Le Groupe de travail sur les droits humains fête ses 20 ans à sensibiliser et à interpeller les décideurs politiques. Des recommandations peu suivies. Mea Culpa « Non », réplique Raoera Chandoutis, fondatrice du Groupe de travail sur les droits humains (GTDH), lorsque la question lui a été posée. Cette entité regroupant des organisations de la société civile (OSC), se concentrant sur la défense et la promotion des droits de l'homme a célébré, hier, à l'American center, Tanjombato, ses 20 ans d'existence. Dans une rétrospective de son parcours, le GTDH reconnaît, toutefois, qu'il y a des « actes manqués ». « (…) en 20 années d'existence, le groupe n'a jamais produit, en son nom propre, un rapport sur l'état et l'évolution des droits humains à Madagascar (…) », « une incapacité à réagir de manière simultanée à des situations ou faits flagrants de non respect des droits humains », ainsi que, « les comités de suivi des recommandations et résolutions des colloques qui ont été mis en place n'ont pratiquement jamais fonctionné », sont soulignés. Raoera Chandoutis refuse, cependant, de qualifier ces points, d'échecs. « Nous n'avons jamais tari d'efforts en matière de sensibilisation. (…) Nous avançons doucement mais, sûrement. (…) nous travaillons et avons des résultats concrets, seulement, nous ne faisons pas de tapage autour. (…) Le fait qu'actuellement, plusieurs entités civiles œuvrent dans la défense et la promotion des droits de l'homme, indique que nos efforts paient », défend la fondatrice du GTDH. En l'absence de données, les résultats des efforts du GTDH sont éclipsés par les multiples atteintes aux droits de l'homme qui sévissent presque quotidiennement. Vindictes populaires, exécutions sommaires, sévices et voies de fait de la part d'autorités policières et militaires, sont autant d'exemples qui défrayent les chroniques. Légitimité À entendre les explications d'hier, « sensibilisation et interpellation » sont les seules armes des OSC dans leurs actions. « Pour que chaque citoyen ait connaissance et conscience de ses droits, nous avons, aussi, besoin des médias », indique Raoera Chandoutis. Le dynamisme de la presse risque, toutefois, d'être torpillé par ce qui s'annonce comme un recul de la liberté d'expression et d'information, ainsi que le droit d'informer. Depuis quelques années, la société civile « s'est constituée en une sorte de “garde fou” face aux risques de dérives dans l'exercice du pouvoir des dirigeants et de l'administration publique », soutient l'historique distribué, hier. Le document parle, entre autres, du rôle des OSC dans la lutte contre la corruption, le droit à des élections démocratiques, ou encore, la bonne gouvernance. Dans ces domaines, les multiples recommandations des OSC semblent, pourtant, n'être que des prêches dans le désert. L'importance de la synergie formée par les autorités publiques, la société civile et les partenaires techniques et financiers (PTF), ont été martelés. À l'heure, actuelle, il semble que seuls les OSC et PTF sont au diapason. Le GTDH se félicite, par exemple, de ses actions de sensibilisation sur la situation carcérale durant un colloque, en décembre 2000. La détention préventive quasi-systématique, de longue durée et au mépris de la présomption d'innocence, les conditions de détention inhumaines, la corruption du système judiciaire et pénal, ou encore, les conditions de travail et de vie pénibles des agents pénitentiaires y ont été dénoncés. Durant les seize années qui ont suivi ce colloque, la situation dans les prisons malgaches n'a, visiblement, pas changé. À titre d'exemple dans l'aile réservée aux femmes, à Antanimora, une centaine de détenues sur 250, sont des « prévenues ». Pour les 20 ans à venir, peser et se faire entendre des décideurs étatiques pourrait être l'un des principaux challenges des OSC. À l'endroit du GTDH, hier, Omer Kalameu, conseiller au haut commissariat des Nations-Unies chargé des droits de l'homme, souligne « la solidarité et la légitimité ». Crevant l'abcès sur les clivages, notamment, politiques entre les OSC, il affirme qu'elles « doivent gagner leur légitimité en étant des forces de changement, de réflexion et de transformation ». Garry Fabrice Ranaivoson
