Lutte contre le blanchiment de capitaux - Le SAMIFIN patine sur le volet opérationnel


Les dispositifs techniques de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme sont prêts. Des aménagements règlementaires sont, toutefois, nécessaires pour leurs applications. Des résultats. À l’instar des autres entités au sein du Système anti-corruption (SAC), et de la lutte contre les délits financiers, ce sont les résultats que l’opinion publique attend du Service de renseignement financier (SAMFIN). Cet organe s’embourbe, toutefois, encore, dans une confusion légale qui ralentit la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. « Dans le combat contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, il faut tenir compte d’une dualité. Il faut respecter les normes techniques, mais aussi, les appliquer. C’est seulement, lorsque ces deux paramètres sont réunis qu’une lutte est considérée comme efficace dans un pays », explique Boto Tsaradia Lamina, directeur général du SAMIFIN. Le Service de renseignements financiers a célébré son 11e anniversaire, hier, au village Voara, Ando­hatapenaka, et présenté, par la même occasion, son bilan d’exercice de l’année 2018. Questionné sur les failles dans la guerre contre les délits financiers, menée par le SAMIFIN, onze ans après sa création, son chef de file a souligné les imprécisions légales. Mise à jour Dans son discours d’ouverture de l’événement d’hier, et durant sa présentation du rapport annuel, le directeur Lamina a, notamment, soulevé la nécessité d’adopter des décrets d’application à la loi sur le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Cette loi, adoptée en 2018 et à laquelle s’ajoute l’ordonnance portant recouvrement des avoirs illicites ,vient compléter l’arsenal juridique pour renforcer la lutte contre la corruption et les délits financiers. Seulement, des textes d’application sont nécessaires, notamment, pour mettre à jour la structure et la latitude d’action du SAMIFIN, face aux innovations apportées par ces dispositifs légaux. Comme l’explique le directeur général, la loi sur la lutte contre le blanchiment de capitaux prévoit déjà une saisine d’initiative du Service. « La structure du Service, jusqu’à maintenant, ne s’y est pas encore adaptée faute de texte le permettant », ajoute-t-il. Aussi, dans la pratique, le Service de renseignements financiers est resté à l’ancien régime. Cela consiste à attendre des déclarations de transaction suspecte de la part des institutions financières et des banques, ensuite faire des recherches et des analyses financières, puis des études juridiques et transférer le dossier auprès des entités de poursuites ou de sanctions. « Pour lutter efficacement contre le blanchiment d’argent et, surtout, pour réellement combattre le financement du terrorisme, il faut descendre sur terrain pour débusquer les délinquants. À Madagascar, il y a , en plus une particularité, c’est que le secteur informel est très large », déclare le numéro un du SAMIFIN. Il indique, du reste, qu’il faudra, aussi, que les différents acteurs du système de lutte soient au même niveau de connaissance sur les actes à caractère de délits financiers, notamment, le système judiciaire. « Ces failles ne sont pas insurmontables. La loi est là, d’autant plus que nous ne pouvons plus reculer. Il faudra renforcer la formation, les échanges entre les acteurs nationaux et les acteurs internationaux », soutient le directeur Lamina. Prochainement, le SAMIFIN prévoit de confectionner une stratégie nationale de lutte contre le blanchiment de capitaux.  
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