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Antananarivo, phare sous le boisseau

La démarche d’ordre sera toujours infiniment plus salutaire que la posture de laisser-aller. Je préfère l’essai d’organisation que la Ville d’Antananarivo met en oeuvre avec la société «Easy Park» au stationnement sauvage que cette Chronique dénonce depuis vingt ans, pour ne parler que de la réalité rue Jean Andriamady, entre Ampandrana et l’École Rafiringa. Je salue la présence d’horodateurs si cette pratique fait disparaître la réservation de place avec des pavés arrachés à la chaussée, jusque devant le palais présidentiel d’Ambohitsorohitra, et dans le quartier d’Antaninarenina. J’applaudis le parking payant si c’est pour enlever toutes ces épaves qui encombraient
abusivement la voie publique depuis des années. J’encourage à instaurer un péage commercial majoré, de type pas-de-porte à fort coefficient, si ça peut contribuer à libérer l’avenue de l’indépendance squattée à
longueur de journée par les vendeurs de voitures, les réparateurs de téléphones ou le business informel de métal précieux.
Par contre, le service demeure imparfait. Et la Ville d’Antananarivo doit veiller à imposer à son prestataire certaines mesures de confort qui finiront par convaincre les plus récalcitrants : marquer très ostensiblement les zones de parking payant ; communiquer abondamment sur ce système qui demeure nouveau aux usagers malgaches ; multiplier le nombre des horodateurs pour ne pas obliger les automobilistes à un kilomètre de marche ; améliorer le système de paiement, soit en généralisant le système des cartes prépayées, soit en munissant les agents de petites coupures pour faire l’appoint ; et ne pas oublier de recruter des agents avec un minimum d’éducation ou de donner aux nouvelles recrues le minimum vital d’un comportement policé.
Pour toutes les activités invitées à déménager, il faudrait préparer la voie de sortie. Par exemple, renvoyer toutes les ventes de voitures d’occasion sur «Vidy Varotra» ou aux nombreuses pages qui y sont dédiées sur Facebook. Toute démarche, qui sort de l’approche «de particulier à particulier», devient une activité commerciale et n’a pas
à confisquer la voie publique à des fins privatives.
À charge également pour la Ville de concrétiser la taxe de parking, ou un péage de circulation, en investissements qui améliorent rapidement et concrètement, le quotidien des usagers.
Les marchands de rue encombrent la rue, et encombrent antananarivo. Suite à la dernière crise politique de 2009, qui a dégénéré en catastrophe socio-économique avec la perte d’une centaine de milliers d’emplois dans le textile, de nombreuses personnes, à la rue, se sont reconverties dans le commerce plus ou moins informel.
Que l’activité informelle puisse avoir quelque vertu et avoir, par exemple, permis d’amortir la brutalité de la fermeture d’entreprises franches ou la désertion de nombreux investisseurs étrangers, ne doit pas empêcher de lui interdire la voie publique (chaussée et trottoir) parce que, simplement, ce n’est pas sa place. Ce qui se passe tous les jours entre Soarano et Behoririka est une aberration sans nom au coeur de la Capitale qui porte la honte de cette anarchie comme une verrue en plein front.
avoir le courage de dire qu’antananarivo n’a pas vocation à accueillir toute la misère de Madagascar passera certainement pour un acte, au mieux de tyrannie, au pire de racisme ethnique. Si les autres régions, à commencer d’ailleurs par les communes du «Grand Tana», peuvent se plaindre de la trop grande concentration de tout
(hôpitaux, écoles, services publics, banques, commerces, etc.) dans les arrondissements au pied de Manjakamiadana (par exemple, les trois hôpitaux publics de référence, HJRa, Befelatanana et HOMI ; les quatre lycées publics principaux, «Galliéni», «Jules Ferry», «Rabearivelo», «Ampefiloha» ; l’unique Université à vocation régionale
et internationale du pays ; les mammouths des administrations les plus courues, Justice, Domaines, Fisc) antananarivo intra muros se meurt également de cette saturation.
antananarivo est victime de son succès. Mais, si les papillons viennent se brûler à la lumière, cette fois, c’est le phare lui-même qui est mis sous le boisseau d’un essaim compact. Seule pourra sauver antananarivo d’une ruine certaine la reprise de la décentralisation, là où on l’avait oubliée : depuis 1960, sous la République unitaire ; depuis 1896, sous l’administration de Galliéni et de ses successeurs ; depuis 1864, sous le mandat du Premier Ministre Rainilaiarivony ; voire depuis 1610, et l’impulsion décisive de l’encerclement centripète de l’analamanga antehiroka par les collines andriana-Zafiraminia : al-Sora, ambohitra-Habib, voire ambohimalaza d’andriantompokoindrindra qui, dit-on, portait le turban…

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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