Le Groupe de travail sur les droits humains fête ses 20 ans à sensibiliser et à interpeller les décideurs politiques. Des recommandations peu suivies. Mea Culpa « Non », réplique Raoera Chandoutis, fondatrice du Groupe de travail sur les droits humains (GTDH), lorsque la question lui a été posée. Cette entité regroupant des organisations de la société civile (OSC), se concentrant sur la défense et la promotion des droits de l'homme a célébré, hier, à l'American center, Tanjombato, ses 20 ans d'existence. Dans une rétrospective de son parcours, le GTDH reconnaît, toutefois, qu'il y a des « actes manqués ». « (…) en 20 années d'existence, le groupe n'a jamais produit, en son nom propre, un rapport sur l'état et l'évolution des droits humains à Madagascar (…) », « une incapacité à réagir de manière simultanée à des situations ou faits flagrants de non respect des droits humains », ainsi que, « les comités de suivi des recommandations et résolutions des colloques qui ont été mis en place n'ont pratiquement jamais fonctionné », sont soulignés. Raoera Chandoutis refuse, cependant, de qualifier ces points, d'échecs. « Nous n'avons jamais tari d'efforts en matière de sensibilisation. (…) Nous avançons doucement mais, sûrement. (…) nous travaillons et avons des résultats concrets, seulement, nous ne faisons pas de tapage autour. (…) Le fait qu'actuellement, plusieurs entités civiles œuvrent dans la défense et la promotion des droits de l'homme, indique que nos efforts paient », défend la fondatrice du GTDH. En l'absence de données, les résultats des efforts du GTDH sont éclipsés par les multiples atteintes aux droits de l'homme qui sévissent presque quotidiennement. Vindictes populaires, exécutions sommaires, sévices et voies de fait de la part d'autorités policières et militaires, sont autant d'exemples qui défrayent les chroniques. Légitimité À entendre les explications d'hier, « sensibilisation et interpellation » sont les seules armes des OSC dans leurs actions. « Pour que chaque citoyen ait connaissance et conscience de ses droits, nous avons, aussi, besoin des médias », indique Raoera Chandoutis. Le dynamisme de la presse risque, toutefois, d'être torpillé par ce qui s'annonce comme un recul de la liberté d'expression et d'information, ainsi que le droit d'informer. Depuis quelques années, la société civile « s'est constituée en une sorte de “garde fou” face aux risques de dérives dans l'exercice du pouvoir des dirigeants et de l'administration publique », soutient l'historique distribué, hier. Le document parle, entre autres, du rôle des OSC dans la lutte contre la corruption, le droit à des élections démocratiques, ou encore, la bonne gouvernance. Dans ces domaines, les multiples recommandations des OSC semblent, pourtant, n'être que des prêches dans le désert. L'importance de la synergie formée par les autorités publiques, la société civile et les partenaires techniques et financiers (PTF), ont été martelés. À l'heure, actuelle, il semble que seuls les OSC et PTF sont au diapason. Le GTDH se félicite, par exemple, de ses actions de sensibilisation sur la situation carcérale durant un colloque, en décembre 2000. La détention préventive quasi-systématique, de longue durée et au mépris de la présomption d'innocence, les conditions de détention inhumaines, la corruption du système judiciaire et pénal, ou encore, les conditions de travail et de vie pénibles des agents pénitentiaires y ont été dénoncés. Durant les seize années qui ont suivi ce colloque, la situation dans les prisons malgaches n'a, visiblement, pas changé. À titre d'exemple dans l'aile réservée aux femmes, à Antanimora, une centaine de détenues sur 250, sont des « prévenues ». Pour les 20 ans à venir, peser et se faire entendre des décideurs étatiques pourrait être l'un des principaux challenges des OSC. À l'endroit du GTDH, hier, Omer Kalameu, conseiller au haut commissariat des Nations-Unies chargé des droits de l'homme, souligne « la solidarité et la légitimité ». Crevant l'abcès sur les clivages, notamment, politiques entre les OSC, il affirme qu'elles « doivent gagner leur légitimité en étant des forces de changement, de réflexion et de transformation ». Garry Fabrice Ranaivoson