnelle de 25 milliards d’aria­ry par mois, soit 300 milliards en une année, un chiffre qui est équivalent aux interventions financières accordées annuellement par l’État ». Répliquant déjà aux accusations de non paiement des dettes de l’État envers la Jirama, Pierre Jean Feno signale que « en comparaison avec la dette du secteur public à son encontre, les interventions financières de l’État actionnaire couvriraient largement ce qui lui est dû ». Il rappelle alors que « les interventions financières de l’État pour la Jirama, depuis 2012, se chiffrent actuellement à plus de 1500 milliards d’ariary », alors que ce que l’État doit à la compagnie d’électricité est « estimé par la Jirama à plus de 500 milliards d’ariary ». Branchements illicites Mais l’incapacité de la Jirama à avoir un bon taux de recouvrement n’est pas le seul reproche que lui adresse le ministère des Finances. Le département de Gervais Rakotoarimanana pointe aussi du doigt les contrats d’achat de carburants établis par la Jirama avec ses fournisseurs. « Le prix d’achat de carburant est plus élevé que les prix à la pompe des stations services alors que la société d’État achète en grande quantité et via appels d’offres », martèle Pierre Jean Feno. Le DGT ne manque d’ailleurs pas de préciser que c’est « la Jirama (qui) a lancé un appel d’offre et (qui) a signé des contrats avec ses fournisseurs, indiquant que le prix du gasoil est indexé au cours du pétrole sur le marché international et de la fluctuation du cours de change de l’aria­ry par rapport au dollar ». « Cette fluctuation engendre des charges supplémentaires évaluées à 120 milliards d’ariary au titre de l’exercice de 2016 », poursuit-il. Les pertes, techniques ou non, d’énergie sont également soulevées par le ministère qui met à l’index un manque à gagner non négligeable. Le communiqué du ministère parle notamment « de pertes non techniques de l’ordre de 20% et principalement liées aux branchements illicites ». Incapable de mener jusqu’au bout les opérations d’assainissement la Jirama semble se résoudre à perdre de l’argent. Critiqué de toutes parts de laisser la Jirama livrée à elle-même, le ministère des Finances rappelle que « l’État a octroyé à la Jirama une allocation supplémentaire de 40 milliards d’ariary, pour réduire immédiatement le délestage, en attendant les résultats des autres efforts entrepris par la société d’État, au niveau de la réduction des coûts et de l’amé­lioration des recettes ». Ces 40 milliards d’ariary ne seront pas supportés par le budget 2016, mais « le ministère des Finances et du budget va constituer une instance de paiement supplémentaire pour faire supporter cette dépense sur l’exercice 2017 », indique le communiqué. Selon ledit communiqué, la Jirama se serait alors « engagée à améliorer son taux de recouvrement ». Le ministère des Finances, pour sa part, a mis l’accent sur la nécessité d’apporter « des améliorations sur les contrats d’achat de carburant établis par la Jirama ». Certains contrats de location de groupes électrogènes sont également léonins en défaveur de la Jirama, mais le ministère, dans son communiqué, évite d’en parler. Lova Rabary-Rakotondravony
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